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27 janvier 2011

Confédération centriste: c'est encore loin Grand Schtroumpf?

Hervé Morin, président du Nouveau Centre, et Jean Arthuis, président de l'Alliance Centriste, vont lancer aujourd'hui une "Confédération centriste" (Jean Arthuis a même parlé samedi dernier d'"Union du centre").

Je verrai bien s'il s'agit véritablement du lancement concret d'une structure réelle (avec statuts) ou uniquement de la nième déclaration d'intention; petit rappel (pas forcément exhaustif!) des précédents:

- "Rassembler les centristes" (16 juillet 2008): Jean Arthuis

- "Carrefour des centres" (18 septembre 2008, le 6e s'est tenu le 5 janvier 2010): Hervé Morin

- "Appel au Rassemblement de tous les centristes": Hervé Morin et Jean Arthuis (25 mars 2010) avec "l'ambition de construire avant l'été un nouveau parti politique" (été ...2010!)

- "Centre en mouvement" (18 mais 2010): Gilles de Robien

- "Assises de la refondation du centre" (8 juin 2010): Jean Arthuis; avec le lancement d'une Fondation du centre (présidée par Jean-Louis Bourlanges)

- "Coordination politique" des centristes (15 novembre 2010): Jean-Louis Borloo

- "Confédération centriste" (27 janvier 2011): Hervé Morin et Jean Arthuis

 

En réalité, toute structure durable n'est pas viable dans l'état actuel des choses, puisque les uns et les autres ne sont tout simplement pas sur la même ligne politique, chacun voulant bien entendu que les autres se rallient à sa ligne! Récapitulatif:

Parti Radical
dirigeant: Jean-Louis Borloo
positionnement: dans la majorité de droite (centre-droit)
situation: mouvement associé de l'UMP (au moins jusqu'au congrès des 14-15 mai 2011)
présidentielle premier tour: présence d'un second candidat à droite (Jean-Louis Borloo) si conforme à la stratégie de Nicolas Sarkozy
présidentielle second tour: vote en faveur de Nicolas Sarkozy (peut-être dès le premier tour)
objectif: réunir dans un même parti tous les ex-UDF de la majorité; réunification avec le PRG (dans l'opposition de gauche: centre-gauche)

Nouveau Centre
dirigeant: Hervé Morin
positionnement: dans la majorité de droite (centre-droit)
situation: indépendant (via le Fetia Api pour le financement public)
présidentielle premier tour: présence d'un second candidat à droite (Hervé Morin)
présidentielle second tour: vote en faveur de Nicolas Sarkozy
objectif: réunir dans un même parti tous les ex-UDF de la majorité (centre-droit)

Alliance Centriste 
dirigeant: Jean Arthuis
positionnement: dans la majorité de droite (centre-droit)
situation: mouvement associé de l'UDF
présidentielle premier tour: présence d'un candidat du centre
présidentielle second tour: discussion avec la droite (Nicolas Sarkozy) et la gauche
objectif: réunir dans un même parti tous les ex-UDF de la majorité (centre-droit) comme de l'opposition (centre d'opposition)

MoDem 
dirigeant: François Bayrou
positionnement: dans l'opposition (centre d'opposition)
situation: indépendant
présidentielle premier tour: présence d'un candidat du centre
présidentielle second tour: discussion avec la droite (Nicolas Sarkozy) et la gauche
objectif: réunir dans un même parti le centre-droit (majorité), le centre (opposition) et le centre-gauche (opposition)

 

Pour résumer: le Nouveau Centre, qui participe à la majorité de droite, lance une confédération avec l'Alliance Centriste, mouvement associé de l'UDF, qui elle-même adhère au MoDem, ce dernier appartenant à l'opposition.

[ajout pour @yledu: "C'est pourtant simple, non?"]

26 janvier 2011

Un congrès de l'UDF!

Comme je l'ai révélé dans La Croix, un congrès - discret? secret? - de l'UDF se déroulera ce mercredi soir.

