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23 août 2008

La vie politique en Croatie

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Retour de vacances, et nouveautés sur le site europe-politique.eu : la vie politique en Croatie

- dirigeants et gouvernements croates

élections en Croatie

- partis politiques croates

25 juillet 2008

Quand Nicolas reçoit son copain Barack à la maison

sarkoobama.jpgNicolas Sarkozy a reçu aujourd'hui Barack Obama à l'Élysée (passons sur le côté "petit garçon fébrile dans la cour des grands", comme dirait PPDA, qui dit dans Le Figaro "Obama ? C'est mon copain"). Un passage de la conférence de presse conjointe est particulièrement étonnant :

"Cela fait maintenant près de trois décennies que tous vos ministres des Affaires étrangères n'ont pas des noms américains : Madame Albright, Colin Powell, Madame Rice. C'est pour cela que j'aime les États-Unis. Et c'est pour cela que dans le gouvernement de la France, il y a Rachida Dati, il y a Fadela Amara, il y a Rama Yade, justement pour que chacun ait sa chance."

 

En quoi Albright, Powell et Rice ne sont-ils pas des noms américains ? Sauf à considérer que les origines tchèques de Madeleine Albright n'en font pas une citoyenne américaine comme les autres, de même que la couleur de la peau de Condoleezza Rice et de Colin Powell.

Le 24 septembre 2007, déjà, dans un entretien accordé au New York Times, Nicolas Sarkozy avait affiché cette même approche de la personne humaine :

"Je suis fier d'être l'ami des Américains. Et vous savez, je le dis au New York Times, mais je l'ai dit aux Français, c'est un peu plus courageux et un peu différent. Ecoutez, je n'ai jamais caché mon admiration du dynamisme américain, pour la fluidité de la société américaine, pour sa capacité à porter au plus haut niveau des gens à l'identité différente. Cela fait plus de vingt ans, vingt et un ans que le Secrétaire d'État américain n'est pas un Américain mais un Américain de l'extérieur, Madeleine Albright, Colin Powell, Condoleeza Rice, un grand exemple à suivre."

 

Je pense que Madeleine Albright, Condoleezza Rice (née à Birmingham en Alabama) et Colin Powell (né à New York) ont été ravis d'apprendre qu'ils n'étaient "pas des Américains mais des Américains de l'extérieur" (on critique à juste titre Jean-Marie Le Pen lorsqu'il parle de "Français de souche"; que dirions-nous s'il déclarait que Rachida Dati, Fadela Amara ou Rama Yade "ne sont pas des Françaises mais des Françaises de l'extérieur" !).

Sans parler de l'insistance sur une "identité différente", qui pourrait se comprendre dans la conception multiculturaliste et communautariste américaine, mais qui est plus que choquante dans la bouche d'un président de la République française.

Ce qu'il peut y avoir de plus beau dans l'exemple américain mentionné, c'est justement que la fille et le fils d'immigrés Madeleine Albright (parents immigrés tchèques) et Colin Powell (parents immigrés jamaïcains) aient pu devenir des Américains comme les autres et accéder aux plus hautes fonctions de l'État. Or c'est précisément ce que nie Nicolas Sarkozy (de père hongrois, et alors ?). Ce dernier ne peut en effet pas s'en empêcher : il réduit toujours la personne humaine à son origine. Une conception essentialiste qui heurte profondément ma philosophie existentialiste et mon humanisme. Quant à Condoleezza Rice, elle a été victime du racisme au sein de la société américaine mais n'est pas d'origine étrangère (sauf à considérer que tous les Américains sont d'origine étrangère, à l'exception des Amérindiens).

 

Autre chose de choquant dans les propos de Nicolas Sarkozy :

"C'était en 2005. On a eu de grands affrontements et vous aux États-Unis, vous savez ce que c'est, parce que vous les avez connus aussi. Mais on a une différence entre les affrontements que j'ai eus à gérer comme ministre de l'Intérieur et ceux que vous avez gérés aux États-Unis. C'est qu'il n’y a pas eu un mort en France, il n'y a pas eu une balle qui a été tirée par la police. Les seuls blessés qu'il y ait eu, c'étaient les forces de l'ordre. Mais, depuis mon élection, il n'y a pas eu d'émeutes parce qu'on a mis en place un plan de développement et de formation considérable."

