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27 novembre 2008

Néo-socialisme = nazisme ?

"Dans le socialisme, les 'néos', ceux qui ont été contre le vieux et pour le neuf, n'ont pas toujours laissé de très bons souvenirs", a lancé Lionel Jospin contre Ségolène Royal durant la campagne interne du PS.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, a ainsi pu dénoncer la "comparaison pour le moins osée entre le parcours de Ségolène Royal et celui des nazis, par un ancien Premier Ministre et ancien premier secrétaire...".

 

Voilà qui mérite quelques rappels historiques :

- tous les néo-socialistes ne suivront pas Marcel Déat dans le collaboration, certains seront Résistants (comme Max Hymans)

- tous les néo-socialistes n'ont pas été exclus de la SFIO en 1933 (le groupe Révolution Constructive continuera à exprimer cette tendance au sein de la SFIO)

- tous les exclus ou démissionnaires de 1933 n'étaient pas néo-socialistes (il y avait également parmi eux des participationnistes non planistes comme Paul Ramadier ou Pierre Renaudel)

- le planisme inspirera le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) puis, à la Libération, le gaullisme

 

Bref, la réalité historique est loin de l'équation néo-socialisme = nazisme...

20 novembre 2008

Mieux vaut la confrontation que le renoncement

ALeqM5j3zXqnhd_KjOaS9fYsCv-5WivgRg.jpgIl est de bon ton de moquer le Parti Socialiste, son congrès de Reims, ses motions et ses divisions. Je préfère pourtant un parti comme le PS au sein duquel les militants votent pour une stratégie et une orientation, qu'un parti comme l'UMP où les opposants (Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin) se couchent finalement devant le chef (Nicolas Sarkozy). Pourtant, que ne les ai-je entendu ces chiraquiens tirer en "off" à boulets rouges sur un Nicolas Sarkozy "trop libéral, atlantiste et communautariste". Mais quand l'heure de porter la contradiction fut venue, pas un seul candidat (ni même une mouche ou un vermisseau) pour venir défendre des convictions alternatives.

Reste à savoir si, au sein du PS, les candidatures reflêtent véritablement des option différentes ou le seul choc (somme toute légitime en politique) des ambitions personnelles.

Sur l'orientation politique, Benoît Hamon à la gauche du parti, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë à la droite du parti, défendaient de véritables choix politiques divergents. Seule la motion de Martine Aubry était idéologiquement hétérogène.

Sur la stratégie, Benoît Hamon contre toute alliance avec le MoDem, Ségolène Royal pour une alliance éventuelle avec le MoDem, défendaient de véritables choix stratégiques divergents. Même si c'est plus discutable, c'était également le cas de Bertrand Delanoë (bien que certains signataires de sa motion aient conclu des alliances locales avec le MoDem aux élections municipales) et même de Martine Aubry (qui a elle-même conclu une alliance locale avec le MoDem aux élections municipales), puisqu'aucun des deux n'a jamais défendu l'idée d'alliance nationale, de pacte de gouvernement avec le MoDem.

Sur la conception du parti enfin, Benoît Hamon, Bertrand Delanoë et Martine Aubry défendaient un parti de militants (parti de cadres et d'élus, de fait), Ségolène Royal un parti de masse (doublé d'un style télé-évangélique).

Bref, il ne s'agissait pas que de prétextes pour masquer une guerre des chefs. Mais de véritables choix, que les militants devront sans doute finir de trancher ce vendredi.

Et tant mieux si, contrairement au congrès du Mans, il 'y a pas eu cette fois de synthèse artificielle. Il y aura enfin au sein du PS une majorité claire et une ou des oppositions. Aux opposants, ensuite, de décider de fermer leur gueule en se pliant à la ligne majoritaire démocratiquement définie... ou de démissionner.

28 septembre 2008

Le Sénat est-il vraiment à droite depuis 1958 ?

C'est une chose entendue : la droite est majoritaire au Sénat depuis 1958. Mais c'est pourtant une chose fausse !

La majorité gaulliste n'a en effet jamais détenu la majorité au Sénat. Pour le référendum d'octobre 1962, les sénateurs décident même, fait rarissime, que le discours antigaulliste de leur président, le radical Gaston Monnerville, sera affiché avant le scrutin dans toutes les mairies de France.

L'opposition de gauche, du centre et même de droite est alors majoritaire au Palais du Luxembourg.

En ce qui concerne la droite, ce n'est qu'après les élections sénatoriales de 1971 que le groupe des Républicains Indépendants (RI) intègre la majorité gaulliste à travers l'élection à sa présidence de Louis Courroy. Ce dernier était jusqu'alors président de l'Amicale des sénateurs giscardiens, minoritaire au sein de ce groupe majoritairement de droite antigaulliste.

En ce qui concerne, surtout, le centre, ce n'est qu'après l'élection présidentielle de 1974 que le centre d'opposition disparaît totalement en finissant de glisser à droite via la nouvelle majorité de Valéry Giscard d'Estaing (mouvement entamé en 1969 avec la majorité de Georges Pompidou). Un centre d'opposition dont l'existence a longtemps été oubliée, jusqu'à ce que François Bayrou relève cet héritage à l'occasion de l'élection présidentielle de 2007.

