Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19 mars 2010

Les deux régions à suivre au second tour des régionales

reg-2010-sortants.gif

***

Alsace : droite et gauche, vrai suspense

L'enjeu est capital pour l'UMP : à défaut de conquérir une région métropolitaine, au moins conserver la présidence du conseil régional d'Alsace. Dès dimanche 14 mars, François Fillon, Jean-François Copé et Xavier Bertrand ont ainsi tous appelé à encourager l'UMP Philippe Richert. Au premier tour, la liste de la majorité présidentielle est, certes, arrivée en tête avec 34,94%. Mais elle est talonnée par le total des listes PS et Europe Écologie (34,57%). Comme prévu, ces deux dernières ont fusionné entre les deux tours, Jacques Bigot (PS) accueillant notamment sur sa liste Jacques Fernique (Les Verts) et Antoine Waechter (Mouvement écologiste indépendant).

Il y a donc triangulaire avec le FN, qui a obtenu 13,49%. Si le MoDem (4,44%) n'a pas dépassé le seuil qui lui aurait permis de fusionner avec la gauche au second tour, Jacques Bigot prend soin dorénavant de présenter sur son site Internet ses colistiers sous trois codes couleurs : rose pour le PS, vert pour Europe Écologie et bleu pour la poignée de centristes qui l'avaient rallié dès le premier tour (parmi lesquels Dominique Hoeffel). Pour l'emporter, la droite devra convaincre une partie de l'électorat des listes éliminées – du MoDem à l'extrême droite régionaliste (4,98%) – et, surtout, des abstentionnistes (56,64%).

***

Guyane : la droite en conquérante

Au regard des résultats du premier tour dimanche 14 mars, la Guyane est devenue un des rares espoirs de conquête pour la majorité présidentielle. Conduite par un candidat d’ouverture, le maire de Cayenne, Rodolphe Alexandre (ex-PSG), la liste sarkozyste a en effet obtenu 40,61%. Loin devant les 23,02% de la liste d'union entre la députée PRG Christiane Taubira (Walwari) et les indépendantistes (MDES : Mouvement de Décolonisation et d'Émancipation Sociale). Mais toutes les listes de gauche qui étaient en situation de le faire ont fusionné entre les deux tours avec cette dernière : Parti Socialiste Guyanais (PSG, 6,14%), Guyane Écologie (5,27%) et À Gauche En Guyane de la députée Chantal Berthelot (5,1%). Soit au total 39,53 %, auxquels on peut ajouter les 1 % de la liste PS. C'est la première fois qu'un rassemblement si large s’opère en Guyane.

En face, la liste de la majorité présidentielle peut compter sur les 14,06% obtenus par des listes dissidentes ou divers droite. Une victoire de la droite en Guyane serait historique, puisque la gauche préside le conseil régional depuis 1983, avec Georges Othily (PSG puis FDG) et Antoine Karam (PSG) depuis 1992. Quoi qu'il en soit, la Guyane a tourné la page des deux forces qui dominaient sa vie politique : le PSG (Élie Castor, Antoine Karam) et les Forces Démocratiques de Guyane (4,8%), d'orientation centriste.

***

P.S.: pour une analyse sur le second tour à La Réunion (autre espoir de conquête de la droite) je vous recommande la lecture du blog "le reste mérite d'être dit"

18 mars 2010

Retour sur la stratégie du MoDem aux élections régionales

Ces élections régionales sont bien entendu un échec pour le MoDem.

Quelle stratégie alternative François Bayrou aurait-il pu mettre en oeuvre ?

- la non-participation aux élections - impossible pour un grand parti.

- la participation aux listes UMP/NC - impossible puisque le MoDem s'est justement construit à partir d'une rupture avec la droite (ce créneau est en outre déjà occupé par le Nouveau Centre).

- la participation aux listes Europe Écologie (stratégie de Corinne Lepage) - impossible car refus des Verts.

- la participation aux listes PS - impossible partout mais effectivement possible dans quelques régions où le président sortant du conseil régional était ouvert au centre (au moins Alsace, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes).

- la participation en listes autonomes au premier tour - stratégie de François Bayrou mise en oeuvre.

 

La seule stratégie alternative pour le MoDem aurait donc été une stratégie à géométrie variable :

- listes autonomes dans une majorité de régions

- alliance avec le PS dans une minorité de régions

 

Cela posé, le MoDem aurait-il obtenu un meilleur score aux élections régionales ? Je ne le pense pas... même s'il aurait eu davantage d'élus (sur les listes PS). Mais je suis en revanche certain qu'on aurait alors attribué l'échec des listes autonomes à une stratégie illisible car à géométrie variable !

