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29 octobre 2010

Radioscopie des droites européennes

La Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), qui a pour directeur général le politologue Dominique Reynié, s'est lancée dans une passionnante entreprise d'état des lieux des droites européennes en sollicitant l'expertise d'analystes des États concernés. Après la Grande-Bretagne (avril 2010), l'Italie (juillet), la Suède et le Danemark (juillet) puis la Pologne (août), Joan Marcet – directeur de l'Institut de Ciències Polítiques i Socials rattaché à l'Université autonome de Barcelone – se demande en octobre où en est la droite en Espagne (1).

L'auteur étudie les origines, l'organisation, les réseaux et l'idéologie de la droite espagnole, aujourd'hui rassemblée au sein du Partido Popular. "Par ses options stratégiques, par ses aspects idéologiques ou programmatiques, la droite espagnole diffère peu de ses homologues européennes", conclut Joan Marcet. Il n'en reste pas moins qu'au fil des pages se dessine une droite dont "les contradictions et les ambiguïtés (…) trouvent probablement leur cause dans l'histoire complexe de la droite espagnole, qui a dû s'adapter, sans l'intégrer à son corpus idéologique, à la modernisation démocratique et institutionnelle de l'Espagne".

À travers ces publications, la Fondation pour l'innovation politique – qui se définit comme "libérale, progressiste et européenne" – dote la droite française de gouvernement du même outillage idéologique que le PS avec la Fondation Jean-Jaurès. Un espace jusque-là vacant, puisque la Fondation Robert-Schuman, au centre droit, concentre ses activités sur la seule construction européenne. Quelles que soient ses opinions, tout citoyen intéressé par le débat d'idées ne peut que s'en réjouir.

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 22 octobre 2010

 

(1) Où en est la droite ? L'Espagne. Note de la Fondation pour l'innovation politique, octobre 2010, 3 €, 33 pages
Les notes sont également téléchargeables gratuitement sur le site de la Fondapol : http://www.fondapol.org

27 octobre 2010

Analyse par parti du vote sur la réforme des retraites

Analyse par parti du vote définitif sur la réforme des retraites au Sénat et à l'Assemblée nationale:

 

1. Ont voté pour tous les parlementaires UMP (hors République Solidaire), Nouveau centre, Alliance centriste et MPF

2. Ont voté contre tous les parlementaires PS, PCF, PRG, Verts, MRC et Parti de Gauche

3. S'est abstenu l'unique parlementaire Gauche Moderne

4. Se sont divisés les parlementaires MoDem, République Solidaire et Debout la République

 

4. 1. Les parlementaires du MoDem:

- Assemblée nationale: 3 contre (Abdoulatifou Aly, François Bayrou, Jean Lassalle)

- Sénat: 5 abstentions (Denis Badré, Marcel Deneux, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Jégou, Jean-Marie Vanlerenberghe); 1-3 pour (Didier Borotra, Adrien Giraud, Anne-Marie Payet)

N.B.: en congé du MoDem, Nicolas About a voté pour - les sénateurs Adrien Giraud et Anne-Marie Payet oscillent entre le MoDem et l'Alliance centriste

 

4. 2. Les parlementaires de République Solidaire:

- Assemblée nationale: 5 pour (François Goulard, Guy Geoffroy, Jacques Le Guen, Marie-Anne Montchamp, Michel Raison); 4 abstentions (Marc Bernier, Daniel Garrigue, Jean-Pierre Grand, Jean Ueberschlag)

- Sénat: 1 abstention (Pierre Jarlier)

 

4. 3. Les parlementaires de Debout la République:

- Assemblée nationale: 1 contre (Nicolas Dupont-Aignan); 1 abstention (François-Xavier Villain)

 

N.B.: trois sénateurs divers droite se sont par ailleurs abstenus: Gaston Flosse, Nathalie Goulet et Jean Louis Masson

23 octobre 2010

Réforme des retraites: le vote éclaté des "petits" partis de droite et du centre

Petit point sur les votes divergents des parlementaires de partis de droite et du centre ne disposant pas de groupe parlementaire propre à l'Assemblée nationale et au Sénat:

 

1) Les parlementaires du MoDem:

- Assemblée nationale: 3 contre (Abdoulatifou Aly, François Bayrou, Jean Lassalle)

