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07 mars 2008

PS : infliger une défaite nationale à la majorité

Les enjeux du scrutin, parti par parti

7/8 : Le Parti Socialiste PS

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La liste des villes que le PS pourrait prendre ou reprendre à la droite est, a priori, impressionnante : Toulouse (historiquement à droite), Strasbourg (à droite depuis 2001), Reims et Metz où la droite est divisée, Caen (historiquement à droite), Rouen (reprise par la droite en 2001), etc. Voire Marseille, qui, de sondages en sondages, même si le mode de scrutin à deux échelons complexifie les choses, a remplacé Bordeaux dans les objectifs du PS. Symboliquement, la gauche espère en outre mettre sur le tapis des membres du gouvernement, à commencer par les ministres d'ouverture ex-PS Jean-Marie Bockel (Mulhouse) et Éric Besson (Donzère). Objectif : faire de ces élections locales un enjeu national en infligeant une claque à la majorité, comme lors des élections locales de 2004.

Mais, Rue de Solférino, la prudence est de rigueur car des précédents ont montré qu'une vague électorale pouvait vite se transformer en vaguelette. D'autant plus que cette année le PS a innové dans ses alliances. Sur sa gauche, en ouvrant ses listes au parti trotskiste Lutte ouvrière (dans certains secteurs de Marseille, à Clermont-Ferrand, Perpignan, Argenteuil…). Et sur sa droite, en nouant des alliances locales avec le Mouvement démocrate à Montpellier, Grenoble ou encore Dijon. Un des enjeux du PS pour ces élections municipales est, en effet, de tester les alliances avec le centre de François Bayrou. Afin, éventuellement, d'en faire à terme un partenaire de gouvernement en lieu et place du PCF. En Seine-Saint-Denis, le PS a d'ailleurs décidé de mettre fin à l'hégémonie de ce dernier parti, qui n'est plus que l'ombre de lui-même à l'échelon national, en présentant des candidats contre sept maires sortants (Saint-Denis, Aubervilliers, La Courneuve, Tremblay-en-France, Bagnolet, Pierrefitte-sur-Seine, Villetaneuse) et en convoitant la présidence du conseil général. Pour les élections cantonales, justement, la gauche espère conserver une majorité de départements et faire carton plein dans le Sud-Ouest (sauf les Pyrénées-Atlantiques) avec la conquête du Lot-et-Garonne, de la Corrèze (seul département du Limousin à droite) ainsi que des trois départements de droite en Poitou-Charentes (Charente-Maritime, Deux-Sèvres et, éventuelllement, Vienne). Des régions où François Hollande (candidat en Corrèze) et Ségolène Royal (présidente du conseil régional de Poitou-Charentes) sont à la manœuvre.

09 février 2008

La Constitution européenne revient en kit

77ceaa9b1dfbd6e3d0a99e211a72bb8e.jpgL'Assemblée nationale a adopté, jeudi, le projet de loi autorisant la ratification du traité de Lisbonne. "Ce traité est une réponse à la crise qui a culminé en 2005", a argumenté Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes. "Ce n'est pas pour autant un déni de ses causes. Nous avons tenu compte des exigences et des critiques exprimées par les citoyens. La démarche constitutionnelle et les symboles sont abandonnés", a-t-il notamment souligné.

Contrairement au traité établissant une Constitution pour l'Europe, le traité de Lisbonne ne reprend en effet ni le titre de "Constitution" ni les "symboles de l'Union européenne" : drapeau (un cercle de douze étoiles d'or sur fond bleu), hymne ("Ode à la joie" de la Neuvième Symphonie de Ludwig van Beethoven), devise ("Unie dans la diversité"), monnaie (l'euro) et journée (commémoration de la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950). Un abandon, cependant, avant tout formel, puisque, à l'exception de la devise, les autres symboles ont été respectivement adoptés en 1985 (hymne, journée de l'Europe), 1986 (drapeau) et 1999 (monnaie).

Obtenu par les États membres les plus eurosceptiques (France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Danemark, Pologne, République tchèque), cet effacement est présenté en France comme une solution permettant de "dépasser les oppositions entre partisans et adversaires de la Constitution". Mais seize autres États européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Espagne, Grèce, Hongrie, Italie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Portugal, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) ont, parallèlement, signé une déclaration, jointe au traité de Lisbonne, qui les réaffirme en ce qui les concerne.