 

Passons, encore, sur le côté fanfaron. La différence fondamentale entre les violences aux États-Unis et en France, ce n'est pas le nombre de victimes, c'est surtout leur caractère : social en France, ethnico-racial aux États-Unis. Que le président de la République n'en ait pas conscience m'inquiète beaucoup...

14 juillet 2008

14 juillet "bling bling"

betancourt.jpgLe 14 juillet 2007, j'avais critiqué le défilé sur les Champs-Élysées de troupes étrangères issues de tous les États membres de l'Union Européenne

Paradoxalement en apparence, je salue cette année le défilé de "casques bleus" de l'ONU (avec le secrétaire général Ban Ki-moon "invité d'honneur" du président de la République), soldats de la paix qui, eux, ne se rattachent à aucun État. La France universelle s'honore donc à les mettre à l'honneur le temps d'un défilé, à l'égal de ses propres troupes nationales.

 

En revanche, deux choses me choquent profondément dans ce 14 juillet 2008 :

- la présence de deux avions militaires étrangers (des MIG 29 roumain et slovène) en hommage à l'OTAN

- la présence dans la tribune présidentielle d'Ingrid Betancourt. Cette française a été libérée. Fort bien. Nous sommes très contents pour elle et sa famille. Mais en quoi la France doit-elle honorer cette femme politique colombienne à l'occasion de la Fête Nationale ? Qu'a-t-elle fait de spécial dans sa vie pour la patrie qui méritât pareil honeur ? C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy exhibait Ingrid Betancourt comme il exhibe volontiers devant ses invités sa Rolex Daytona...

 

N.B. : De retour de l'Élysée...

Glop-Glop. Cette phrase lucide d'Ingrid Betancourt : "Je suis bien consciente que je ne mérite pas cette distinction [la Légion d'honneur, ndlr] mais elle me fait tellement plaisir", ainsi que l'idée d'associer le lycée hôtelier de Dieuze en Moselle (ville dont le 13e régiment de dragons parachutistes est menacé) au déjeuner offert aux chefs de délégations à l'Hôtel de Marigny.

Pas Glop-Pas Glop. Cette phrase niaise et incongrue d'Ingrid Betancourt (mais qui a dû tellement faire plaisir à Nicolas Bruni) : "Je compte sur Carla, avec sa belle voix et son coeur" [pour que les autres otages des FARC soient libérés aussi]

13 juillet 2008

L'Union Méditerranéenne revue et corrigée

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Le Sommet de Paris pour la Méditerranée est en soi un incontestable succès diplomatique pour la France : 43 États représentés au plus haut niveau, c'est-à-dire au niveau des chefs d'État ou chefs de gouvernement.

Succès, également, pour la paix, avec, autour de la même table, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le premier ministre de l'État d'Israël, Ehud Olmert, le président de la République arabe syrienne, Bachar al-Assad, et le président de la République libanaise, Michel Sleimane.

Nul ne saurait retirer cela à Nicolas Sarkozy.

 

L'Union pour la Méditerranée, en revanche, n'apparaît que comme une pâle contrefaçon du projet d'Union Méditerranéenne.

Le génie de l'idée d'Union Méditerranéenne était double. D'une part, il promettait d'ouvrir l'horizon de la France au-delà de la seule fixation européenne. Et, d'autre part, il consistait à sortir du dialogue Nord-Sud pour promouvoir un véritable projet commun entre États, qu'ils soient du Nord ou du Sud, riverains d'une même mer, d'un même berceau de civilisation. Par nature, il s'agissait donc d'un projet fondamentalement contradictoire avec une intégration européenne de la France à finalité fédéraliste. Car construire une Union Méditerranéenne c'eût été considérer que la France possède autant, si ce n'est davantage, de liens historiques et culturels, d'intérêts économiques et politiques, avec les États riverains de la Méditerranée qu'avec ceux de la mer Baltique.

