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07 décembre 2009

François Bayrou propose un "arc central" de la droite antisarkozyste à la gauche

centre.jpgLes élections régionales des 14 et 21 mars 2010 constituent pour François Bayrou une étape majeure vers l'élection présidentielle. L'occasion pour lui de tester avant 2012 sa stratégie de rassemblement au second tour "de tous ceux qui veulent une autre orientation politique". Le président du MoDem a ainsi profité du congrès de son parti, ce week-end, à Arras, pour préciser les contours de l'"arc central" qui doit, selon lui, former le "socle de l'alternance" : de la gauche de gouvernement à la "droite sociale" en passant par les écologistes et le centre.

Cette proposition a immédiatement reçu le soutien de l'ancienne candidate du PS à l'élection présidentielle, Ségolène Royal. "Il a raison, il faut faire cet arc central", a expliqué la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes en se disant prête à "faire de sa région un laboratoire du rassemblement", proposant immédiatement "cinq places éligibles" de sa liste au MoDem (sur 54 places). Cette proposition d'alliance dès le premier tour rappelle celles déjà formulées par les présidents PS de région Jacques Auxiette (Pays de la Loire) et Jean-Jack Queyranne (Rhône-Alpes).

Sans surprise, François Bayrou a décliné "avec sympathie" ces "offres d'ouverture électorale" dès le premier tour, martelant : "Nous sommes décidés à défendre le pluralisme, la liberté de choix des électeurs, à porter des convictions qui ont une cohérence au premier tour des élections parce que le premier tour des élections, c'est le tour du pluralisme." Il n'empêche, dans la perspective du second tour, le dialogue entre le centre et la gauche est déjà avancé au sein d'un "rassemblement social, écologique et démocrate" réunissant des membres du MoDem (Marielle de Sarnez, Jean-Luc Bennahmias), du PS (Vincent Peillon, François Rebsamen), d'Europe Écologie (Daniel Cohn-Bendit), du PRG (Christiane Taubira) et du Mouvement unitaire progressiste (Robert Hue).

Si les choses bougent à gauche, François Bayrou ne parvient en revanche toujours pas à remplir les bancs de droite de son "parlement de l'alternance" avec des "Chaban d'aujourd'hui". Comprenez : des personnalités UMP non sarkozystes. "J'en connais individuellement", affirme le président du MoDem, tout en admettant pour l'instant un décalage "entre déclaration privée et déclaration publique". Dans l'entourage de François Bayou reviennent les noms de Dominique de Villepin, Alain Juppé ou François Baroin. Tant pis si Alain Juppé et Dominique de Villepin - contre le gouvernement duquel François Bayrou avait voté une motion de censure - n'ont pas forcément marqué l'opinion comme étant l'incarnation d'une "droite sociale" (1).

En définitive, c'est donc plutôt le député non inscrit Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP), fondateur du parti Debout la République, qui pourrait le mieux incarner cette mouvance. L'intéressé, dont le nom est également cité par les proches du président du MoDem, présente en effet plusieurs avantages. D'une part, Nicolas Dupont-Aignan connaît bien François Bayrou, puisqu'il fut membre de son cabinet au ministère de l'éducation nationale. D'autre part, ce gaulliste, qui partage des valeurs communes avec la gauche chevènementiste, a déjà voté à l'Assemblée nationale en compagnie de l'opposition contre la majorité. De quoi rassurer une opposition de gauche déjà divisée sur l'opportunité d'ouvrir le dialogue avec le centre...

Mais François Bayrou possède de bonnes raisons d'insister pour inclure une partie de la droite au sein de l'"arc central". Se contenter d'une alliance avec la gauche équivaudrait de fait au passage à gauche du MoDem, c'est-à-dire, dans un paysage politique bipolarisé, sa participation au jeu d'alliance du bloc de gauche. Tandis que former un "arc central", de la droite anti-sarkozyste à la gauche de gouvernement, rejoindrait l'idée qu'il défend depuis une quinzaine d'années : la création d'un "grand centre", du centre droite au centre gauche.