Bref, ce n'est véritablement que depuis 1974, en raison de la bipolarisation de la vie politique française, que la droite de gouvernement est devenue majoritaire au Sénat. Même si la gauche n'y a, certes, jamais été majoritaire...

 

lien : composition du Sénat depuis 1959

15 mai 2008

Paroles, paroles...

641561948.jpgDemain, le Nouveau centre d'Hervé Morin tient son congrès fondateur. Aujourd'hui, Bernard Kouchner a affirmé qu'il était toujours "de gauche" (À vous de juger, France 2).

 

Qu'est-ce qu'être centriste ? C'est être positionné à équidistance de la droite et de la gauche, représenter une alternative à la droite et à la gauche ou être dans l'état d'esprit de potentiellement nouer des alliances aussi bien avec la droite qu'avec la gauche.

Le Nouveau centre est-il centriste ? Non, bien entendu. Le Nouveau centre a simplement succédé au centre droit à l'UDF, qui n'a jamais été centriste.

 

Qu'est-ce qu'être "de gauche" ? Bonne question, car cela ne signifie rien, justement ! Être de gauche, c'est simplement appartenir à un parti qui siège sur les rangs de gauche des hémicycles parlementaires (et inversement pour la droite).

Bernard Kouchner est-il de gauche ? Non, bien entendu, à partir du moment où il appartient à un gouvernement de droite...

04 janvier 2008

Ségolène Royal dévoile ses nouvelles ambitions

cf5a90d0aa9dc380185919d448d76cb2.jpgLa bataille pour l'élection présidentielle de 2012 va-t-elle démarrer au sein du PS dès... 2008 ? En faisant un pas de plus vers une candidature au poste de premier secrétaire du parti, dont le congrès est prévu cette année, Ségolène Royal a donné un coup de pied dans la fourmilière. "En cette année je compte aller jusqu'au bout de ce que j'ai entamé au cours de cette campagne présidentielle", a précisé hier, sur France 2, l'ancienne candidate PS à l'élection présidentielle.

"Il faut que nous évitions à tout prix une primaire interminable entre des présidentiables qui s'affronteraient dès maintenant jusqu'en 2012", s'est aussitôt alarmé, sur RMC, Arnaud Montebourg, qui n'exclut pas d'être lui-même candidat à la succession de François Hollande. "Il est prématuré de savoir s'il faut mettre un présidentiable à la tête du parti", a poursuivi l'ancien porte-parole de la candidate, qui redoute "des affrontements un peu à la façon du congrès de Rennes". "L'annonce de la ronde des présidentiables n'est pas inattendue mais vraiment malvenue" et "prématurée", a renchéri Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn.

Une analyse qui rejoint celle de l'Appel pour que le PS se mette au travail, rédigé, entre autres, par l'ancien premier ministre Michel Rocard, Pierre Larrouturou et quatorze parlementaires. "La droite espère que 2008 sera pour la gauche une nouvelle année de divisions et de déchirements", écrivent les signataires en soulignant que "la situation risque d'empirer après les municipales de mars 2008, avec la préparation d'un congrès qui risque d'être un nouveau congrès de Rennes, un congrès de déchirements personnels bien plus qu'un temps de reconstruction intellectuelle".

Le Congrès de Rennes, c'est la hantise de tous les socialistes, en référence au congrès de 1990 où les éléphants du parti (Lionel Jospin, Laurent Fabius, Michel Rocard) s'étaient affrontés dans un combat relevant plus du choc des ambitions personnelles que de la confrontation idéologique. Ségolène Royal a toutefois posé ses conditions à sa candidature au poste de premier secrétaire : "avoir la capacité de faire une offre politique" et de "rassembler les socialistes autour de cette offre politique". C'est donc sur le terrain des idées qu'elle entend se placer. Plus question pour elle d'accepter de porter, comme elle l'avait fait durant la campagne présidentielle, des propositions auxquelles elle ne croit pas mais qui figureraient dans le programme de son parti.

Si Ségolène Royal parvient à conquérir le PS en maintenant le cap défini durant sa dernière campagne présidentielle, avec une ouverture vers le centre et la volonté de briser les tabous idéologiques de la gauche (ordre, autorité, Nation, économie de marché...), ce serait la première fois que le PS serait pris par sa droite. C'était sur une position médiane, entre son aile droite (Pierre Renaudel) et son aile gauche (Jean Zyromski), que la SFIO avait été tenue par Léon Blum et Paul Faure dans l'entre-deux-guerres. C'était encore en alternant les alliances avec la gauche (Jean-Pierre Chevènement) et la droite (Pierre Mauroy, Michel Rocard) du parti que François Mitterrand avait dirigé le PS dans les années soixante-dix. Enfin, c'est en ne tranchant pas entre social-libéralisme (Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn) et anti-libéralisme (Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli) que François Hollande s'est maintenu à sa tête.

Reste que le principal rival de Ségolène Royal appartient, lui aussi, à l'aile droite du parti : Bertrand Delanoë. Ce dernier demeure toutefois silencieux sur ses ambitions au sein du parti. Et pour cause. Contrairement à la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, le maire de Paris a d'ici au congrès du PS un rendez-vous décisif : les élections municipales de mars.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 04/01/2008