En réalité, selon moi le problème du MoDem est triple :

- le MoDem est le parti d'un homme, créé par lui afin de le porter à la présidence de la République; cette caractéristique correspond à la logique de la Ve République (que le PS s'obstine à ne pas vouloir comprendre alors que François Mitterrand l'avait si bien comprise); mais cette caractéristique handicape par nature le MoDem dans les scrutins territorialisés car...

- ...le MoDem est un jeune parti qui manque d'élus locaux (les ex-UDF étant logiquement restés au centre droit, c'est-à-dire au Nouveau Centre); le parti centriste a d'ailleurs réalisé ses trois meilleurs scores là où il présentait de grands élus issus de l'UDF: le député Jean Lassalle en Aquitaine (10,43%), l’ancien député Rodolphe Thomas en Basse-Normandie (8,90%), le maire de Saint-Brieuc et conseiller régional sortant Bruno Joncour en Bretagne (5,36%), ancienne tête de liste UDF aux régionales de 2004 (11,06%); le quatrième candidat à avoir obtenu plus de 5% des suffrages exprimés est Marc Fesneau, conseiller régional sortant en région Centre (5,08%), en faveur duquel ont certainement joué les réseaux de la sénatrice MoDem de Loir-et-Cher Jacqueline Gourault.

- le MoDem est par ailleurs - tout en perdant progressivement son électorat de centre droit - quasiment sur le même segment électoral qu'Europe Écologie, mais, d'une part la dynamique joue en faveur d'Europe Écologie depuis les élections européennes 2009, d'autre part le MoDem ne possède pas de marqueur idéologique propre (comme l'écologie pour Europe Écologie); l'électorat MoDem potentiel a ainsi été capté par Europe Écologie, notamment là où le parti centriste a présenté des anciens Verts (4,57% pour Patricia Gallerneau en Pays-de-la-Loire, 4,44% pour Yann Wehrling en Alsace, 2,51% pour Catherine Levraud en PACA).

 

reg-modem-reg10m.gif
reg-modem-euro09.gif

17 mars 2010

Analyse sur le FN aux élections régionales

Le Front National (FN) a-t-il progressé aux élections régionales ?

Il existe plusieurs façons de répondre à cette question, les militants politiques insistant bien entendu sur celle qui les arrange...

 

1) Les suffrages exprimés aux élections régionales :

élections régionales 1986 09,5%
élections régionales 1992 13,6%
élections régionales 1998 15,0%
élections régionales 2004 14,7%
élections régionales 2010 11,4%

 

2) Le nombre de voix aux élections régionales :

élections régionales 1986 2 658 500
élections régionales 1992 3 375 079
élections régionales 1998 3 273 549
élections régionales 2004 3 564 064
élections régionales 2010 2 223 760

 

3) Le nombre de régions où il a obtenu des conseillers régionaux :

élections régionales 1986 21
élections régionales 1992 21
élections régionales 1998 21
élections régionales 2004 17
élections régionales 2010 12

 

4) Le nombre de conseillers régionaux élus :

(dans l'attente du second tour)

 

5) Les suffrages exprimés aux dernières élections :

élection présidentielle 2007 10,4%
élections européennes 2009 06,3%
élections régionales 2010 11,4%

 

6) Le nombre de voix aux dernières élections :

élection présidentielle 2007 3 834 530
élections européennes 2009 1 091 691
élections régionales 2010 2 223 760

 

 

En réalité, le FN a bénéficié du cumul de deux phénomènes :

 

1) La mobilisation de son électorat :

vote présidentielle 2007 abstention régionales 2010
Ségolène Royal 33%
Jean-Marie Le Pen 36%
Nicolas Sarkozy 47%
François Bayrou 51%

 

2) La fidélité de son électorat :

vote présidentielle 2007 vote régionales 2010
Jean-Marie Le Pen 97% FN
Nicolas Sarkozy 71% majorité présidentielle
Ségolène Royal 64% PS et alliés
François Bayrou 24% MoDem

 

...mais n'a pas retrouvé ses électeurs "siphonnés" par Nicolas Sarkozy en 2007 :

vote Sarkozy présidentielle 2007 vote régionales 2010
71% majorité présidentielle
07% FN
06% PS et alliés
05% Europe - Écologie
03% MoDem

 

 

(analyse effectuée à partir du sondage CSA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France et Europe 1 réalisé sur un échantillon représentatif de 2 026 inscrits le 14 mars 2010)

reg-fn-reg10.gif
reg-fn-euro09.gif
reg-fn-pr07.gif
reg-fn-reg04.gif

16 mars 2010

Résultats définitifs du premier tour des élections régionales

Les résultats définitifs des élections régionales diffusés par le ministère de l'Intérieur ne sont, comme toujours, pas exploitables en l'état. Il est vrai que cette année la classification des listes est particulièrement difficile à opérer à la gauche du PS. Il existe en effet un continuum du PS au NPA, avec pas moins de huit catégories (sans tenir compte des "petits" alliés) :