"Que tous nos regards se soient tournés exclusivement vers le Nord et vers l'Est, que le Sud ainsi fût oublié intellectuellement, culturellement, moralement, politiquement, économiquement, que la Méditerranée cessât d'être un lieu d'où jaillissait pour nous la richesse, la culture et la vie, qu'elle cessât de représenter une promesse pour ne plus constituer qu'une menace, n'est pas pour rien dans la crise d'identité et la crise morale que nous traversons", analysait judicieusement le candidat Sarkozy en proposant, pour le coup, une véritable politique de civilisation.

Comme le soulignait explicitement le parallèle sémantique Union Européenne/Union Méditerranéenne, c'est bien d'une construction régionale d'égale nature que l'Europe qu'il s'agissait durant la campagne présidentielle : "C'est à la France, européenne et méditerranéenne à la fois, de prendre l'initiative avec ses partenaires du Sud de l'Europe, d'une union Méditerranéenne comme elle prit jadis l'initiative de construire l'union Européenne (…) Cette Union Méditerranéenne aura vocation à travailler étroitement avec l'Union Européenne, et un jour à avoir avec elle des institutions communes". Inspirée par le gaulliste Henri Guaino, l'Union Méditerranéenne n'avait toutefois en réalité pas l'Union Européenne (intégration supranationale) mais le Conseil de l'Europe (coopération interétatique) pour modèle : "L'union de la Méditerranée aurait un Conseil de la Méditerranée comme l'Europe a le Conseil de l'Europe", expliquait alors Nicolas Sarkozy.

Las ! L'Union Européenne a tué l'Union Méditerranéenne, ne concédant, lors du Conseil européen du 13 mars 2008, que "la relance du Processus de Barcelone, transformé en Union pour la Méditerranée" (ce qui donne en langage technocratique européen : “processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée”). Initié en 1995, le Processus de Barcelone désigne la politique extérieure dite de voisinage de l'Union Européenne vis-à-vis des États du Sud de la Méditerranée, dans le cadre d'un classique dialogue Nord-Sud.

Même si aucun traité européen n'instaure une politique étrangère unique, l'Union Européenne est donc déjà, de fait, exclusive : les États européens ne sont plus autorisés à participer à un autre projet régional conforme à leur histoire et à leurs intérêts. La position de l'Allemande Angela Merkel et celle du Libyen Mouammar Kadhafi ont, d'ailleurs, été exactement la même : oui à un dialogue entre, d'un côté, l'Union Européenne dans son ensemble, et, de l'autre, l'Union Africaine et la Ligue Arabe dans leur ensemble ; non à la construction d'une Union Méditerranéenne regroupant exclusivement les États concernés membres de l'Union Européenne, de l'Union Africaine ou de la Ligue Arabe (raisonnement d'autant plus absurde que ces deux organisations régionales n'ont pas les mêmes États membres !).

Bref, contrairement aux apparences, l'Union Méditerranéenne sera sans doute à inscrire dans la case des promesses non tenues du président de la République.

19 juin 2008

OTAN en emporte le gaullisme

sarko-bush.jpgNicolas Sarkozy a donc confirmé, cette semaine, que la France allait réintégrer le commandement intégré de l'OTAN (Comité des Plans de défense).

 

Deux remarques :

- la France a déjà réintégré, en 1995-1996, sous le septennat de Jacques Chirac, "les instances militaires de l'OTAN qui respectent sa souveraineté" (Conseil des ministres de la défense et Comité militaire), selon l'expression du ministre de la Défense de l'époque, Charles Millon (Revue de l'OTAN, mai 1996).

- l'argumentaire de Nicolas Sarkozy n'est pas convainquant. Qu'a, en effet, plaidé le président de la République dans son discours sur la défense et la sécurité nationale (17 juin 2008) ?