Or, plusieurs députés ont milité, durant le débat parlementaire, en faveur d'une signature par la France de cette déclaration. Estimant que les symboles "auraient dû être maintenus dans le traité", Hervé de Charette (UMP), ancien ministre des affaires étrangères et rapporteur de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi, a ainsi souhaité que le gouvernement français signe la déclaration sur les symboles de l'Union "à l'occasion de la ratification".

"Les symboles européens ont tout autant leur place dans les traités européens que dans les constitutions nationales", a également plaidé Axel Poniatowski (UMP), président de la commission des affaires étrangères. "Lorsque l'Assemblée sera saisie du projet de loi constitutionnelle tendant à réformer nos institutions, nous proposerons de réviser l'article 88-1 de la Constitution pour y inscrire le principe suivant : la France reconnaît les symboles de l'Union européenne. Je vous invite à vous associer à cette initiative le moment venu", a-t-il lancé à ses collègues en conclusion, sous les applaudissements de la quasi-totalité des députés de la majorité et d'une partie des députés de l'opposition.

Du reste, si Jean-Marc Ayrault (PS), président du groupe socialiste, radical et citoyen, a assuré qu'une majorité de gauche aurait "sans nul doute négocié un texte plus ambitieux", il a précisé que cette majorité n'aurait "pas délaissé les symboles en quoi se concrétise la personnalité politique de l'Union".

Ce n'est pas un hasard si ces initiatives proviennent de députés proches de Valéry Giscard d'Estaing (Hervé de Charette, Axel Poniatowski). L'ancien président de la République, père du projet de Constitution européenne, avait, en effet, immédiatement réagi après l'initiative des seize partenaires de la France, jugeant qu'"il ne serait pas acceptable que la France, État fondateur, dont la photo officielle du président de la République reproduit le drapeau européen, ne s'associe pas à cette déclaration". De l'art de faire entrer par le fenêtre ce que les Français avaient refusé par la porte.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 08/02/2008

04 janvier 2008

Ségolène Royal dévoile ses nouvelles ambitions

cf5a90d0aa9dc380185919d448d76cb2.jpgLa bataille pour l'élection présidentielle de 2012 va-t-elle démarrer au sein du PS dès... 2008 ? En faisant un pas de plus vers une candidature au poste de premier secrétaire du parti, dont le congrès est prévu cette année, Ségolène Royal a donné un coup de pied dans la fourmilière. "En cette année je compte aller jusqu'au bout de ce que j'ai entamé au cours de cette campagne présidentielle", a précisé hier, sur France 2, l'ancienne candidate PS à l'élection présidentielle.

"Il faut que nous évitions à tout prix une primaire interminable entre des présidentiables qui s'affronteraient dès maintenant jusqu'en 2012", s'est aussitôt alarmé, sur RMC, Arnaud Montebourg, qui n'exclut pas d'être lui-même candidat à la succession de François Hollande. "Il est prématuré de savoir s'il faut mettre un présidentiable à la tête du parti", a poursuivi l'ancien porte-parole de la candidate, qui redoute "des affrontements un peu à la façon du congrès de Rennes". "L'annonce de la ronde des présidentiables n'est pas inattendue mais vraiment malvenue" et "prématurée", a renchéri Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn.

Une analyse qui rejoint celle de l'Appel pour que le PS se mette au travail, rédigé, entre autres, par l'ancien premier ministre Michel Rocard, Pierre Larrouturou et quatorze parlementaires. "La droite espère que 2008 sera pour la gauche une nouvelle année de divisions et de déchirements", écrivent les signataires en soulignant que "la situation risque d'empirer après les municipales de mars 2008, avec la préparation d'un congrès qui risque d'être un nouveau congrès de Rennes, un congrès de déchirements personnels bien plus qu'un temps de reconstruction intellectuelle".

