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14 décembre 2011

L'Europe, cheval de Troie du néolibéralisme?

Voici mon article sur la thématique "libéralisme" dans le dossier de La Croix "Accusée Union europénne, levez-vous!" (présentation ici):

Lire: Une Europe cheval de Troie du néolibéralisme

La Croix

Une Europe non démocratique?

Voici mon article sur la thématique "démocratie" dans le dossier de La Croix "Accusée Union europénne, levez-vous!" (présentation ici):

Lire: Une Europe non démocratique

La Croix

09 décembre 2011

Accusée Union europénne, levez-vous!

Je vous invite vivement à acheter La Croix de ce jour, avec un dossier spécial présentant les arguments "pour" et "contre" l'actuelle construction européenne.

Pour chaque thématique ("démocratie", "libéralisme", "identité", "influence"), un journaliste de La Croix s'est fait accusateur et un autre défendeur.

(j'ai personnellement joué le rôle d'accusateur sur L'Union européenne non démocratique et sur L'Union européenne cheval de Troie du néolibéralisme).

La Croix

25 novembre 2011

Droit de vote des étrangers aux élections locales: les principaux arguments "pour" et "contre"

Citoyenneté plurielle ou indivisible?

http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Parti...

23 novembre 2011

Pourquoi je demeure contre le droit de vote des étrangers

La question du droit de vote et d'éligibilité des étrangers (1) revient dans le débat politique. En tant que citoyen, j'y suis franchement et résolument hostile.

Pour deux raisons essentielles:

1. Lien indissociable entre citoyenneté (droit de vote) et nationalité - je ne développe pas cette idée, maintes fois expliquée par des politologues, des juristes, des philosophes et des politiques.

2. Lutte contre le tribalisme et le communautarisme, qui tendent à faire passer avant l'appartenance à la communauté nationale des appartenances que la République se doit par nature de ne pas reconnaître (fondées sur l'origine géographique, la couleur de peau, la religion, etc.).

La seule inégalité légitime en République est en effet celle fondée sur la distinction entre nationaux et résidents étrangers (qui n'ont, précisément, pas le droit de vote ou pas accès à certains emplois publics), les citoyens étant, eux, égaux devant la loi sans distinction d'origine, de race supposée ou de religion. Ceci contrairement au discours d'extrême droite consistant à trier les Français en fonction de leur origine (expression "Français de souche") ou de leur religion (hier les Français protestants ou juifs, aujourd'hui les Français musulmans).

Réserver le droit de vote aux seuls nationaux (parallèlement à la suppression de la binationalité en cas de naturalisation), c'est donc favoriser l'assimilation républicaine en participant de la prise de conscience de la part des Français d'origine étrangère que leur communauté de destin c'est désormais celle qu'ils forment avec tous leurs concitoyens Français (avec lesquels ils partagent des droits exclusifs (2)), et non pas, par exemple, avec leurs voisins de palier étrangers, même s'ils possèdent la même origine, la même couleur de peau ou pratiquent la même religion qu'eux.

En réalité, pour être honnête, il n'y a qu'un argument valable à mes yeux en faveur du droit de vote des résidents étrangers: à défaut de rétablir le lien indissociable entre citoyenneté et nationalité, rompu par l'actuelle construction européenne (traité de Maastricht), ce serait le seul moyen de noyer en quelque sorte la "citoyenneté européenne", qui fait qu'un Français est aujourd'hui artificiellement sensé se sentir plus proche d'un Letton ou d'un Bulgare que d'un Marocain ou d'un Québécois.

 

(1) Le terme "immigré", qui ne signifie juridiquement rien (même si des ignares parlent du "droit de vote des immigrés"), est à proscrire au profit des seules notions de Français et d'étrangers, "comprendre par-là ‹non citoyens de la République Française› et pas quelque autre fantasmagorie", comme le souligne joliment Brath-z sur son blog.

(2) C'est d'ailleurs pour cette raison que Dominique de Villepin propose son "revenu citoyen", comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner.

30 mars 2011

Typologie des positions sur la laïcité

Petite note repère des positions sur la laïcité:

 

1. Les anticléricaux:

La laïcité est pour eux une arme contre les religions. Ils refusent toute présence religieuse dans l'espace public et révisent l'histoire de France en niant son apport judéo-chrétien.

Exemple: Alternative Libertaire.

 

2. Les défenseurs de la laïcité:

Ils défendent la séparation des Églises et de l'État ainsi que la neutralité de l'État et sont donc contre le financement public de la construction des lieux de culte (loi de 1905).