- Sénat: 5 abstentions (Denis Badré, Marcel Deneux, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Jégou, Jean-Marie Vanlerenberghe), 1-3 pour (Didier Borotra, Adrien Giraud, Anne-Marie Payet)

N.B.: en congé du MoDem, Nicolas About a voté pour - les sénateurs Adrien Giraud et Anne-Marie Payet oscillent entre le MoDem et l'Alliance centriste

 

2) Les parlementaires de République Solidaire:

- Assemblée nationale: 7 abstentions (Marc Bernier, Daniel Garrigue, François Goulard, Jean-Pierre Grand, Jacques Le Guen, Marie-Anne Montchamp, Jean Ueberschlag), 2 pour (Guy Geoffroy, Michel Raison)

- Sénat: 1 abstention (Pierre Jarlier)

 

3) Les parlementaires du MPF:

- Assemblée nationale: 2 abstentions (Véronique Besse, Dominique Souchet)

- Sénat: 1 pour (Philippe Darniche)

 

4) Les parlementaires de Debout la République:

- Assemblée nationale: 1 contre (Nicolas Dupont-Aignan), 1 abstention (François-Xavier Villain)

 

[Pour le vote par parti sur le texte définitif issu de la CMP, c'est ici]

21 octobre 2010

Réforme des retraites: réflexions en vrac

N'ayant pas le temps de rédiger une véritable note sur la réforme des retraites, quelques réflexions en vrac:

 

a) Petit rappel (cf. mon Twitter du 12 octobre): lors du Conseil européen des 15 et 16 mars 2002, aussi bien Jacques Chirac (PR, RPR) que Lionel Jospin (PM, PS) ont acté qu'"il faudrait chercher d'ici 2010 à augmenter progressivement d'environ cinq ans l'âge moyen effectif auquel cesse, dans l'Union européenne, l'activité professionnelle". C'est-à-dire 63 ans, comme le rappelle le site Internet du gouvernement luxembourgeois: "d'ici 2010 augmenter progressivement d'environ 5 ans l'âge moyen effectif de cessation d'activité professionnelle (58 ans actuellement)".

 

b) J'en ai marre d'entendre la majorité de droite répéter qu'il n'y a pas d'autre réforme des retraites possible (on peut jouer sur les autres paramètres ou proposer une réforme systémique) ou que "la réforme actuelle n'est ni de droite ni de gauche: c'est la réforme du bon sens" (François Fillon se prenant pour Jean-Pierre Raffarin), novlangue libérale et négation du débat d'idée. C'est passé presque inaperçu, mais le Sénat a justement adopté, mercredi, un amendement du rapporteur UMP Dominique Leclerc - reprenant mot à mot un amendement du groupe Union centriste - sur l'organisation "à compter du premier semestre 2013" d'"une réflexion nationale sur les objectifs et les caractéristiques d'une réforme systémique de la prise en charge collective du risque vieillesse".

 

c) J'en ai marre d'entendre l'opposition de gauche confondre "le peuple" et "la rue", et conférer à cette dernière davantage de légitimité que le bulletin de vote. Je suis d'ailleurs favorable à ce que le peuple se prononce directement par référendum sur les grandes réformes structurantes du pacte républicain. Ce qu'aurait pu être une vraie réforme des retraites, et pas ce nouveau sparadrap destiné à tenir jusqu'en 2018, comme me l'avouait un conseiller de Nicolas Sarkozy: "Vous avez eu les réformes de 1993, 2003 et 2010: vous aurez celle de 2018. En termes d'acceptabilité politique et sociale, la grande réforme qui règle tout n'est pas possible en France. Il faut donc faire une réforme tous les dix ans".

 

d) En tant que citoyen, je suis pour 1) l'abrogation des directives européennes de libéralisation des services publics et la restauration des services publics (=monopole d'État; les "services d'intérêt économique général" de l'UE ne sont pas des services publics) 2) l'interdiction du droit de grève lorsqu'il y a un monopole public: en démocratie, un fonctionnaire ou assimilé ne fait pas grève contre l'État, c'est-à-dire contre lui-même et ses compatriotes (l'État, c'est nous).

18 octobre 2010

Quelle réforme fiscale ?