"La guerre froide est terminée. En Europe, nos partenaires sont presque tous membres de l'Alliance. Ils ne comprennent pas pourquoi nous persistons à nous tenir à part. On continue à se demander, en Europe, si la France veut opposer l'Europe de défense et l'OTAN. Moyennant quoi, on européanise pas assez l'OTAN, et on ne fait pas avancer l'Europe de la défense. Observons ce qu'il s'est passé, très intéressant, très intéressant. Une alliance qui n'est pas assez européanisée, une Europe de la défense qui n'avance pas. Beau résultat. Notre position, hors du commandement militaire, entretient une méfiance sur l'objet de notre ambition européenne."

 

Deux commentaires, maintenant :

- "La guerre froide est terminée". Justement, répondrait un gaulliste ! Tout en manifestant, lorsque nécessaire, la solidarité atlantique de la France face au bloc soviétique (crise de Cuba en 1962), Charles de Gaulle a retiré entre 1959 et 1966 la France des instances militaires de l'OTAN malgré le contexte de la guerre froide. Dans la logique gaulliste, la guerre froide étant finie, la France aurait donc encore moins de raison de participer, aujourd'hui, à ses instances militaires (voire même à ses instances politiques ?). Charles de Gaulle avait d'ailleurs envisagé de quitter l'OTAN en tant que telle, dans la perspective de remplacer cette organisation permanente "par une série d'accords bilatéraux" (l'ouverture des archives depuis 1996, selon la loi des trente ans, permet désormais d'approfondir les recherches sur cet épisode historique; lire en particulier l'étude réalisée par Alessandra Giglioli, lauréat de la bourse de recherche de l'OTAN et du Conseil de Partenariat Euro-Atlantique).

- La raisonnement de Nicolas Sarkozy est à l'opposé de la pensée gaulliste (mais peut-être la conception gaulliste de l'indépendance vis-à-vis des États-Unis est-elle dépassée ?). Il s'agit en effet d'une constante de la politique étrangère gaulliste : si Charles de Gaulle s'est opposé à la CED en 1954, si le plan Fouchet d'union politique européenne a échoué en 1961-1962, si le traité franco-allemand de l'Élysée (1963) n'a pas eu la portée politique que voulait lui donner Charles de Gaulle, c'est à chaque fois parce que - et uniquement parce que - les partenaires européens de la France ont refusé de construire une Europe politique en dehors de la relation atlantique. C'est la fameuse "Europe européenne" théorisée par De Gaulle (et détournée par les souverainistes hostiles à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, alors que cette expression gaulliste concerne l'indépendance vis-à-vis des États-Unis et non les frontières géographiques de la construction européenne). Mais, n'étant pas suivie par ses partenaires européens potentiels, et "en attendant que le ciel se découvre, la France poursuit par ses propres moyens ce que peut et doit être une politique européenne et indépendante" (23 juillet 1964). Avec pour conséquence logique la sortie des instances militaires de l'OTAN, en 1966 (mais préparée, en fait, depuis 1959).

C'est cette indépendance vis-à-vis des États-Unis (indépendance ne voulant pas dire opposition systématique) que Nicolas Sarkozy sacrifie aujourd'hui. Pour, si on suit son discours, faire plaisir à nos partenaires européens ("en Europe, nos partenaires ne comprennent pas pourquoi nous persistons à nous tenir à part"; "notre position, hors du commandement militaire, entretient une méfiance sur l'objet de notre ambition européenne").

Charles de Gaulle préférait une France indépendante et pas d'Europe à une France dans une Europe américaine; Nicolas Sarkozy préfère une France dans une Europe américaine à pas d'Europe.

L'Europe, certes. Mais l'Europe pour quoi faire, si ce n'est pas une Europe européenne ? Faire une Europe américaine, c'est en réalité vouloir faire de l'OTAN une ONU-bis occidentale. Alors que ce dernier concept ne veut strictement plus rien dire depuis la fin de la guerre froide. Sauf, ce dont nous avait préservé Jacques Chirac, à alimenter la théorie du choc des civilisations (le monde blanc et chrétien contre le monde arabo-musulman).

 

Pour aller plus loin :

Les États européens face à l'invasion américaine de l'Irak (2003)