Exemple: MRC, PRG et Parti radical "valoisien".

 

3. Les promoteurs hypocrites de la "laïcité positive":

Ils promeuvent un financement public de la construction des lieux de culte, sans modifier la loi de 1905 mais en la contournant.

Exemple: Jean-François Copé (UMP), Jean Glavany (PS) et ses "accommodements raisonnables".

 

4. Les promoteurs assumés de la "laïcité positive":

Ils promeuvent un financement public de la construction des lieux de culte via une remise en cause de la neutralité de l'État (modification de la loi de 1905).

Exemple: Nicolas Sarkozy (UMP) en 2005.

 

5. Les islamophobes:

La laïcité est pour eux une arme contre le seul Islam.

Exemple: Marine Le Pen (FN).

 

6. Les cléricaux:

Ils sont contre la séparation des Églises et de l'État.

Exemples: partis théocratiques (inexistants en France).

22 février 2011

Immigration: Marine Le Pen dans la continuité lepéniste

Retour aux fondamentaux pour Marine Le Pen, qui présentait mardi sa politique "contre l'immigration". Une présentation qui "trouve son actualité dans les événements inquiétants qui se produisent ces jours-ci en Italie", la nouvelle présidente du FN qualifiant d'"éclaireurs d'une nouvelle vague migratoire gigantesque" les "milliers de clandestins tunisiens - et demain libyens, égyptiens, algériens ou marocains - qui débarquent sur les côtes italiennes et commencent à s'installer en France".

La fille de Jean-Marie Le Pen a demandé "un moratoire stoppant toute immigration en cours" et prôné un durcissement des conditions d'accès à la nationalité française ainsi que d'entrée et de séjour des étrangers: "arrêt immédiat du regroupement familial", contrat de travail "exclusivement à durée déterminée" pour l'immigration professionnelle, "reconnaissance d'une validité de dix ans aux titres de séjour en cours et invitation à quitter le territoire pour les cartes arrivant à expiration au fur et à mesure de leur péremption", etc.

Seule nouveauté: le rejet de fait de l'objectif d'une "immigration zéro", remplacé par celui de "réduire l'immigration régulière à 10.000 par an", perçu comme le "seuil incompressible permettant une immigration très qualifiée dans des secteurs où nous manquons réellement de compétences". Tout en précisant qu'il s'agira de "privilégier l'immigration européenne". Un même ethnicisme voire racialisme inspire d'ailleurs la présidente du parti d'extrême droite lorsqu'elle dénonce dans la politique "UMPS" de l'immigration "un processus fou dont on se demande s'il n'a pas pour objectif le remplacement pur et simple de la population française".

Marine Le Pen a également proposé la suppression de tous les droits sociaux ouverts aux étrangers, qu'ils soient en situation régulière ou irrégulière, "parce qu'un clandestin sait qu'il a aujourd'hui une bonne chance d'être régularisé, d'avoir un jour des papiers et donc d'en bénéficier". Le but est de casser toutes les "pompes aspirantes de l'immigration" en les réservant aux seuls Français, conformément au principe de la préférence nationale: allocation de chômage (les cotisations des travailleurs étrangers servant à payer le "retour au pays des chômeurs étrangers"), revenu de solidarité active, allocations familiales, aide sociale aux personnes âgées, accès au logement social, aide médicale d'État, obligation scolaire, etc.

Enfin, la présidente du FN lance un appel à connaître "la part des étrangers et personnes d'origine étrangère" dans les prisons et dans les auteurs de crimes et délits. Cette demande de statistiques ethniques constitue une rupture avec le principe républicain d'égalité des citoyens sans distinction d'origine. Du reste, en parlant depuis des années de "Français de souche", l'extrême droite a été la première à opéré un tri entre les citoyens français en fonction de leur origine, avant même que les notions de "diversité" ou de "discrimination positive" n'émergent dans le débat politique.

 

Laurent de Boissieu
La Croix, 22 février 2011 (version un peu plus longue que celle publiée sur papier)

19 février 2011

La laïcité revient dans le débat politique

La laïcité revient dans le débat politique

La Croix, 18/02/2011

11 février 2011

Contre la critique du lepénisme au nom de l'antichristianisme

Henri Peña-Ruiz est une de ces vigies républicaines dont j'apprécie la prise de parole lorsque la laïcité est attaquée (notamment en lui accolant un adjectif: "laïcité positive", "laïcité ouverte", "laïcité raisonnée" … comme si la laïcité était "négative", "fermée" ou "irraisonnée").