N'ayant malheureusement pas le temps de le reproduire sur mon blog en ajoutant ce que j'ai coupé pour des raisons de place, je vous invite à lire mon article publié ce lundi dans La Croix sur la réforme fiscale:

La question fiscale revient au cœur du débat politique

 

12 octobre 2010

Radioscopie des députés UMP (2/2)

II. RPR, DL, UDF: que sont-ils devenus?

 

A. Les courants de l'UMP

Comme nous l'avons vu dans la première partie de cette radioscopie des députés UMP, trois grands courants sont censés correspondre idéologiquement aux trois grandes familles politiques qui ont convergé - totalement ou partiellement - dans l'UMP.

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La continuité est donc plus ou moins forte selon les familles politiques:

- 88% des ex-DL adhèrent aux Réformateurs, soit 45 députés dont 37 "purs" (c'est-à-dire n'adhérant pas parallèlement à un autre courant)

- 85% des ex-UDF adhèrent aux "centristes de l'UMP", soit 44 députés dont 29 "purs".

- 20% seulement des ex-RPR adhèrent au Chêne, soit 32 députés dont 22 "purs"; ils sont quasiment autant à adhérer aux Réformateurs: 17%, soit 28 députés dont 19 "purs" (9 participent à la fois au Chêne et aux Réformateurs).

- au total, 28% des ex-RPR adhèrent à au moins une structure d'inspiration gaulliste (Le Chêne, Union des Démocrates pour le Progrès, République Solidaire, Club Nouveau Siècle), soit 46 députés.

 

B. Les ex-RPR:

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Les ex-RPR sont peu marqués idéologiquement, hormis un tropisme autoritaire (32% des ex-RPR). Cette particularité s'explique par le passage du gaullisme au néogaullisme pompidolien puis chiraquien, se traduisant par leur acceptation de l'intégration européenne et atlantique d'une part, leur conversion au libéralisme économique d'autre part (à travers la mise en sourdine du gaullisme économique et sociale: planification et interventionnisme de l'État, association capital-travail). Les "sociaux/autoritaires", sans doute les plus proches du gaullisme gaullien, ne représentent ainsi aujourd'hui que 3% des ex-RPR... avec cinq députés !

 

C. Les ex-DL:

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Les ex-DL forment une famille idéologique très cohérente:

  • 80% de libéraux économiques
  • 72% de libéraux anti-autoritaires
  • 54% de libéraux/libéraux; à noter tout de même 24% de libéraux/autoritaires, signe de l'ambivalence du positionnement des libéraux (matérialisée sous la IIIe République par la division entre l'Alliance démocratique au centre-droit et la Fédération républicaine flirtant avec la droite de la droite)

 

D. Les ex-UDF:

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Les ex-UDF forment, comme les ex-DL, une famille idéologique cohérente:

  • 63% de "sociaux"
  • 79% de libéraux anti-autoritaires
  • 53% de sociaux/libéraux

 

11 octobre 2010

Radioscopie des députés UMP (1/2)

Les débats autour du "bouclier fiscal" et du projet de loi "relatif à l'immigration, à l'intégration et à la nationalité" rappellent que l'UMP est un parti idéologiquement hétérogène.

Contrairement à une idée de plus en plus répandue, la création en 2002 de l'UMP ne correspondait en effet pas à une mythique "réunification des droites" mais à la fusion inédite de familles politiques historiquement distinctes.

Je vous propose donc pour iPolitique.fr une étude sur les clivages et les rapports de force actuels au sein du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Pour réaliser ce travail inédit, j'ai classé chaque député UMP en fonction d'une trentaine de paramètres regroupés en trois catégories: appartenance actuelle ou passée à un parti ou à un club; votes à l'Assemblée nationale; signatures de propositions de loi ou d'amendements.

Sur 314 membres du groupe UMP, 83 députés (26%) ne se signalent par aucune prise de position les démarquant de leurs collègues et en forment en quelque sorte le "marais".

 

Cette étude sera publiée en deux temps:

I. Radioscopie des députés UMP

II. RPR, DL, UDF: que sont-ils devenus?

 

I. Radioscopie des députés UMP

 

A. Origine partisane des députés UMP

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Les députés UMP restent majoritairement issus du RPR (52% contre 58% en 2002). La différence la plus frappante par rapport au lendemain des élections législatives de 2002 est le nombre de députés que je ne rattache à aucun des trois grands partis (5% en 2002, 15% aujourd'hui). C'est la signe de l'émergence d'une "génération UMP", soit qui ne détenait pas de mandat significatif avant 2002, soit entrée en politique depuis la création de l'UMP. Dans cette catégorie, les femmes (progression de la parité) et les suppléants de députés (membres du gouvernement ou décédés) sont surreprésentés.