Quant à déterminer où se situera le "centre de gravité" idéologique de cet "arc central" d'alternance, ce sera aux électeurs de décider, justement au premier tour des élections. "Nous sommes les premiers à mettre sur la table un projet avec des propositions précises pour répondre à la question de l'alternance et pour dialoguer avec les autres formations de l'opposition", s'est félicité hier François Bayrou, après l'adoption, "à l'unanimité moins deux abstentions" (2), du "projet humaniste" du MoDem. Reste à voir si la partie de la gauche jusqu'à présent hostile à toute alliance avec le MoDem jugera ou non le "petit livre orange" compatible avec ses convictions.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 07/12/2009

(1) La liste est en outre longue des mesures du gouvernement Villepin incompatibles avec le programme du MoDem : ouverture du capital d'EDF, instauration du bouclier fiscal, etc.

(2) Nicolas Vinci et Virginie Votier

27 novembre 2008

Néo-socialisme = nazisme ?

"Dans le socialisme, les 'néos', ceux qui ont été contre le vieux et pour le neuf, n'ont pas toujours laissé de très bons souvenirs", a lancé Lionel Jospin contre Ségolène Royal durant la campagne interne du PS.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, a ainsi pu dénoncer la "comparaison pour le moins osée entre le parcours de Ségolène Royal et celui des nazis, par un ancien Premier Ministre et ancien premier secrétaire...".

 

Voilà qui mérite quelques rappels historiques :

- tous les néo-socialistes ne suivront pas Marcel Déat dans le collaboration, certains seront Résistants (comme Max Hymans)

- tous les néo-socialistes n'ont pas été exclus de la SFIO en 1933 (le groupe Révolution Constructive continuera à exprimer cette tendance au sein de la SFIO)

- tous les exclus ou démissionnaires de 1933 n'étaient pas néo-socialistes (il y avait également parmi eux des participationnistes non planistes comme Paul Ramadier ou Pierre Renaudel)

- le planisme inspirera le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) puis, à la Libération, le gaullisme

 

Bref, la réalité historique est loin de l'équation néo-socialisme = nazisme...

25 novembre 2008

PS : le mémoire en protestation électorale

En exclusivité sur Internet, le mémoire en protestation électorale des royalistes :

PROTESTATION ELECTORALE 251108.pdf

 

(à noter l'erreur : 21 novembre 2006 et non 2008 - l'élection présidentielle de 2007 n'ayant pas encore eu lieu, Ségolène Royal n'a donc pas encore perdu face à Nicolas Sarkozy : il fallait y penser !)

20 novembre 2008

Mieux vaut la confrontation que le renoncement

ALeqM5j3zXqnhd_KjOaS9fYsCv-5WivgRg.jpgIl est de bon ton de moquer le Parti Socialiste, son congrès de Reims, ses motions et ses divisions. Je préfère pourtant un parti comme le PS au sein duquel les militants votent pour une stratégie et une orientation, qu'un parti comme l'UMP où les opposants (Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin) se couchent finalement devant le chef (Nicolas Sarkozy). Pourtant, que ne les ai-je entendu ces chiraquiens tirer en "off" à boulets rouges sur un Nicolas Sarkozy "trop libéral, atlantiste et communautariste". Mais quand l'heure de porter la contradiction fut venue, pas un seul candidat (ni même une mouche ou un vermisseau) pour venir défendre des convictions alternatives.

Reste à savoir si, au sein du PS, les candidatures reflêtent véritablement des option différentes ou le seul choc (somme toute légitime en politique) des ambitions personnelles.

Sur l'orientation politique, Benoît Hamon à la gauche du parti, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë à la droite du parti, défendaient de véritables choix politiques divergents. Seule la motion de Martine Aubry était idéologiquement hétérogène.

Sur la stratégie, Benoît Hamon contre toute alliance avec le MoDem, Ségolène Royal pour une alliance éventuelle avec le MoDem, défendaient de véritables choix stratégiques divergents. Même si c'est plus discutable, c'était également le cas de Bertrand Delanoë (bien que certains signataires de sa motion aient conclu des alliances locales avec le MoDem aux élections municipales) et même de Martine Aubry (qui a elle-même conclu une alliance locale avec le MoDem aux élections municipales), puisqu'aucun des deux n'a jamais défendu l'idée d'alliance nationale, de pacte de gouvernement avec le MoDem.