Je suis pourtant consterné par sa tribune publiée le 21 janvier dans Le Monde. Que dit-il? Que "la conversion républicaine et laïque du Front national n'est qu'un leurre" parce que Marine Le Pen affirme que les principes de liberté, d'égalité et de fraternité sont issus du christianisme.

La lecture de ce texte me donne l'impression que son auteur avait en stock une tribune anti-catholique, et qu'il en a juste changé le titre et l'accroche afin de la soumettre à publication dans le contexte de l'actualité autour de Marine Le Pen.

 

Ce texte possède en effet deux grilles de lecture, dont l'amalgame est tendancieux – si ce n'est insultant – et contre-productif. 

 

La première grille de lecture pose la question suivante: la conversion républicaine et laïque du FN est-elle sincère?

Or, il me semble un peu court d'affirmer que Marine Le Pen n'est pas authentiquement républicaine parce que et uniquement parce qu'elle confère une source chrétienne aux principes républicains.

Dès lors, qu'est-ce qui permettrait de démontrer que "la conversion républicaine et laïque du Front national n'est qu'un leurre"? Il suffit tout simplement de lire et d'écouter ses dirigeants.

1) République indivisible? La présidente du FN assume et utilise l'expression discriminatoire "Français de souche", aux antipodes du principe républicain d'égalité entre tous les citoyens car opérant une distinction entre eux en fonction de leur origine (rappel: pour les démographes de l'Ined, le Français de souche est celui qui n'a pas au moins un de ses grands-parents immigré).

2) République laïque? La question est de savoir si Marine Le Pen défend sincèrement la laïcité ou si elle l'instrumentalise dans une logique du "choc des civilisations". Or, elle a elle-même répondu à cette question: "Il n'y a pas cinquante moyens de lutter contre l'islamisation de notre pays. Il y a soit la laïcité, soit la croisade. Comme je ne crois pas beaucoup à la croisade, je pense qu'il faut user de la laïcité qui n'est pas le laïcisme" (Présent, décembre 2010).

3) République sociale? Les précédents programmes du FN étant d'inspiration ultralibérale, la question est de savoir si la nouvelle orientation sociale-étatiste de Marine Le Pen est sincère ou non. Le nerf de la guerre de toute politique sociale, c'est la fiscalité: il conviendra donc d'analyser à la loupe la "révolution fiscale" que va présenter avant l'été Marine Le Pen. En attendant, que peut-on d'ores et déjà constater? Nouveau vice-président en charge du projet (et compagnon de Marine Le Pen), Louis Aliot a créé en mai 2010 Idées Nation, "club de réflexions, d'analyses et de propositions au service du projet et de l'action politique de Marine Le Pen". Or, parmi ses rares productions figure une critique de la "convention égalité réelle" du PS, critique sans ambigüité libérale et non sociale ("toujours plus d'État!", "dirigisme", "contre les locataires non pauvres", "toujours plus de dépenses!", "toujours plus d'impôts!", "la chasse aux riches"), ce qui, pour le moins, ne présage pas d'une future orientation sociale du programme de Marine Le Pen.

 

La seconde grille de lecture pose la question suivante: les trois principes de liberté, d'égalité et de fraternité dérivent-ils du transfert aux autorités séculières de valeurs religieuses?

Je trouve ce débat passionnant. Henri Peña-Ruiz y apporte sa pierre en répondant par la négative. Pourquoi pas, même si l'honnêteté intellectuelle commanderait sans doute davantage de rigueur et de nuance. D'une part, en ne confondant pas le christianisme (son apport philosophique) et l'Église catholique (le christianisme institutionnalisé en Occident). D'autre part, en ne plaidant pas uniquement à charge (l'inverse serait d'ailleurs tout aussi malhonnête).

Personnellement, je pense que le christianisme est bien une des sources, certes pas unique, des Droits de l'Homme et des principes émancipateurs consignés dans le triptyque républicain. Cela fait-il de moi un lepéniste? Cela disqualifie-t-il mon républicanisme? Oui, à en croire Peña-Ruiz…

 

Addenda
En 2004 avait été publié dans Le Monde Diplomatique un texte aussi que clair que brillant, dont voici la première phrase: "À propos des lois politiques, le curé Lacordaire a dit l'essentiel: ‘Entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit’". Mais quel auteur a osé commencer un texte intitulé "Laïcité et égalité, leviers de l'émancipation" en citant un homme d'église? Réponse: Henri Peña-Ruiz! …

09 février 2011

Manifeste pour une écologie antirépublicaine

Le 27 janvier dernier a été publié dans Libération un "Manifeste pour une écologie de la diversité", cosigné par Esther Benbassa (directrice d'études à l'EPHE-Sorbonne), Noël Mamère (député) et Eva Joly (parlementaire européen).