 

B. Les trois grands courants

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Trois grands courants structurés sont censés correspondre idéologiquement aux trois grandes familles politiques qui ont convergé - totalement ou partiellement - dans l'UMP:

  • Les Réformateurs (REF) pour les libéraux (Hervé Novelli, Gérard Longuet): 99 députés dont 66 "purs" (c'est-à-dire n'adhérant pas à un autre courant).
  • Les "centristes de l'UMP" (CENT: Pierre Méhaignerie, Marc-Philippe Daubresse): 61 députés dont 41 "purs". On peut en outre ajouter 11 députés membres du Parti radical valoisien ou du Parti chrétien-démocrate qui ne participent pas parallèlement aux "centristes de l'UMP".
  • Le Chêne pour les néogaullistes (Michèle Alliot-Marie): 46 députés dont 27 "purs". Le Chêne ne détient toutefois pas le monopole de l'étiquette gaulliste dans la mouvance de l'UMP: au total, 62 députés UMP adhèrent à au moins une structure d'inspiration gaulliste (Le Chêne, Union des Démocrates pour le Progrès, République Solidaire, Club Nouveau Siècle).

Il existe une forte porosité entre ces courants, particulièrement des libéraux aussi bien avec les "centristes de l'UMP" (17 députés adhèrent aux deux courants) qu'avec les néogaullistes du Chêne (16 députés adhèrent aux deux).

 

Au-delà de cette participation à tel ou tel courant, j'ai retenu deux champs de fracture au sein des députés UMP:
- le clivage sociaux versus libéraux
- le clivage autoritaires versus libéraux

 

C. Le clivage sociaux vs libéraux

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L'égalité est presque parfaite entre les "libéraux" (79 députés) et les "sociaux" (72 députés). Sans surprise, les "libéraux" sont majoritairement issus de Démocratie libérale (52%), tandis que les ex-UDF forment le principal contingent des "sociaux" (46%), devant les ex-RPR (39%).

Les "inclassables" sont des députés qui se rattachent tantôt aux "libéraux" tantôt aux "sociaux". Ils se distinguent donc du "marais", formé par les députés qui se signalent par aucune prise de position particulière.

 

D. Le clivage autoritaires vs libéraux

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Il n'est pas inintéressant de constater, même si c'est toujours le "marais" qui fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre, que le noyau dur des "libéraux" (121 députés) est plus nombreux que le noyau dur des "autoritaires" (83 députés). Sans surprise, les "autoritaires" sont très majoritairement issus du RPR (63%).

 

E. Les 4 familles de l'UMP

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En croisant ces deux clivages, nous pouvons identifier quatre familles "pures" au sein du groupe UMP:

  • les libéraux/autoritaires (LI+A): 28 députés
  • les libéraux/libéraux (LI+LI): 43 députés
  • les sociaux/libéraux (SO+LI): 50 députés
  • les sociaux/autoritaires (SO+A): 10 députés

 

 

Radioscopie des députés UMP (2/2) : RPR, DL, UDF: que sont-ils devenus?

09 octobre 2010

Le Nouveau Centre pris en flagrant délit de contradiction

Le conseil national du Nouveau Centre a adopté ce samedi, "à l'unanimité", une motion intitulée "Le choix du centre en 2012".

Magnifique ! Toutes les contradictions que je mettais en avant dans ma note intitulée Hervé Morin veut incarner un centre de droite y figurent :

- tantôt l'aveu d'un positionnement à droite et non au centre : "Il y a trois ans, nous nous sommes fixés tous ensemble l'objectif de reconstruire le grand parti de centre-droit qui manquait à notre pays", "Depuis la candidature de Jean Lecanuet en 1965, la diversité de candidatures a toujours un formidable atout pour le centre-droit et la droite"...

- tantôt la revendication - donc paradoxale et contradictoire - d'un positionnement centriste : "Pour nous, la question des alliances de second tour est claire et déjà tranchée : les alliés du centre sont à droite"...

