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19 décembre 2010

Convergence nouvelle entre extrême droite, laïques et féministes

Le public était aussi nombreux qu'hétéroclite, samedi, aux "assises internationales sur l'islamisation de nos pays" organisées à Paris par le Bloc Identitaire et Riposte Laïque, en présence notamment du député allemand René Stadtkewitz (récemment exclu de la CDU) et surtout du député suisse Oskar Freysinger (UDC), l'homme de la votation anti-minaret de 2009, dont c'était la première prise de parole publique en France.

"Depuis une semaine nous avons fait des tentatives avec des élus UMP et PS: aucun n'a accepté sous la pression de leurs états-majors de venir à ces Assises", regrette toutefois Pierre Cassen, fondateur de Riposte Laïque. L'"invité surprise" pressenti, Xavier Lemoine (UMP), maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), a donc été remplacé par l'islamologue Anne-Marie Delcambre.

Les deux mouvements à l'origine de cette initiative, qui avaient déjà organisé ensemble un "apéro géant saucisson et pinard" le 18 juin dernier, illustrent une nouvelle convergence islamophobe - puisque considérant que l'islam en tant que tel est par nature islamiste - entre, d'un côté, activistes d'extrême droite, et, de l'autre, militants laïques et féministes.

Présidé par l'ancien skinhead Fabrice Robert, le Bloc Identitaire a été créé par une partie des anciens dirigeants d'Unité Radicale, dissout après la tentative d'assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie, le 14 juillet 2002. Auparavant, en avril 2002, le groupuscule avait adopté, sous l'impulsion notamment de Fabrice Robert, une nouvelle orientation consistant à "tourner la page de l'islamophilie judéophobe". Cette nouvelle orientation avait entraîné une rupture avec le dirigeant historique Christian Bouchet, fidèle à la ligne pro-arabe du courant nationaliste-révolutionnaire et aujourd'hui soutien de Marine Le Pen au sein du FN.

Riposte Laïque est issue en septembre 2007 d'une scission de ReSPUBLICA, "journal de la gauche républicaine, laïque, écologique et sociale". Ce journal en ligne était lié au parti Initiative Républicaine, aujourd'hui disparu, et à l'Union des Familles Laïques (UFAL). Ce qui explique pourquoi l'UFAL a dénoncé, le jour même de la tenue de ces Assises, "l'acte de naissance de la nouvelle extrême droite européenne".

Pierre Cassen a rompu avec ReSPUBLICA, dont il était rédacteur en chef, pour deux raisons. D'une part, afin de "militer pour le rassemblement des laïques et des républicains des deux rives, de gauche comme de droite". D'autre part, pour mettre un terme à, selon lui, "la sous-estimation de l'offensive islamiste". Riposte Laïque estime en outre que cette "offensive islamiste" est "relayée et encouragée par les autres religions qui y voient une occasion unique de retrouver place dans la Cité".

Au-delà de l'islamophobie, tout oppose pourtant le Bloc Identitaire, partisan d'une France fédérale sur la base d'un régionalisme ethno-culturel, et Riposte Laïque, défenseur de la République une et indivisible. Présidente de la Ligue du droit des femmes, cofondée avec Simone de Beauvoir en 1974, Anne Zelensky a d'ailleurs été huée par les participants d'extrême droite lorsqu'elle a rappelé son combat en faveur de la légalisation de l'IVG. "Mon objectif n'est pas de savoir avec qui je m'allie mais pour quoi je m'allie", a ensuite mis en avant l'intéressée pour justifier cette alliance avec le Bloc Identitaire, en précisant que "s'allier n'est pas s'aligner".

Reste que la collaboration entre les deux tendances n'a semble-t-il pas été toujours facile. Un micro laissé allumé a ainsi permis d'entendre sur Internet (1) Christine Tasin, présidente de l'association Résistance Républicaine, dire à Anne Zelensky que "ces salopards" d'Identitaires avaient refusé son texte qui "n'allait pas assez dans leur sens" car "c'était trop universaliste".

De fait, dans un discours sans nuance, Fabrice Robert a clamé que "l'Islam est par essence totalitaire" et que "pour repousser l'islamisation, il faudra d'abord neutraliser politiquement ses collabos", c'est-à-dire "ceux qui nous dirigent aujourd'hui à Paris et à Bruxelles". Avant de conclure: "Comme à Poitiers (2) et à Vienne (3), nous gagnerons".

 

(1) N'ayant pas pu m'y rendre, j'ai suivi ces Assises sur Internet
(2) 732, contre les Arabes
(3) 1683, contre les Ottomans

10 décembre 2010

Jean-Louis Borloo recoiffe Marianne

Mon petit bilan du "dîner de la République" de Jean-Louis Borloo:

 

Sur la forme:

  • ambiguïté sur la nature de l'évènement: réunion politique ou colloque sur la loi de 1905? Certains étaient venus pour le premier aspect, d'autres exclusivement pour le second.
  • il s'agissait donc davantage pour Jean-Louis Borloo d'un test (réussi) de notoriété personnelle que de capacité de mobilisation politique.