 

Rappel: le 30 novembre 2007, la dernière assemblée générale (congrès) de l'UDF a adopté la résolution suivante:

"L'UDF, formation politique au titre de l'article 4 de la Constitution, est membre fondateur du Mouvement Démocrate auquel elle adhère pour une période transitoire de trois ans, en tant que personne morale. À dater du 1er décembre 2007, tout adhérent de l'UDF est adhérent du Mouvement Démocrate. L'UDF délègue aux instances du Mouvement Démocrate la responsabilité de l'action et de l'expression communes. Les autres instances nationales et locales de l'UDF s'intègrent aux instances correspondantes du Mouvement Démocrate. Pendant cette période transitoire, les intérêts juridiques, matériels, moraux, les idées et les valeurs de l'UDF seront garantis et administrés par un bureau de vingt à trente membres désignés par le Congrès, sur proposition du Président dont le mandat est prorogé."

 

Cette période transitoire s'est donc achevée le 1er décembre 2010. C'est pourquoi François Bayrou a envoyé le 24 décembre dernier la lettre suivante aux adhérents à jour de cotisation (combien?):

Cher ami,

Vous êtes membre de l'association Union pour la démocratie française. L'assemblée générale de l'association aura lieu le mercredi 26 janvier 2011 à 19h30 au 133 bis, rue de l'Université - 75007 Paris.

Ordre du jour:
- quitus financier;
- suites à donner à la résolution adoptée par le Congrès du 30 novembre 2007 portant dispositions transitoires pour trois ans; modalités d'exercice de l'activité de l'Union pour la démocratie française dans les années à venir;
- élection du Président (1). Les candidatures et les parrainages seront reçus jusqu'au 10 janvier 2011 minuit, cachet de la poste faisant foi, à l'UDF - 133 bis, rue de l'Université - 75007 Paris;
- renouvellement du bureau.

Je compte sur votre présence effective à cette assemblée générale et vous assure de ma fidèle amitié.

François Bayrou

(1) L'article 11 des statuts dispose que "la liste des candidats est arrêtée ...au vu de 200 actes de parrainage d'adhérents à jour de cotisation issus d'au moins 10 fédérations différentes".

 

Quelles sont les hypothèses?

1) L'UDF ne renouvelle pas son adhésion au MoDem.

2) L'UDF se dissout, avec dévolution de son actif au MoDem (à l'image du RPR, qui s'est dissout en 2002 en transférant son actif à l'UMP).

3) L'UDF renouvelle son adhésion au MoDem.

 

Si la première hypothèse est improbable, la troisième est la plus probable:

1) Le maintien de l'UDF en tant que personne morale permet à François Bayrou de garder l'usage de la marque UDF (même si le Nouveau Centre l'utilise parallèlement - ce qui me semble juridiquement douteux - en se proclamant "l'UDF d'aujourd'hui").

2) Le maintien de l'UDF permet à François Bayrou de conserver ses contacts avec le centre droit en général et Jean Arthuis en particulier. Parti politique au sens de la CNCCFP depuis le 30 novembre 2009, l'Alliance Centriste est en effet un "mouvement associé" de l'UDF (article 18 des statuts). Concrètement, cela permet aux membres de l'Alliance Centriste de rester également membres de l'UDF, alors que les statuts de cette dernière stipulent que "l'appartenance à l'UDF est exclusive de toute adhésion à une autre formation politique" (article 4). Les parlementaires de l'Alliance Centriste se rattachent par ailleurs annuellement au MoDem pour la seconde fraction du financement public, le parti de François Bayrou reversant à celui de Jean Arthuis une quote-part (124.988 euros en 2009).

 

Finalement, voici ce qui devrait être adopté ce soir:

- prorogation de la période transitoire jusqu'au lendemain de l'élection présidentielle de 2012.

- réélection de François Bayrou (seul candidat) à la présidence de l'UDF.

- éventuellement mise à disposition de l'Alliance Centriste d'une partie des locaux de l'UDF, propriétaire de son siège ...qui est également celui du MoDem. Une "convention d'occupation des locaux", "renouvelable par tacite reconduction", organise en effet la "prise en charge par le MoDem de l'ensemble des dépenses d'entretien et d'amélioration des locaux et des matériels, des coûts d'acquisition des lots immobiliers acquis par l'UDF en 2009 et des coûts de rénovation éventuels des locaux, en contrepartie de l'occupation gratuite desdits locaux".

 

[note rédigée le 24 janvier chez moi pour ce blog, finalement transformée le lendemain en papier pour La Croix]

10 janvier 2011

Jean-Pierre Rioux, les centristes et l'UDF

Ne parvenant pas à trouver le temps de boucler la liste précise de mes points de désaccord avec Jean-Pierre Rioux (Les centristes, de Mirabeau à Bayrou, Fayard), voici déjà ceux concernant l'UDF.