 

Afin de ne pas répéter encore ce que je répète inlassablement depuis des années, voici un extrait du disours de clôture de François Bayrou lors de la dernière université de rentrée du MoDem, qui rejoint ma pensée :

"(...) Aujourd'hui, les vocations de "centre" se multiplient (...) Vous vous souvenez, ceux qui (...) ne juraient que par le "centre-droit", manière que l'adjectif démente le substantif, que l'adjectif dise le contraire du nom. Puisque si vous êtes centre, c'est que vous n'acceptez pas que le monde se résume à la lutte droite contre gauche. Donc quand vous dites centre-droit (...) : dans le nom "centre" vous dites non au bipartisme, et dans l'adjectif "droit" vous dites oui ! Dans le nom vous résistez, et dans l'adjectif vous signez la capitulation !"

François Bayrou sait d'ailleurs de quoi il parle puisque, avant la création du MoDem, tout ce qu'il dénonce aujourd'hui à propos du Nouveau Centre d'Hervé Morin était valable pour l'UDF ...de François Bayrou !

06 octobre 2010

Les villepinistes espèrent toujours former un groupe à l'Assemblée nationale

C'est un échec politique pour Dominique de Villepin. Alors que vient de s'ouvrir cette semaine la session parlementaire 2010-2011, les députés villepinistes ne sont finalement pas parvenus à trouver suffisamment d'alliés pour former un nouveau groupe. Depuis mai 2009, il suffit pourtant de réunir quinze membres sur un total de 577 députés. Or, si un groupe peut se constituer à tout moment, il lui faut en revanche impérativement exister au début de la session s'il veut bénéficier des droits spécifiques aux groupes d'opposition ou minoritaires et être représenté dans les organes de l'Assemblée nationale. C'est donc raté pour cette session, voire pour la législature. Qu'à cela ne tienne : les villepinistes ne renoncent pas. "Le besoin d'expression libre et indépendante des républicains sociaux se consolide de jour en jour, expose sereinement Marie-Anne Montchamp. Il faut le temps que chacun fasse son chemin, mais je suis absolument certaine que nous y arriverons."

La constitution de ce nouveau groupe se heurte pour l'instant à deux écueils. Le premier est interne : combien d'élus villepinistes sont vraiment prêts à rompre avec le groupe UMP ? Huit députés UMP adhèrent au parti de Dominique de Villepin, République solidaire, auxquels s'ajoute le non-inscrit Daniel Garrigue. Or, sur la réforme des retraites, sept villepinistes se sont abstenus (Marc Bernier, Daniel Garrigue, François Goulard, Jean-Pierre Grand, Jacques Le Guen, Marie-Anne Montchamp et Jean Ueberschlag), tandis que deux autres (Guy Geoffroy et Michel Raison) votaient pour.

Le second écueil est externe : avec qui s'allier pour atteindre le seuil de quinze membres ? Les villepinistes possèdent comme allié naturel le parti gaulliste Debout la République, qui compte deux députés : Nicolas Dupont-Aignan et François-Xavier Villain. Marie-Anne Montchamp avance en outre une "compatibilité" avec l'unique député et président du CNI, Gilles Bourdouleix. Mais ce dernier n'est aujourd'hui "pas prêt à franchir le Rubicon". Un autre député pourrait compléter le dispositif : le "gaulliste social de centre droit" Philippe Folliot (apparenté au groupe Nouveau Centre et porte-parole de l'Alliance centriste). Enfin, quelque huit députés sociaux du groupe UMP, gaullistes ou démocrates-chrétiens, seraient potentiellement intéressés… mais souhaitent attendre et conserver pour l'instant leur anonymat. Tout au moins "jusqu'au remaniement ministériel", confie l'un d'eux. En clair : tout dépendra de l'orientation, plus ou moins sociale, du futur premier ministre.

Cet été, les villepinistes avaient même proposé, non sans débats internes, une alliance technique avec les trois élus du MoDem. Mais François Bayrou - qui aurait également pu renouer à cette occasion avec le député Nouveau Centre Nicolas Perruchot - avait posé comme condition une rupture totale avec l'UMP, aussi bien avec le groupe parlementaire qu'avec le parti. Une condition irrecevable alors que Dominique de Villepin, en tant qu'ancien premier ministre encarté, est lui-même actuellement membre du bureau politique de l'UMP.

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 6 octobre 2010