Le Congrès de Rennes, c'est la hantise de tous les socialistes, en référence au congrès de 1990 où les éléphants du parti (Lionel Jospin, Laurent Fabius, Michel Rocard) s'étaient affrontés dans un combat relevant plus du choc des ambitions personnelles que de la confrontation idéologique. Ségolène Royal a toutefois posé ses conditions à sa candidature au poste de premier secrétaire : "avoir la capacité de faire une offre politique" et de "rassembler les socialistes autour de cette offre politique". C'est donc sur le terrain des idées qu'elle entend se placer. Plus question pour elle d'accepter de porter, comme elle l'avait fait durant la campagne présidentielle, des propositions auxquelles elle ne croit pas mais qui figureraient dans le programme de son parti.

Si Ségolène Royal parvient à conquérir le PS en maintenant le cap défini durant sa dernière campagne présidentielle, avec une ouverture vers le centre et la volonté de briser les tabous idéologiques de la gauche (ordre, autorité, Nation, économie de marché...), ce serait la première fois que le PS serait pris par sa droite. C'était sur une position médiane, entre son aile droite (Pierre Renaudel) et son aile gauche (Jean Zyromski), que la SFIO avait été tenue par Léon Blum et Paul Faure dans l'entre-deux-guerres. C'était encore en alternant les alliances avec la gauche (Jean-Pierre Chevènement) et la droite (Pierre Mauroy, Michel Rocard) du parti que François Mitterrand avait dirigé le PS dans les années soixante-dix. Enfin, c'est en ne tranchant pas entre social-libéralisme (Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn) et anti-libéralisme (Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli) que François Hollande s'est maintenu à sa tête.

Reste que le principal rival de Ségolène Royal appartient, lui aussi, à l'aile droite du parti : Bertrand Delanoë. Ce dernier demeure toutefois silencieux sur ses ambitions au sein du parti. Et pour cause. Contrairement à la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, le maire de Paris a d'ici au congrès du PS un rendez-vous décisif : les élections municipales de mars.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 04/01/2008

07 novembre 2007

Le PS soutient le traité simplifié européen

d3426c7d879a4fccf180dada047156e2.pngLe bureau national du Parti Socialiste (PS) s'est prononcé, mardi, en faveur du traité simplifié, par 36 voix pour, 20 contre, 2 abstentions et 1 personne ne prenant pas par au vote.

Les lignes à l'intérieur du parti ont légèrement bougé depuis le rejet de la Constitution européenne par le peuple français, en mai 2005. Huit anciens parlementaires "nonistes" du PS, dont Vincent Peillon, ont ainsi signé, lundi, dans Libération, une tribune dans laquelle ils expliquent pourquoi ils voteront "oui au nouveau traité". Pour les signataires, "le texte désormais proposé n'a plus valeur de Constitution" et "n'est plus qu'un classique traité “modificatif” qui amende les traités existants sans s'y substituer". "L'approuver ne signifie donc pas que l'on donne quitus à l’ensemble de la construction européenne, comme y conduisait implicitement l'adoption du traité constitutionnel", écrivent-ils.

Pour les autres anciens "nonistes", au contraire, le traité simplifié reprenant la substance du traité constitutionnel, il n’est pas envisageable de le ratifier. Les adversaires du traité simplifié hésitent cependant entre deux attitudes, sans toujours préciser s'ils parlent de vote lors de la révision constitutionnelle préalable à la ratification ou de vote pour la ratification en elle-même. Les uns, comme Jean-Luc Mélenchon, Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, entendent bien "voter non". Les autres, derrière Henri Emmanuelli ou Laurent Fabius, ont indiqué, eux, qu'ils ne participeront pas au vote.

Cett dernière solution ne permettrait toutefois pas de trancher le débat à l'origine de la division du PS sur l'Europe : une politique vraiment de gauche est-elle ou non possible dans le cadre de l'actuelle Union européenne ? La question oppose sociaux-libéraux et antilibéraux sur le terrain économique et social, les choix européens divergents au sein du PS n’en étant qu'une conséquence. "Pour certains, nous avons perdu car nous étions trop à gauche, mais pour d’autres, nous ne l'étions pas assez, résume Benoît Hamon* dans une tribune publiée lundi par France Soir. Ce débat n’est pas tranché. Tant que cela ne sera pas le cas, les deux mouvances s’exprimeront publiquement. Et le PS continuera à afficher une ligne peu claire." On ne saurait être plus lucide !

