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19 octobre 2006

livre Chirac

Brève revue des livres récemment publiés sur Jacques Chirac :

 

La tragédie du Président, de Franz-Olivier Giesbert (Flammarion)

Dans ce récit truffé d’anecdotes des années Chirac, le citoyen-lecteur se laisse avec bonheur entraîner dans les coulisses du pouvoir.

 

 

Le gâchis, de Robert Schneider (Bourin Éditeur)

La thèse de Robert Schneider est sévère : Jacques Chirac "n’avait pas la stature" d’être un homme d’État. Un Chirac dépeint comme clientéliste et dénué de conviction de fond, qui a "empêché la droite française de se convertir franchement au libéralisme".

 

 

Accusé Chirac, levez-vous !, de Denis Jeambar (Seuil)

Tout y passe dans ce réquisitoire politique, Denis Jeambar reprochant à Jacques Chirac de ne pas avoir libéralisé une France "prisonnière d’un État providence né de la Seconde Guerre mondiale" ou encore de s’être opposé aux États-Unis sur l’Irak : "Lorsqu’on appartient au même camp, il est des rendez-vous entre alliés qu’on ne manque pas. Chirac a raté celui de Bagdad."

 

 

Jacques Le Petit, de Laurent Mauduit (Stock)

Cet essai est plus une critique des institutions gaullistes que de Jacques Chirac. "Au-delà de l’homme, c’est d’abord et surtout le système qu’il incarne qui est, ici, en cause", reconnaît ainsi Laurent Mauduit en regrettant que "le virus du bonapartisme" ait "contaminé largement la gauche française".

 

 

L’irresponsable, d’Hervé Gattegno (Stock)

Pour Hervé Gattegno, il existe une "exception chiraquienne". Celle d’un président de la République qui "plus qu’aucun de ses devanciers (…) a usé des moyens de la présidence de la République pour préserver son pouvoir et sa personne".

 

 

Chirac et les 40 menteurs..., de Jean Montaldo (Albin Michel)

Avec son style polémique, Jean Montaldo nous fait part de sa déception : il avait vu en Jacques Chirac "le possible sauveur" après les années Mitterrand. Or, "aujourd’hui, rien n’a changé et – pire encore ! – tout s’est aggravé".

 

12 octobre 2006

Sarkozy, les chiraquiens et la présidentielle

Gros titres la semaine dernière sur l'unité au sein de l'UMP. Gros titres cette semaine sur la division au sein de l'UMP.

Mais que s'est-il passé d'une semaine à l'autre ? Rien !

Reflet d'un certain journalisme politique avec des oeillères, qui se focalise uniquement sur les petites phrases d'un jour.

 

Car, il est bien évident que, cette semaine tout autant que la semaine dernière :

- d'une part les chiraquiens n'ont aucune envie de soutenir Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle et se tiennent donc prêts à soutenir un(e) autre candidat(e) issu du "clan"

- d'autre part Nicolas Sarkozy est, pour l'heure, le candidat incontournable de la majorité à l'élection présidentielle

 

Dans l'hypothèse où les chiraquiens ne sont pas en mesure de présenter leur propre candidat, reste à savoir si certains d'entre eux - par rancune ou rancoeur ("tout sauf Sarko") ou encore par calcul politique (récupérer le parti en cas d'échec de Sarkozy à la présidentielle, le faire perdre en 2007 pour mieux préparer sa propre candidature en 2012) - ne feront pas le jeu de l'opposition.

Comme Jacques Chirac en 1981. Ou François Mitterrand en 1995.

Une crainte en tout cas présente chez Nicolas Sarkozy, si j'en crois les confidences récentes de l'un des ses proches collaborateurs ("Chirac, Villepin, Alliot-Marie et même Dupont-Aignan ont déjà tout fait et feront tout pour le faire chuter") et d'un  ténor sarkozyste de l'UMP ("Jacques Chirac a tué Chaban en 1974, Giscard en 1981, Barre en 1988, Balladur en 1995 : j'attends la cinquième trahison"*).

 

* phrase inexacte, puisque la seule véritable trahison de Chirac, au sein de sa famille politique, est celle de Chaban-Delmas

12 septembre 2006

sarkozystes de gauche

Le club La Diagonale, qui se définit comme "sarkozyste de gauche ou progressiste" (sic), organise ce soir un débat. L'objectif est de se donner une image "de gauche" en réunissant, autour de la même table, un proche de Nicolas Sarkozy (Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales) et un élu PS.