Sur la conception du parti enfin, Benoît Hamon, Bertrand Delanoë et Martine Aubry défendaient un parti de militants (parti de cadres et d'élus, de fait), Ségolène Royal un parti de masse (doublé d'un style télé-évangélique).

Bref, il ne s'agissait pas que de prétextes pour masquer une guerre des chefs. Mais de véritables choix, que les militants devront sans doute finir de trancher ce vendredi.

Et tant mieux si, contrairement au congrès du Mans, il 'y a pas eu cette fois de synthèse artificielle. Il y aura enfin au sein du PS une majorité claire et une ou des oppositions. Aux opposants, ensuite, de décider de fermer leur gueule en se pliant à la ligne majoritaire démocratiquement définie... ou de démissionner.

07 novembre 2008

Royal en tête, mais Delanoë mieux placé pour rassembler

Bilan des votes préparatoires au congrès du PS :

  • stratégie : majorité contre une alliance nationale PS-MoDem
  • idéologie : majorité pour une ligne sociale-libérale

Même si la motion de Ségolène Royal est arrivée en tête, c'est donc Bertrand Delanoë qui serait en théorie (mais la politique a ses logiques que la logique ignore...) le mieux à même d'opérer pour le poste de premier secrétaire une synthèse autour de lui.

 

  social-libéralisme indéterminé social-démocratie  
pour des alliances PS-MoDem Ségolène Royal
29%
    29%
contre des alliances PS-MoDem Bertrand Delanoë
25%
Martine Aubry
25%
Benoît Hamon
19%
69%
  54%   19%  

 

04 janvier 2008

Ségolène Royal dévoile ses nouvelles ambitions

cf5a90d0aa9dc380185919d448d76cb2.jpgLa bataille pour l'élection présidentielle de 2012 va-t-elle démarrer au sein du PS dès... 2008 ? En faisant un pas de plus vers une candidature au poste de premier secrétaire du parti, dont le congrès est prévu cette année, Ségolène Royal a donné un coup de pied dans la fourmilière. "En cette année je compte aller jusqu'au bout de ce que j'ai entamé au cours de cette campagne présidentielle", a précisé hier, sur France 2, l'ancienne candidate PS à l'élection présidentielle.

"Il faut que nous évitions à tout prix une primaire interminable entre des présidentiables qui s'affronteraient dès maintenant jusqu'en 2012", s'est aussitôt alarmé, sur RMC, Arnaud Montebourg, qui n'exclut pas d'être lui-même candidat à la succession de François Hollande. "Il est prématuré de savoir s'il faut mettre un présidentiable à la tête du parti", a poursuivi l'ancien porte-parole de la candidate, qui redoute "des affrontements un peu à la façon du congrès de Rennes". "L'annonce de la ronde des présidentiables n'est pas inattendue mais vraiment malvenue" et "prématurée", a renchéri Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn.

Une analyse qui rejoint celle de l'Appel pour que le PS se mette au travail, rédigé, entre autres, par l'ancien premier ministre Michel Rocard, Pierre Larrouturou et quatorze parlementaires. "La droite espère que 2008 sera pour la gauche une nouvelle année de divisions et de déchirements", écrivent les signataires en soulignant que "la situation risque d'empirer après les municipales de mars 2008, avec la préparation d'un congrès qui risque d'être un nouveau congrès de Rennes, un congrès de déchirements personnels bien plus qu'un temps de reconstruction intellectuelle".

Le Congrès de Rennes, c'est la hantise de tous les socialistes, en référence au congrès de 1990 où les éléphants du parti (Lionel Jospin, Laurent Fabius, Michel Rocard) s'étaient affrontés dans un combat relevant plus du choc des ambitions personnelles que de la confrontation idéologique. Ségolène Royal a toutefois posé ses conditions à sa candidature au poste de premier secrétaire : "avoir la capacité de faire une offre politique" et de "rassembler les socialistes autour de cette offre politique". C'est donc sur le terrain des idées qu'elle entend se placer. Plus question pour elle d'accepter de porter, comme elle l'avait fait durant la campagne présidentielle, des propositions auxquelles elle ne croit pas mais qui figureraient dans le programme de son parti.

