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18 décembre 2006

La campagne en "kit" de Ségolène Royal

"Ramener à gauche le vote populaire : il est là l’enjeu de 2007, nulle part ailleurs". C’est ainsi que Ségolène Royal a présenté, samedi, à Paris, devant les premiers secrétaires fédéraux du PS et les responsables de ses comités locaux "Désirs d’avenir", sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007. De fait, à la présidentielle de 2002 la candidature de Lionel Jospin n’avait convaincu ni les ouvriers (24% avaient voté pour Jean-Marie Le Pen, 16% pour Jacques Chirac, 12% pour Arlette Laguiller, 11% pour Lionel Jospin) ni les chômeurs (30% avaient voté pour Jean-Marie Le Pen, 18% pour Jacques Chirac, 14% pour Lionel Jospin) (1).

L’objectif mis en avant par Ségolène Royal n’est en soi pas original. D’autres personnalités de gauche l’ont affiché avant elle, à l’intérieur (Laurent Fabius depuis 2002, Jean-Luc Mélenchon) ou à l’extérieur (Jean-Pierre Chevènement) du PS. L’originalité de la démarche de la candidate réside toutefois dans le fait qu’elle compte y parvenir sans remettre en cause l’orientation suivie, sous l’impulsion de François Mitterrand, par la gauche de gouvernement depuis le "tournant" de 1983. Une rupture, donc, non pas sur le fond, mais sur la forme : ce qu’il faut changer, selon elle, ce sont "les pratiques politiques".

Ségolène Royal a donc appelé ses soutiens à mener une campagne "imaginative" et "même ludique". Jusqu’en février 2006 seront organisés des "débats participatifs dans toute la France". À cet effet, un kit de campagne intitulé "réussir un débat participatif" a été présenté. La candidate participera, mercredi, au premier d'entre eux à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin). À partir de ces réunions sera ensuite établie une "hiérarchie des priorités".

"La façon dont nous allons nous adresser aux Français les plus éloignés de la politique va compter énormément", a insisté Ségolène Royal en visant "la France qui pense ne compter pour rien". Ce positionnement, qui consiste à s’adresser aux abstentionnistes et aux électeurs tentés de voter pour les extrêmes sans remettre en cause le marché unique européen, est exactement celui d’un autre candidat : François Bayrou. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si le premier secrétaire du PS, François Hollande, a taclé à la tribune un président de l’UDF qui se veut "ni à gauche, ni à droite" : "Il y a là une forme de supercherie : on sait bien que François Bayrou ne sera pas au second tour. Donc, il devra faire un choix. Et, comme à l’habitude, tout centriste fait le même choix, à droite. C’est le destin du centrisme."

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 18/12/2006

(1) sondage sortie des urnes CSA/La Tribune réalisé le 21 avril 2002 auprès de 5 352 personnes

09 décembre 2006

Débat au sein de l'UMP : sans lui mais avec elle

medium_mamsarko.jpgCandidat, Rachid Kaci n'est pas invité à la tribune

Non-candidate, Michèle Alliot-Marie est invitée à la tribune

Les négociations ont duré toute la semaine, et les derniers détails ont été réglés hier entre Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie. Mais l’UMP a enfin trouvé une solution au « casse-tête », selon l’expression d’un ministre chiraquien, auquel étaient confrontés ses dirigeants. Afin de faire bonne mesure face au PS, qui avait organisé des débats entre ses trois candidats à l’investiture (Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius), le parti avait fini par annoncer l’organisation de débats internes. Or, seules deux personnes sont actuellement en lice pour briguer le soutien de l’UMP à la prochaine présidentielle : Nicolas Sarkozy et Rachid Kaci (1). Si le premier, président du parti et numéro deux du gouvernement, est un des favoris des sondages, le second est inconnu du grand public voire des militants, même s’il s’était présenté en 2002 à la présidence du mouvement. Quant au gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, député UMP et candidat à l’élection présidentielle, il a de toute façon décidé de ne pas participer à la procédure de désignation interne.

Se refusant à organiser un débat entre les deux candidats déclarés, les dirigeants du parti majoritaire ont monté une usine à gaz pour trouver à Nicolas Sarkozy d’autres débatteurs. Trois forums interrégionaux seront mis en place autour du triptyque républicain : « la liberté » aujourd'hui à La Défense (Hauts-de-Seine), « l’égalité » à Lyon le 15 décembre et « la fraternité » à Bordeaux le 21 décembre. Finalement, deux personnalités seront systématiquement présentes à la tribune : Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie. Bien que n’ayant pour l’instant pas déclaré sa candidature à l’élection présidentielle, l’ancienne présidente du RPR bénéficiera d’un traitement de faveur car elle n’a pas exclu de briguer le suffrage des adhérents du parti, la clôture du dépôt des candidatures ayant été fixée au 31 décembre. Rachid Kaci, en revanche, candidat déclaré, lui, n’aura pas accès à la tribune ! Enfin, Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie seront entourés à chaque fois de deux personnalités différentes. D’une part, les trois présidents de groupes parlementaires : Bernard Accoyer (Assemblée nationale), Josselin de Rohan (Sénat) et Margie Sudre (délégation UMP au Parlement européen). D’autre part, trois dirigeants censés représenter les principales « sensibilités » du mouvement : François Fillon, ancien porte-parole du RPR, Gérard Longuet, ancien président du Parti républicain (libéral), et Pierre Méhaignerie, ancien président du Centre des démocrates sociaux (centriste).