* démissionnaire, mardi, de son poste de secrétaire national du PS chargé du projet européen

27 août 2007

Rentrée politique de Ségolène Royal

40f0256a80fc47456931ad9860dabc9c.jpgQuelques jours avant l'ouverture, vendredi, de l'université d'été du PS, Ségolène Royal a effectué samedi dernier sa rentrée politique, à l'occasion de la Fête de la rose qu'elle a organisée à Melle avec la fédération socialiste des Deux-Sèvres. Dans un discours d'environ une heure et demie, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a présenté sa campagne passée comme une "année formatrice pour les prochaines batailles", admettant que, dans ses propositions, elle avait "parfois improvisé à cause du temps qui était compté".

Aujourd'hui, Ségolène Royal se dit cependant "renforcée par les épreuves et les bonheurs vécus au cours de cette année écoulée", c'est-à-dire depuis sa candidature à la candidature au sein du PS. "Contrairement à ce que je lis ici ou là, je n'ai aucun esprit de rancune, de revanche, aucune amertume, y compris envers ceux dont la chaude affection littéraire m'entoure dans cette rentrée", a-t elle insisté, faisant notamment allusion au livre que publie Marie-Noëlle Lienemann (1).

La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a détaillé devant ses amis les "deux chantiers essentiels" qu'ils n'ont "pas eus le temps de conduire à leur terme et pour lequel il faut reprendre l'ouvrage". Promettant, avec volontarisme : "Ce temps qui nous a manqué, nous allons le prendre. Je vous en fais la promesse. Et nous achèverons le travail."

Premier chantier : les idées. "À la fin de ces campagnes présidentielle et législative, nous avons commencé à inventer le socialisme du XXIe siècle, a affirmé celle qui entend briser à gauche le tabou de l'économie de marché. Est-on pour ou contre le marché ? Question singulière pour un parti qui ne professe plus depuis bien longtemps l'étatisation des moyens de production. Le marché nous est aussi naturel que l'air que l'on respire ou que l'eau que l'on boit. (…) Nous inscrivons bien évidemment notre action dans le cadre des économies de marché et s'il faut l'écrire, écrivons-le une fois pour toutes."

L'ancien ministre se démarque toutefois de la "gentille comptine des théoriciens libéraux", en appelant à une action de l'État et des collectivités locales "chaque fois que c'est nécessaire". Il n'empêche que, dans les valeurs mises en avant ("équilibre des droits et des devoirs, éthique de la responsabilité, efficacité de l'action publique"), elle assume plus les critiques à l'encontre de la gauche de gouvernement de la droite que de la gauche anti libérale.

Cette rénovation idéologique passe notamment pour Ségolène Royal par une dénonciation de "la prolifération des motions qui donnent souvent lieu à des règlements de compte inutilement brutaux suivis de synthèse parfaitement illisibles". L'ancienne candidate a ainsi de nouveau critiqué le projet présidentiel du PS : "Le programme ne doit pas être un programme de tactique interne mais un programme pour convaincre et gagner." En juin, elle avait déjà affirmé que "le smic à 1 500 € bruts dans cinq ans ou la généralisation des 35 heures sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes" qu'elle avait "dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas été du tout crédibles".

Il s'agit donc, second chantier, de faire du PS "un grand parti moderne". Ségolène Royal, qui a déjà annoncé en juin qu'elle présenterait sa propre motion au prochain congrès, a toutefois assuré samedi n'être "en compétition avec personne". Ce qui ne l'a pas empêchée d'appeler "tous les adhérents de Désir d'avenir", ses comités de soutien à la présidentielle créés en marge du parti, "à venir au PS".

Enfin, pour les élections municipales, la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a rejeté l'idée d'accords locaux à géométrie variable et a plaidé en faveur d'une stratégie nationale d'alliance "cohérente et éclairée". Sans a priori exclure du tour de table le MoDem de François Bayrou, avec lequel elle avait débattu entre les deux tours de la présidentielle. Une ouverture qui irait dans le sens des travaux du collectif Les Gracques, formés par d'anciens collaborateurs des gouvernements de gauche, réuni hier en université d'été à Paris, qui souhaite que le PS s'allie avec le MoDem et non plus avec le PCF.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 27/08/2007 

(1) Au revoir Royal, de Marie-Noëlle Lienemann et Philippe Cohen, Perrin, 185 p., 13,50 €