Si Ségolène Royal parvient à conquérir le PS en maintenant le cap défini durant sa dernière campagne présidentielle, avec une ouverture vers le centre et la volonté de briser les tabous idéologiques de la gauche (ordre, autorité, Nation, économie de marché...), ce serait la première fois que le PS serait pris par sa droite. C'était sur une position médiane, entre son aile droite (Pierre Renaudel) et son aile gauche (Jean Zyromski), que la SFIO avait été tenue par Léon Blum et Paul Faure dans l'entre-deux-guerres. C'était encore en alternant les alliances avec la gauche (Jean-Pierre Chevènement) et la droite (Pierre Mauroy, Michel Rocard) du parti que François Mitterrand avait dirigé le PS dans les années soixante-dix. Enfin, c'est en ne tranchant pas entre social-libéralisme (Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn) et anti-libéralisme (Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli) que François Hollande s'est maintenu à sa tête.

Reste que le principal rival de Ségolène Royal appartient, lui aussi, à l'aile droite du parti : Bertrand Delanoë. Ce dernier demeure toutefois silencieux sur ses ambitions au sein du parti. Et pour cause. Contrairement à la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, le maire de Paris a d'ici au congrès du PS un rendez-vous décisif : les élections municipales de mars.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 04/01/2008

27 août 2007

Rentrée politique de Ségolène Royal

40f0256a80fc47456931ad9860dabc9c.jpgQuelques jours avant l'ouverture, vendredi, de l'université d'été du PS, Ségolène Royal a effectué samedi dernier sa rentrée politique, à l'occasion de la Fête de la rose qu'elle a organisée à Melle avec la fédération socialiste des Deux-Sèvres. Dans un discours d'environ une heure et demie, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a présenté sa campagne passée comme une "année formatrice pour les prochaines batailles", admettant que, dans ses propositions, elle avait "parfois improvisé à cause du temps qui était compté".

Aujourd'hui, Ségolène Royal se dit cependant "renforcée par les épreuves et les bonheurs vécus au cours de cette année écoulée", c'est-à-dire depuis sa candidature à la candidature au sein du PS. "Contrairement à ce que je lis ici ou là, je n'ai aucun esprit de rancune, de revanche, aucune amertume, y compris envers ceux dont la chaude affection littéraire m'entoure dans cette rentrée", a-t elle insisté, faisant notamment allusion au livre que publie Marie-Noëlle Lienemann (1).

La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a détaillé devant ses amis les "deux chantiers essentiels" qu'ils n'ont "pas eus le temps de conduire à leur terme et pour lequel il faut reprendre l'ouvrage". Promettant, avec volontarisme : "Ce temps qui nous a manqué, nous allons le prendre. Je vous en fais la promesse. Et nous achèverons le travail."

Premier chantier : les idées. "À la fin de ces campagnes présidentielle et législative, nous avons commencé à inventer le socialisme du XXIe siècle, a affirmé celle qui entend briser à gauche le tabou de l'économie de marché. Est-on pour ou contre le marché ? Question singulière pour un parti qui ne professe plus depuis bien longtemps l'étatisation des moyens de production. Le marché nous est aussi naturel que l'air que l'on respire ou que l'eau que l'on boit. (…) Nous inscrivons bien évidemment notre action dans le cadre des économies de marché et s'il faut l'écrire, écrivons-le une fois pour toutes."

L'ancien ministre se démarque toutefois de la "gentille comptine des théoriciens libéraux", en appelant à une action de l'État et des collectivités locales "chaque fois que c'est nécessaire". Il n'empêche que, dans les valeurs mises en avant ("équilibre des droits et des devoirs, éthique de la responsabilité, efficacité de l'action publique"), elle assume plus les critiques à l'encontre de la gauche de gouvernement de la droite que de la gauche anti libérale.