Mais de qui s'agit-il ? De Jean-Marie Bockel, représentant de la gauche libérale strauss-kahnienne.

Bref, il s'agit d'un "débat" entre ...deux libéraux ! Ce qui en réduit fortement la tonalité "de gauche".

 

Encore une fois, répétons que les étiquettes partisanes ne sont pas représentatives des vrais enjeux politiques. Et que la gauche libérale est plus proche de la droite libérale que de la gauche anti-libérale (la droite anti-libérale, c'est-à-dire gaulliste, étant, elle, en voie de disparition).

Schématiquement, les partis de gouvernement se divisent en quatre groupes idéologiques :

  • une gauche anti-libérale : Laurent Fabius "version 2005" (PS), Jean-Luc Mélenchon (PS), le souverainiste Jean-Pierre Chevènement (MRC)
  • un "hypercentre" social-libéral ou libéral-social : François Bayrou (UDF), Jean-Louis Borloo (UMP-Parti radical), Dominique Strauss-Kahn (PS), Ségolène Royal (PS)
  • une droite libérale "décomplexée" : Nicolas Sarkozy (UMP), le souverainiste Philippe de Villiers (MPF)
  • un gaullisme résiduel : Nicolas Dupont-Aignan (UMP-Debout la République)

 

On me reprochera peut-être de tout focaliser sur les questions économiques et sociales. On m'objectera sans doute que La Diagonale est "de gauche" sur les questions de société (mariage homosexuel, droit de vote des étrangers), ce qui en fait un club "lili" (libéral-libertaire). Certes. Mais je rappelle que l'urgence des Français demeure, à juste titre, l'emploi.

 

15 mai 2006

François Bayrou censure Dominique de Villepin

François Bayrou pousse l'UDF en dehors de la majorité

 

En annonçant, dimanche soir sur TF1, qu’il votera mardi la motion de censure déposée par la gauche contre le gouvernement de Dominique de Villepin, François Bayrou a franchi la ligne blanche qui sépare la majorité de l’opposition et met les députés de son parti au pied du mur. La question de l’appartenance de l’UDF à la majorité ou à l’opposition est lancinante depuis le début de la législature. D’année en année, François Bayrou est progressivement parvenu à décrocher l’UDF de la majorité, au risque de ne pas être suivi par tous les élus qui lui sont restés fidèles en 2002.

D’une manière générale, on considère qu’à l’Assemblée nationale trois scrutins permettent de déterminer le positionnement politique d’un groupe parlementaire : le vote de la confiance, celui du budget et celui d’une motion de censure. Dès 2003, les députés UDF se sont abstenus sur le projet de loi de finances pour 2004. L’année suivante, comme en 2002, ils ont toutefois décidé de voter le budget. Il faudra finalement attendre novembre 2005 pour que François Bayrou franchisse le Rubicon et vote contre le projet de loi de finances pour 2006. Un autre pas, symboliquement et politiquement plus décisif, a été sauté l’année dernière : alors qu’en juillet 2002 l’UDF avait voté pour la déclaration de politique générale du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, François Bayrou a voté en juin 2005 contre celle du gouvernement de Dominique de Villepin.

En censurant le gouvernement, François Bayrou franchit maintenant un nouveau cap et a largué les dernières amarres qui le rattachaient encore à la majorité. Le vote d’une motion de censure met, en outre, les élus UDF au pied du mur. Sur le vote du budget comme sur celui d’une déclaration de politique générale, les députés ont le choix entre voter pour, voter contre, s’abstenir ou ne pas participer au vote. Or, dans le cas d’une motion de censure, seuls sont comptés les votes pour.

Reste à savoir combien de députés UDF voudront censurer un gouvernement de droite. D’autant plus que, sur vingt-sept membres, seuls quinze ont voté comme François Bayrou à l’occasion des précédents votes décisifs (1). Les douze autres soit ont voté à l’opposé du président de leur parti, soit se sont réfugiés dans l’abstention ou la non-participation au vote. Or un député proche de François Bayrou, François Sauvadet, porte-parole de l’UDF, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne votera pas la motion de censure déposée par la gauche. Bref, l’ancien candidat à l’élection présidentielle prend le risque de constater que sa ligne est minoritaire au sein de son propre groupe parlementaire.