La lecture m'avait immédiatement suscité cette réaction sur Twitter: "Eva Joly - Les Identitaires: même anti-républicanisme, même confusion nature/culture".

 

Que dit cette tribune? Qu'il faut "sauver et la laïcité et la République, à condition qu'elles soient revisitées":

  • "Une laïcité raisonnée qui reconnaisse la part de l'appartenance ethnique, culturelle, religieuse, linguistique".
  • "Une République équilibrée en harmonie avec la mixité réelle", la société devant être "le creuset naturel d'une diversité positive, à savoir d'une véritable mixité sociale et culturelle".

 

En fait, à force de revisiter la République, il n'en reste plus rien. Les auteurs cachent d'ailleurs à peine leur dessein antirépublicain lorsqu'ils dénoncent le "piège où la laïcité et les valeurs de la République se confondent avec ces dérives que sont le laïcisme et le républicanisme". Concrètement, il s'agit pour eux de remplacer la définition individualiste et universaliste de la citoyenneté (sans distinction d'origine, de race ou de religion) par une approche holiste et communautariste (selon les appartenances ethnique, culturelle, religieuse, linguistique). "Intégration, assimilation sont des mouvements venus d'en haut, autoritaires, ne prenant pas en considération les réalités humaines, et les dénigrant sous l'étiquette commode de ‘communautarisme’", écrivent ainsi les membres d'Europe écologie – Les Verts (sans oublier, au passage, d'agiter à trois reprises l'épouvantail du nationalisme).

À l'appartenance considérée comme artificielle à la communauté politique nationale est donc substituée une appartenance naturelle (conforme à sa nature essentielle) à des communautés. Parmi les communautés reconnues au sein de cette société multiculturelle figure la communauté religieuse. D'où une rupture avec la loi de 1905, qui dispose que "la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte", c'est-à-dire avec la laïcité (comme du reste à chaque fois qu'on lui accole un adjectif: "laïcité positive", "laïcité ouverte", etc.).

Un tel essentialisme anti-républicain est également présent dans un courant d'extrême droite, la Nouvelle Droite. Théorisé par Alain de Benoist, ce courant affirme le droit à la différence à travers le concept d'"ethno-différentialisme" ou d'"ethno-pluralisme". Ce qui se traduit par "une réflexion critique sur les défauts d'un modèle français d'inspiration jacobine qui ne sait ‘intégrer’ que les individus et leur propose immanquablement de renoncer à leurs racines pour s'assimiler" (Alain de Benoist, "Citoyenneté, nationalité, intégration", Éléments, numéro 77, avril 1993). La Nouvelle Droite a directement inspiré sur ce point le corpus idéologique de la mouvance "identitaire".

En ce qui concerne l'écologie, voici ce qu'écrivait Alain de Benoist: "Quant à la biodiversité, dont il est beaucoup question aujourd'hui (le terme n'est apparu qu'en 1986), il est important de bien faire comprendre qu'elle doit s'exercer à tous les niveaux: écosystèmes, espèces, cultures, gènes (…) L'existence de cultures et de peuples différenciés est elle-même indissociable de l'avenir de l'humanité, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'appartenance ‘immédiate' à l'humanité: tout être humain, parce qu'il est un animal social, n'appartient à l'humanité que de façon médiate, au travers de son appartenance première à une culture ou une société donnée. Le maintien de la biodiversité implique donc une pensée de la différence et de l'altérité" (Fare Verde, mars-avril 2002).

Or, la tribune d'Esther Benbassa, Noël Mamère et Eva Joly est jalonnée d'un naturalisme anti-humaniste (application des lois de la nature aux sociétés humaines) qui rappelle de façon troublante la Nouvelle Droite:

  • "Lorsque le nombre d’espèces diminue dans la nature, les maladies infectieuses, elles, se multiplient. Et pour les endiguer, des efforts doivent être déployés afin de préserver les écosystèmes naturels et leur variété. Qu'on nous pardonne le rapprochement, mais une société monoethnique (il n'en existe heureusement pas beaucoup) est une société condamnée".
  • "Si les monocultures appauvrissent les sols, elles assèchent aussi les nations".
  • "Le refus de l'altérité et l'aspiration à l'‘authenticité nationale’ asphyxient la nation elle-même, comme certains produits toxiques notre atmosphère et nos sols".

Eva Joly, Alain de Benoist: même combat?