 

Sur le fond:

  • discours très ferme et courageux contre "le communautarisme et l'intégrisme", pour le modèle républicain français d'intégration et de citoyenneté, c'est-à-dire contre le multiculturalisme et pour l'assimilation ("la République demande à chacun d'entre nous de mettre de côté nos origines, nos appartenances").
  • pour le reste: proclamation par Jean-Louis Borloo de valeurs consensuelles (la République, le progrès, la justice, l'égalité, la fraternité) sans en donner sa propre définition, c'est-à-dire sans prendre le risque de cliver.
  • mais peut-on parler de laïcité "parfois menacée" sans évoquer la "laïcité positive" (antilaïque) de Nicolas Sarkozy? Peut-on parler de fiscalité républicaine en s'interrogeant sur le concept même de niche fiscale ("n'est-il pas, pour l'essentiel, étranger à la conception républicaine de la fiscalité?") sans dénoncer la tendance, depuis 1993, à la remise en cause de la progressivité de l'impôt (remise en cause dont Jean-Louis Borloo fut solidaire en tant que membre de gouvernements qui y ont participée)?

 

La petite phrase:

  • "Oui, les conservateurs ont l'air raisonnable, sérieux, bien coiffés. Mais en réalité, ce sont eux qui ne sont pas raisonnables. Ce sont eux qui ne sont pas professionnels. Car un professionnel s'adapte toujours au progrès et au mouvement".
  • cette petite phrase visait implicitement François Fillon, que Jean-Louis Borloo ambitionnait de remplacer à Matignon; il s'agit en quelques sortes de la réponse de Jean-Louis Borloo aux attaques implicites de François Fillon, le 4 novembre dernier, en plein débat sur le choix du Premier ministre.

 

P.S.: me recevant auparavant, avec une quinzaine de confrères, au siège du Parti radical, Jean-Louis Borloo s'est refusé de répondre non seulement à nos questions stratégiques et partisanes mais également de positionnement idéologique: centriste? républicain? démocrate? "J'ai déjà du mal à combiner Jean-Louis et Borloo...", nous a-t-il lâché!

21 juin 2010

Alain Finkielkraut et l'équipe "de France"

Tout est dit !

 

 

 "...Une bande de onze petites frappes, ça ne fait pas une équipe qui nous représente..."

"...On voit l'esprit de la cité se laisser dévorer par l'esprit des cités..."

"...On ne peut pas sélectionner en équipe de France des gens qui se foutent de la France..."

07 avril 2010

Assumez la décentralisation !

L'idée de décentralisation est fondée sur le principe que, pour les affaires les concernant, les collectivités locales doivent être librement administrées par un conseil élu. Cette libre administration suppose qu'elles jouissent d'une autonomie financière, c'est-à-dire de la liberté de fixer leurs recettes (impôts locaux) et leurs dépenses.

Décentraliser une compétence, c'est donc faire le choix politique que ladite compétence est une affaire locale et non une affaire nationale.

Transférer aux départements le Revenu de Solidarité active (RSA, ex-RMI), l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) et la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), c'est ainsi affirmer que ces prestations ne sont pas nationales mais territoriales.

 

De deux choses l'une.

Soit on assume la décentralisation de ces prestations, ce qui implique que les conseils généraux, et non l'État, en déterminent librement le montant et en assurent intégralement le financement.

Soit on recentralise ces prestations qui, selon moi, doivent effectivement relever de la solidarité nationale.

14 janvier 2010

Marine Le Pen, républicaine?

Comment en est-on arrivé là?

Je viens de regarder le débat, sur France 2, entre Éric Besson (UMP) et Marine Le Pen (FN). Quel désastre !

Marine Le Pen a en effet eu beau rôle de défendre le principe constitutionnel d'"égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion" face à un ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale qui défendait, lui, une politique de "discrimination positive" et la notion de "diversité" ethno-raciale.

Comment en est-on arrivé là pour que ce soit l'extrême droite qui défende la République?

Bien entendu, le FN n'est absolument pas crédible dans ce rôle, puisqu'il s'agit justement du premier parti à avoir introduit en politique une différenciation entre citoyens français à travers l'utilisation de l'expression "Français de souche" (pour les démographes de l'Ined, le Français de souche est celui qui n'a pas au moins un de ses grand parent immigré).

Après avoir abandonné dans les années quatre-vingt la Nation à l'extrême droite, pourquoi faut-il qu'aujourd'hui la droite et la gauche de gouvernement lui abandonnent la République?

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