Sans compter que, jusqu’à présent, l’UDF s’était toujours refusée à voter une motion de censure avec la gauche. Elle avait notamment hésité en février 2003, après l’utilisation par Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour réformer les modes de scrutin, mais François Bayrou avait finalement renoncé, expliquant : « Une motion de censure, cela veut dire que l’on renverse le gouvernement et, pour moi, il est inimaginable de voter le renversement du gouvernement parce que je suis loyal à mes engagements. » Mais ce qui valait pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin ne vaut plus pour celui de Dominique de Villepin, et l’affaire Clearstream l’a définitivement convaincu de faire le grand saut.

La décision de François Bayrou est inséparable de sa stratégie pour l’élection présidentielle de 2007, pour laquelle sa candidature ne fait aucun doute après une première tentative en 2002 (7%). Dans cette perspective, il s’agit pour lui de rendre crédible son positionnement au centre, à équidistance de la gauche et de la droite. Même si faire émerger une « troisième voie », ni de droite ni de gauche, est une gageure dans un paysage politique français fortement bipolarisé. D’autres, avant lui, ont fait le même pari et l’ont perdu, de Michel Jobert à Jean-Pierre Chevènement. L’élection du président de la République au suffrage universel direct ouvre toutefois cette possibilité : par deux fois, en 1969 et en 2002, le second tour n’a pas opposé la droite et la gauche. Mais la difficulté consiste au sein de son parti à gérer entre deux élections présidentielles des parlementaires élus dans leur circonscription en tant que représentants de l’un ou l’autre des deux camps et des élus locaux gérant des collectivités locales avec les uns ou les autres.

Enfin, la décision de François Bayrou met encore un peu plus Gilles de Robien, unique membre de l’UDF participant au gouvernement, en porte-à-faux. Déjà suspendu des instances dirigeantes, le ministre de l’éducation nationale devrait en effet se trouver mardi soir adhérent d’un parti dont le chef non seulement n’a pas accordé la confiance au gouvernement auquel il appartient, mais vient de tenter de le renverser. Une situation qui s’apparente à de l’équilibrisme politique.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix 16/05/2006

 

(1) Voir www.france-politique.fr

Le groupe UDF compte vingt-sept députés et trois apparentés : Pierre Albertini, l’ex-rocardien Christian Blanc et l’ex-pasquaïen Philippe Folliot

 

07 mars 2006

Les libéraux s'organisent pour 2007

«Le libéralisme politique a cessé d’exister avec l’intégration de Démocratie libérale dans l’UMP», affirme Alain Madelin, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2002 (3,91 %) et référent libéral de la politique française. Un vide que deux personnalités libérales, Hervé Novelli et Gérard Longuet, entendent aujourd’hui combler avec la création de l’association «Les Réformateurs», qui se présente comme la «sensibilité réformatrice et libérale de l’UMP». De fait, il s’agit de l’élargissement d’un regroupement informel de parlementaires lancé en octobre 2002 par Hervé Novelli et Jean-Pierre Gorges. Forts à ce jour de 82 membres (sur un total de 364 députés UMP), les députés réformateurs disposent donc déjà d’une réelle influence à l’Assemblée nationale.

«Des sénateurs et des députés européens nous ont progressivement rejoints», explique Hervé Novelli, ancien proche conseiller d’Alain Madelin et membre de l’équipe dirigeante de l’UMP mise en place par Nicolas Sarkozy. «Il faut maintenant dépasser ce succès parlementaire et nous adresser à tous ceux qui veulent que le futur candidat de l’UMP à l’élection présidentielle s’appuie sur des réformes profondes et rapides pour la France: assouplissement du marché du travail, diminution des prélèvements, réforme de la fonction publique, création d’une épargne retraite volontaire…».

Face à cette organisation des libéraux derrière le président de l'UMP, les proches de Dominique de Villepin n’ont pas tardé à riposter. «Les libéraux sont allés un peu vite vers Nicolas Sarkozy, déplore Hervé Mariton. Dominique de Villepin n’est peut-être pas un libéral au sens idéologique du terme, mais c’est un pragmatique et sa politique est compatible avec le libéralisme». Ancien proche de Charles Millon, Hervé Mariton vient ainsi de créer le club Réforme et Modernité. Mais précise aussitôt que cette structure n’a ni «le monopole du soutien au premier ministre» ni «vocation à enfermer Dominique de Villepin dans le libéralisme».