 

Jean-Pierre Rioux intitule un chapitre "le havre giscardien", qu'il commence par cette affirmation: "Sortis affaiblis et désemparés de la tourmente gaulliste, les centristes ont gagné un havre de grâce sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, de 1974 à 1981" (page 176). Afin de qualifier cette période qu'il estime positive pour le centre, l'historien va même jusqu'à parler des "jours heureux du giscardisme" (page 259).

Or, selon moi, le septennat giscardien a, bien au contraire, marqué l'éclipse du centre en France à travers le ralliement à la droite de l'ancien centre d'opposition, qui, en devenant une partie de la droite, n'est logiquement plus un centre. De fait, les élections législatives de 1978 sont les premières véritablement bipolarisées de la Ve République, avec une droite et une gauche hégémoniques et composées de deux partis de force relativement comparable (RPR et UDF à droite, PS et PCF à gauche): c'est le fameux "quadrille bipolaire" de Maurice Duverger.

Le plus étrange, c'est qu'au fil des pages Jean-Pierre Rioux ...me donne raison et, donc, se contredit! Dès l'ouverture dudit chapitre, l'auteur indique en effet que "ce ralliement présentait néanmoins un risque majeur: lier le destin du centre à celui de Valéry Giscard d'Estaing et de sa majorité, et laisser s'installer le sentiment que le centre ne pouvait être qu'à droite dans une Ve République à vocation bipolaire et, pis, qu'il y était à sa juste place" (page 177). Plus loin, il écrit que la création de l'UDF "en hâtant la bipolarisation en «quadrille», a fait courir au centrisme le risque de l'évaporation par fusion" (page 192) ou encore que les centristes se sont trouvés "enchâssés à droite par leur participation à l'UDF" (page 208). "Réaffirmer une identité centriste et bientôt, peut-être, une relative autonomie des centristes après vingt-cinq années de ralliement à la droite giscardienne et vingt années de consentement à la confusion cohabitationniste et à la dilution au sein de l'UDF: tel a été le pari de François Bayrou dès 1999" (pages 219-220), conclut-il finalement.

Rien à redire à ces derniers extraits, à une divergence de vocabulaire près: en quoi des centristes ralliés à la droite peuvent-ils encore être qualifiés de centristes? Pour moi, en effet, on ne peut pas en même temps être au centre (c'est-à-dire ni à droite ni à gauche) et à droite (ou à gauche). Bref, comme aurait dit La Palice, le centre c'est le centre au centre, tandis que le centre à droite (ou à gauche), ce n'est plus le centre!

Afin d'être complètement honnête, je me dois tout de même de répondre au principal élément de fond avancé par Jean-Pierre Rioux pour justifier son jugement positif du septennat de Valéry Giscard d'Estaing pour le centre: le giscardisme "ce surgeon de la droite orléaniste et libérale, ce métissage de conservatisme, de modération et de modernité, ce vecteur d'un libéralisme orchestrant une société recomposée par le «changement sans le risque», a endossé le meilleur de la philosophie centriste du rassemblement et du juste milieu" (page 177); Valéry Giscard d'Estaing a "exposé en 1976 son désir d'exercer le pouvoir présidentiel et de faire évoluer la Ve République en s'inspirant, sans renier sa famille politique de droite, de l'expérience et des valeurs du centrisme de «bon gouvernement», hérité du temps de Guizot et de Ferry" (page 181).

Reprenons le raisonnement de l'auteur : 1) François Guizot et Jules Ferry incarnaient le centrisme de "bon gouvernement", "du rassemblement et du juste milieu" 2) VGE a repris dans Démocratie française cette philosophie 3) donc VGE s'est inspiré du centrisme.

Or, il me semble que l'historien oublie juste une chose: Guizot, Ferry et Giscard d'Estaing appartiennent à la même famille politique, la famille libérale. Il est donc logique qu'ils défendent le même libéralisme politique et le même parlementarisme face aux tenants d'un exécutif fort!

En réalité, jusqu'à la page 95 ce n'est effectivement pas une histoire du centre que nous livre Jean-Pierre Rioux mais une histoire de la famille libérale. Une famille dont les représentants n'ont pas toujours siégé au centre des assemblées parlementaires: Jules Ferry, par exemple, n'était absolument pas au centre mais à gauche (ses partisans étaient regroupés au sein du groupe de la Gauche républicaine). Mais je reviendrai sur cette critique, la plus importante il me semble, dans une prochaine note...