Ces trois débats seront accessibles aux caméras de télévision et devraient donc être retransmis sur les chaînes parlementaires et les chaînes d’information continue. Ils seront introduits et animés par Jean-Pierre Raffarin. Tandis que les débatteurs devraient être questionnés par « six députés de la nouvelle génération » (2), des militants et, modernité oblige, des internautes.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 08/12/2006

(1) les candidats doivent être parrainés par 75 conseillers nationaux de l'UMP (3% des membres du Conseil national), répartis sur au moins 10 départements

(2) Épilogue : Rachid Kaci a fait partie in extremis des personnes présentes à la tribune, aux côtés de cinq (et non, du coup, six) députés : Christine Boutin, Françoise de Panafieu, Axel Poniatowski, Valérie Pécresse et Marie-Anne Montchamp

08 décembre 2006

comparaison des programmes UMP et UDF (4)

medium_mariage.jpgQuestions de société

Nicolas Sarkozy et François Bayrou sont tous les deux hostiles au mariage homosexuel mais proposent respectivement, éventuellement en mairie, un "contrat d'union civique" et une "union civile". En revanche, seul François Bayrou se déclare favorable à l'ouverture de l'adoption simple (par opposition à l'adoption plénière) pour les couples de même sexe.

Nicolas Sarkozy propose par ailleurs toute une série de nouveaux droits en direction de publics différents : pré-majorité pour les mineurs entre 16 et 18 ans, droit de vote pour tous les étrangers aux élections locales, opposabilité de certains droits devant les tribunaux (logement, garde des enfants de moins de trois ans, dépendance des personnes âgées, scolarité des enfants handicapés, accès des personnes handicapées aux équipements et aux transports publics), "discrimination positive"...

07 décembre 2006

comparaison des programmes UMP et UDF (3)

medium_impots.jpgDette et impôts

L'UDF et l'UMP veulent tous les deux interdire que le déficit budgétaire résulte des dépenses de fonctionnement et ne l'autoriser que pour financer des dépenses d'investissement. L'UMP avance en outre l'idée libérale d'"introduire dans la Constitution un taux maximum de prélèvements obligatoires à l'échelle de la Nation". Se faisant cette fois plus conservateur que libéral, Nicolas Sarkozy est par ailleurs "pour la suppression des droits de succession". Une idée que le programme législatif de l'UMP, en retrait par rapport à son président, n'envisage que pour "les patrimoines petits et moyens".

Si aucun des deux partis n'envisage de supprimer l'ISF, l'un et l'autre veulent atténuer ses effets sur les classes moyennes supérieures. L'UMP entend "explorer la piste de l'exonération totale ou partielle de la résidence principale". Tandis que François Bayrou propose, à l'inverse, d'instaurer un "taux léger" et, afin de maintenir les rentrées fiscales à leur niveau actuel, de supprimer les "multiples exemptions qui permettent d'y échapper".

06 décembre 2006

comparaison des programmes UMP et UDF (2)

medium_35heures.jpgTravail, emploi et affaires sociales

Ni l'UMP ni l'UDF n'entendent revenir sur la durée légale du travail (35 heures hebdomadaires), mais l'un et l'autre veulent exonérer les heures supplémentaires de charges sociales. L'UDF envisage en outre d'instaurer une prime d'heures supplémentaires de 35% pour tous les salariés, alors qu'actuellement elle est de 10% dans les entreprises de moins de 20 salariés et de 25% dans celles de plus de 20 salariés.

Les deux partis proposent l'instauration d'un contrat de travail unique à droits progressifs et cherchent également le moyen de ne plus faire peser les charges sociales sur le seul travail. Le parti de Nicolas Sarkozy propose de "transférer une partie de la fiscalité portant sur le travail vers la fiscalité écologique". François Bayrou parle également de "fiscalité sur les énergies fossiles", tout en avançant, sans pour l'instant trancher, quatre autres pistes : hausse de la CSG, taxe sur la valeur ajoutée des entreprises, TVA sociale, taxe sur les mouvements financiers inspirée de la taxe Tobin. L'UDF veut par ailleurs offrir aux entreprises la possibilité de créer deux "emplois francs", c'est-à-dire exonérés de charges sociales (à l'exception de 10% pour l'assurance vieillesse).

En ce qui concerne les minima sociaux, l'un et l'autre veulent les et instaurer des contreparties. L'UMP parle ainsi de "contrat unique de solidarité prévoyant des droits et des devoirs (formation, activité d'intérêt général…)". De son côté, François Bayrou évoque l'idée d'une "allocation sociale universelle par points (cumulable et dégressive avec le retour à l'emploi)" et d'une "activité universelle" dans le secteur non concurrentiel (collectivités locales, associations). Le président de l'UDF semble toutefois encore hésiter sur la nature de cette dernière, parlant à la fois de "contrepartie à l'octroi de toute allocation" ou de "rémunération complémentaire" permettant "aux titulaires de minima sociaux d'arrondir leurs fins de mois".