Pour Alain Madelin, ces divisions ne sont pas forcément néfastes à la famille libérale. «Il n’y a plus de panier libéral, mais il y a des œufs libéraux dans chaque panier», s’amuse-t-il. Plus libre que jamais, ayant renoncé à être candidat à la prochaine élection présidentielle, l’ancien patron de DL ne restera pas pour autant muet et entend bien mettre en avant ses propres solutions et donner son avis sur les propositions des uns et des autres. En attendant, le président des Cercles libéraux a invité ses amis à rejoindre l’association lancée par Hervé Novelli.

«Les libéraux n’ont pas su profiter de la présence de Jean-Pierre Raffarin à Matignon pour s’organiser et peser à l’intérieur de l’UMP, regrette-t-il. Dans la perspective de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a maintenant avantage à avoir un courant libéral dans l’UMP. C’est pourquoi les libéraux s’organisent de fait derrière lui. C’est donnant, donnant !». Ce qui n’empêche pas Alain Madelin de dire le plus grand bien des libéraux villepinistes Hervé Mariton et François Goulard, ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la recherche.

La galaxie libérale ne se limite toutefois pas aux Réformateurs de l’UMP. Sur son aile droite se trouvent deux mouvements associés à l’UMP, la Droite libre de Rachid Kaci et l’historique Centre national des indépendants (CNI), auquel a récemment adhéré le député UMP Jérôme Rivière. Sur son aile gauche peuvent être positionnés Énergies démocrates, le parti du député apparenté UDF Christian Blanc, ou le «socialiste libéral» Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse et sénateur PS. Tandis qu’au centre se place la Convention démocrate du député UMP Hervé de Charette, héritière des clubs giscardiens Perspectives et Réalités. Enfin, en marge du libéralisme politique agissent une myriade de structures comme l’Institut Montaigne du grand patron Claude Bébéar, l’Association pour la liberté économique et le progrès social (ALEPS) de l’économiste Jacques Garello ou le Club Génération entreprise des députés UMP Jean-Michel Fourgous et Olivier Dassault.

Cette famille politique a en outre été renforcée par la création, le 1er mars, d’un «parti politique authentiquement libérale», qui ambitionne de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2007: Alternative libérale. «Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy feignent de s’opposer, mais ce sont tous les deux des conservateurs», explique son président, Édouard Fillias, en dénonçant aussi bien le «souci désespéré de Dominique de Villepin de sauver le modèle social français» que «les propositions souvent anti-libérales de Nicolas Sarkozy», comme la discrimination positive. Outre des «jeunes actifs libéraux», pour la plupart issus de l’association Liberté chérie (Édouard Fillias, Sabine Hérold, Aurélien Véron), la direction du nouveau parti compte Didier Salavert, qui a été exclu l'année dernière de la très chiraquienne Fondation Concorde, dont il est l’un des trois fondateurs.

Si Alain Madelin regarde avec sympathie l’émergence, «hors du chaudron politicien», de cette «jeune génération libérale», il estime que «les conditions ne sont pas hélas réunies pour que les libéraux puissent faire élire un des leurs en 2007 et qu’il y a peu de place pour une candidature libérale de témoignage». Tout en affirmant qu’«il n’y aura pas de victoire de la droite en 2007 sans le soutien de l’électorat libéral».

 

Laurent de Boissieu

© La Croix

© http://www.ipolitique.fr

 

Repère

Historiquement, le libéralisme est un courant politique qui s’oppose à l’absolutisme monarchique. Le qualificatif « libéral » désigne aujourd’hui ceux qui souhaitent que l’intervention de l’État dans l’économie soit aussi limitée que possible afin de ne pas fausser la libre concurrence et laisser le marché s’auto-réguler. Il existe plusieurs formes de libéralisme économique, qui se différencient selon le degré accepté d’intervention de l’État, sur une échelle allant des ultralibéraux aux sociaux-libéraux. Philosophiquement, le libéralisme prône la primauté absolue de la liberté individuelle, le courant « libéral-libertaire » ou « libertarien » associant ultralibéralisme économique et libéralisme sociétal (mariage homosexuel, libéralisation des drogues…).