 

06 janvier 2011

Ces centristes qui ont fait l'Histoire

[N'ayant pas encore eu le temps de rédiger, en argumentant, ma liste précise de points de désaccords avec Jean-Pierre Rioux, je publie en attendant ma recension parue ce jeudi dans La Croix]

 

L'historien Jean-Pierre Rioux, proche de François Bayrou, dresse une galerie de portraits des centristes depuis la Révolution française

Face à la droite (René Rémond) et à la gauche (Jean Touchard, Jean-Jacques Becker et Gilles Candar), qui ont leurs historiens de référence, le centre fait un peu figure d'oublié. Une lacune que contribue à combler Jean-Pierre Rioux, directeur de la revue d'histoire Vingtième siècle (et collaborateur de La Croix), en publiant fort opportunément un ouvrage sur Les Centristes, de Mirabeau à Bayrou. Comme il le précise lui-même en introduction, il s'agit davantage d'un essai que d'une publication scientifique, l'auteur ayant visiblement coiffé dans son travail d'écriture autant sa casquette d'historien de renom que celle d'animateur de l'université populaire du MoDem.

Ponctuée par de nombreux portraits de figures connues ou oubliées, c'est une histoire du centre qui défile devant le lecteur. C'est toute l'originalité de l'œuvre de Jean-Pierre Rioux: avoir cherché le fil rouge qui, de la Révolution à nos jours, constitue, selon lui, l'identité centriste. Finalement, le centrisme serait surtout une attitude: la recherche du "juste milieu" et du "bon gouvernement" ou, reprenant la définition de Maurice Duverger, l'ambition de "donner la prédominance à la distinction des extrémistes et des modérés sur celle de la droite et de la gauche".

Cette définition du centre présente l'avantage de ne pas être avant tout idéologique (même si l'auteur cède parfois à cette tentation), évitant ainsi l'écueil du changement de place des courants de pensée sur l'échiquier politique, au gré des périodes historiques. Ce qui est particulièrement vrai en ce qui concerne les "trois eaux mêlées" qui constitueraient le centrisme: "la libérale, la radicale-socialisante et la démocrate-chrétienne". Leurs représentants n'ont en effet pas toujours siégé au centre des assemblées parlementaires, tandis, comme le rappelle l'historien, qu'elles "n'ont pas toujours conflué, loin de là".

Jean-Pierre Rioux ne confère toutefois pas le même débit à ces trois affluents, puisque "au bout du compte c'est la mouvance démocrate-chrétienne, issue de Marc Sangnier et du Sillon, bien inscrite dans l'héritage du christianisme social dès le temps de Léon XIII, qui est restée le courant le plus original, le plus incisif et le plus déterminant chez les centristes". C'est d'ailleurs "au nom de valeurs humanistes de la démocratie chrétienne que François Bayrou, enfant de ce sérail, a mené sa bataille au sein de l'UDF et qu'il poursuit son combat". Poussant jusqu'au bout cette idée, l'auteur avance que "tous les centristes, d'où qu'ils viennent, savent qu'un certain sens chrétien de l'homme et du monde a valorisé dans leur famille la quête du sens, le respect de l'autre, le souci moral et spirituel, en un mot l'envie de civiliser la politique".

Jean-Pierre Rioux souligne cependant deux ruptures conduites par François Bayrou. D'une part, il a "outrepassé son centrisme démocrate-chrétien pour renouer avec son non-conformisme personnaliste d'origine, appris chez Charles Péguy, Lanza del Vasto ou Jacques Ellul, pour devenir un candidat au ton plus populiste". D'autre part, il a adopté une "stratégie privilégiant l'élection présidentielle, à l'inverse de la culture politique de sa famille d'origine". Mais conformément à la Ve République gaullienne.

Laurent de Boissieu
La Croix, 06 janvier 2011

 

Les centristes, de Mirabeau à Bayrou de Jean-Pierre Rioux
Fayard, 314 p., 18,50 €

05 janvier 2011

Vœux d'Hervé Morin: que faut-il retenir sur le fond?

Le blogueur Authueil, assistant parlementaire d'un député UMP, a assisté aux vœux d'Hervé Morin, estimant que "sur le fond, ce fut plat". Ce dont je ne suis absolument pas d'accord.