NPA 15 listes
NPA + PG 3 listes
FDG + NPA 3 listes
FDG 13 listes
PG 2 listes
PCF 1 listes
PS + PCF 5 listes
PS 19 listes

 

Or, les choix du ministère de l'Intérieur sont surprenants :

NPA 15 LEXG
NPA + PG 2 LEXG
1 LDVG
FDG + NPA 3 LCOP
FDG 13 LCOP
PG 1 LCOP
1 LDVG
PCF 1 LCOP
PS + PCF 1 LUG
4 LSOC
PS 18 LSOC
1 LUG

 

Autre incohérence du ministère de l'Intérieur, les deux listes Combat Ouvrier (apparentées à LO en métropole) : l'une est classée LEXG, l'autre LAUT.

 

Voici donc les résultats recalculés par mes soins, en présentant l'ensemble des configurations partisanes possibles :

nombre
de listes

voix

%
exprimés
(1)

%
exprimés
(2)

divers extrême gauche 2 6 429 0,03 1,20
LO (+ CO) 24 213 732 1,10 1,11
NPA 15 403 680 2,07 2,68
NPA + PG 3 64 784 0,33 4,70
FDG + NPA 3 171 930 0,88 7,33
FDG 13 913 556 4,69 5,06 6,86
PG 2 58 368 0,30 3,32
PCF 1 13 108 0,07 10,02
PS + PCF 5 1 097 562 5,64 29,13 34,99
PS et alliés 20 4 596 598 23,60 28,36
divers gauche 18 548 727 2,82 13,55
EE 20 2 029 274 10,42 12,19 12,44
EE + AEI 3 344 648 1,77 12,48
AEI 10 178 739 0,92 2,02
MoDem + AEI 6 180 857 0,93 4,20 4,85
MoDem 16 636 751 3,27 4,41
UMP - NC et alliés 26 5 066 826 26,02 26,02
divers droite 14 172 008
0,88 2,04
DLR + CNI 3 144 952 0,74 3,52
FN 22 2 223 760 11,42 11,74
divers extrême droite 10 173 283 0,89 2,40
régionalistes 8 146 104 0,75 2,88
autres 10 90 037
0,46 1,06

total

254 19 475 713 100,00

(1) % national
(2) % dans les seules régions où une force politique était représentée

N.B. : tableau encore susceptible de modifications à la marge entre les listes autres, divers droite et divers gauche

15 mars 2010

Le retour de l'UDF

C'est passé inaperçu, mais un parti politique a été ressuscité à l'occasion de ces élections régionales : l'UDF !

Deux professions de foi du MoDem ont en effet repris le logo de l'UDF, un des deux partis fondateurs du MoDem avec CAP 21 : celle de Yann Wehrling et Odile Uhlrich-Mallet en Alsace (terre démocrate-chrétienne historique) et celle de Danielle Jeanne et Richard Lecoeur en Haute-Normandie (région d'élection d'Hervé Morin...).

Cette utilisation a bien entendu dû s'effectuer avec l'accord du bureau chargé de garantir et d'administrer les intérêts juridiques, matériels et moraux de l'UDF.

 

Or la marque UDF est doublement revendiquée :

- par la personne morale UDF, propriétaire des marques "Nouvelle UDF" (depuis le 17 octobre 2008), "UDF" (4 mai 2007), "Union pour la Démocratie Française" (4 mai 2007), "Parti démocrate - UDF" (25 avril 2007) et "UDF LE PARTI LIBRE" (1er février 2006).

- par le Nouveau Centre d'Hervé Morin, auquel a adhéré l'ancien giscardien Hervé de Charette, propriétaire, à travers la Convention démocrate - Fédération des clubs Perspectives et Réalités, de la marque "UNION POUR LA DEMOCRATIE FRANCAISE U.D.F." (depuis le 8 mars 2004). La personne morale PSLE - Le Nouveau Centre a par ailleurs racheté le 2 décembre 2009 à Steven Zunz la marque "UDF - ALLIANCE" (déposée le 5 février 1999).

 

Si le Nouveau Centre possède l'antériorité du dépôt de la marque (2004 voire 1999), la personne morale UDF en possède l'usage depuis sa création, en 1978.

Puisque François Bayrou ne l'utilisait plus depuis 2007 (l'UDF étant en quelque sorte en sommeil), Hervé Morin espérait relever l'usage du sigle UDF, son parti ayant ajouté l'année dernière sous son logo le sous-titre "l'UDF d'aujourd'hui".

Après les régionales, cette argumentation s'effondre.

 

udf.jpg