J'ai en effet trouvé plusieurs éléments saillants dans le discours du président du Nouveau Centre. Notamment trois éléments, que ne manqueront certainement également pas de souligner ceux de mes confrères qui s'intéressent au débat d'idées.

 

1) Hervé Morin ne se contente pas de posséder une belle cuisine et de belles casseroles: il s'en sert et le prouvera en livrant à la ménagère de moins de cinquante ans, sur la chaine Cuisine TV, le 22 janvier, ses deux recettes de coquilles Saint-Jacques en entrée et de haddock au curry en plat, accompagnées d'un Puligny-Montrachet 2006.

 

2) Plus sérieusement, Hervé Morin a pris l'exact contre-pied du discours anticommunautariste de Jean-Louis Borloo à son "dîner de la République", le 9 décembre dernier. Voilà qui mérite grandement d'être souligné dans cette concurrence entre les deux hommes au centre droit (preuve supplémentaire qu'un positionnement sur l'échiquier politique ne dit rien sur les idées portées).

Hervé Morin: "Je crois profondément qu'il faut se rendre à l'évidence que notre pacte social reposant notamment sur notre creuset républicain assimilateur et intégrateur a vécu. Qu'il faut repenser notre pacte social avec une grille de lecture radicalement différente. Je pense qu'aujourd’hui chacun d'entre nous vit dans un certain nombre de tribus en fonction de ses racines, de son métier, de ses passions, de sa foi". Le président du Nouveau Centre appelle donc à "la reconnaissance du rôle des tribus comme facteur de cohésion sociale et de médiation" (à noter que pour faire passer cette pilule communautariste, Hervé Morin effectue dans son discours un amalgame avec les corps intermédiaires - le président du Nouveau Centre en appelle parallèlement au "respect de principes généraux et de valeurs, qui fondent la République et que la République fait respecter avec la plus grande intransigeance, sans aucune concession comme, par exemple, la laïcité, l'égalité entre les hommes et les femmes, le suffrage universel source de tout pouvoir, la promotion de solidarités collectives"; or, le communautarisme est précisément, par essence, aux antipodes de nombreuses valeurs républicaines: indivisibilité, laïcité, égalité des citoyens devant la loi).

Jean-Louis Borloo: "On nous vantait, il y a encore peu, le multiculturalisme à l'allemande. La chancelière a annoncé, il y a quelques semaines, la fin du Multikulti. La Belgique se cherche. Et nos amis Anglais s'inquiètent que la loi commune s'efface progressivement devant la loi particulière des communautés. Tous se posent la question du modèle d'intégration et de citoyenneté. Et si c'était notre vieux modèle républicain qui était, pour nous, l'avenir? Renan l'écrivait à sa façon: «Il faut parfois se résoudre à paraître démodé pour avoir raison de son temps.» (...) Oui, la République est une chose fragile. Le cours naturel du monde nous incline à l'individualisme, au repli sur nous-mêmes et sur nos communautés. Oubliez la République: vous aurez gagné des tribus, vous aurez perdu des citoyens! La République demande à chacun d'entre nous de se surpasser. Elle nous demande de mettre de côté nos origines, nos appartenances."

 

3) Sur les 35 heures, Hervé Morin a coupé l'herbe sous le pied des UMP Jean-François Copé, Hervé Novelli et Gérard Longuet en proposant fortement, le premier, un nouveau partage des compétences entre la loi et la négociation collective: aux représentants de la Nation la définition de "règles d'ordre public (durées maximales du travail, repos hebdomadaire...)"; aux partenaires sociaux la définition "des conditions et de la durée du travail". Objectif: en finir avec un "droit du travail général et absolu". Il s'agit là de l'une des principales revendications du Medef dans le cadre de sa "refondation sociale".

 

 

[Un problème sur Hautetfort ne permet momentanément pas de commenter les notes; ma réponse au commentaire d'Authueil n'ayant pas été publiée, la voici:

Non, rien ne me/nous permet - sauf à lui intenter un procès d'intention - d'écrire qu'il s'agit d'un positionnement idéologique tactique et non des convictions de fond d'Hervé Morin.
Sur le positionnement du libéral de centre-droit Hervé Morin, début de réponse ici:
http://www.ipolitique.fr/archive/2010/09/21/herve-morin-c...

Avec toutes mes excuses aux éventuels commentateurs!]