Cette rénovation idéologique passe notamment pour Ségolène Royal par une dénonciation de "la prolifération des motions qui donnent souvent lieu à des règlements de compte inutilement brutaux suivis de synthèse parfaitement illisibles". L'ancienne candidate a ainsi de nouveau critiqué le projet présidentiel du PS : "Le programme ne doit pas être un programme de tactique interne mais un programme pour convaincre et gagner." En juin, elle avait déjà affirmé que "le smic à 1 500 € bruts dans cinq ans ou la généralisation des 35 heures sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes" qu'elle avait "dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas été du tout crédibles".

Il s'agit donc, second chantier, de faire du PS "un grand parti moderne". Ségolène Royal, qui a déjà annoncé en juin qu'elle présenterait sa propre motion au prochain congrès, a toutefois assuré samedi n'être "en compétition avec personne". Ce qui ne l'a pas empêchée d'appeler "tous les adhérents de Désir d'avenir", ses comités de soutien à la présidentielle créés en marge du parti, "à venir au PS".

Enfin, pour les élections municipales, la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes a rejeté l'idée d'accords locaux à géométrie variable et a plaidé en faveur d'une stratégie nationale d'alliance "cohérente et éclairée". Sans a priori exclure du tour de table le MoDem de François Bayrou, avec lequel elle avait débattu entre les deux tours de la présidentielle. Une ouverture qui irait dans le sens des travaux du collectif Les Gracques, formés par d'anciens collaborateurs des gouvernements de gauche, réuni hier en université d'été à Paris, qui souhaite que le PS s'allie avec le MoDem et non plus avec le PCF.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 27/08/2007 

(1) Au revoir Royal, de Marie-Noëlle Lienemann et Philippe Cohen, Perrin, 185 p., 13,50 €

04 mai 2007

Quels reports de voix ?

medium_sarkozyroyal.2.jpgLe résultat du vote de dimanche devrait dépendre de "quatre clés essentielles", a insisté Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos-France, lors d'une demi-journée d'études sur le second tour de l'élection présidentielle, organisée mercredi par l'Association française de science politique.

Première clé : les abstentionnistes du premier tour. "La réserve de voix chez les abstentionnistes est plutôt favorable à Ségolène Royal", explique Anne Muxel, du Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof). Dans ses enquêtes quotidiennes, Pierre Giacometti ne voit toutefois actuellement "pas de différentiel de participation qui avantagerait Ségolène Royal". Les abstentionnistes du premier tour seraient environ 60% à s'abstenir au second et 19-20% à se répartir à égalité entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy (1).

Deuxième clé du vote de dimanche : le report des électeurs de gauche et d'extrême gauche (3,9 millions de voix). Ils seraient 64% à voter Royal, 28% à s'abstenir et 8% à voter Sarkozy. "Ces 8% font très mal", estime Pierre Giacometti en expliquant qu'étant donné le rapport de force au premier tour, "Ségolène Royal ne peut pas se permettre le luxe de les laisser échapper".

Troisième clé : le report des voix de François Bayrou (6,8 millions de voix). La semaine dernière, Ségolène Royal avait l'avantage. Depuis le début de la semaine, les trois courbes se rapprochent : 32% s'abstiendraient et 34% voteraient pour chacun des deux finalistes. Reste à savoir quel sera le poids de la déclaration de François Bayrou, qui a indiqué, hier, qu'il "ne votera pas pour Sarkozy", même si la quasi-totalité des autres députés UDF voteront, eux, pour Nicolas Sarkozy.

Quatrième clé : le report des électeurs de Jean-Marie Le Pen (3,8 millions de voix), dont 57% voteraient Sarkozy, 35% s'abstiendraient et 8% voteraient Royal. Ce qui correspondrait au plus mauvais report de l'extrême droite vers la gauche à une présidentielle. Dans les grandes masses, les reports des voix de gauche et d'extrême gauche vers Ségolène Royal s'équilibrent donc à peu près avec ceux de Jean-Marie Le Pen vers Nicolas Sarkozy. Mais reste à savoir, là encore, l'impact de l'appel du président du FN, le 1er mai, à "une abstention massive".

Dans l'électorat de Jean-Marie Le Pen comme dans celui de François Bayrou, il existe en effet déjà une "tentation abstentionniste importante". Dans les enquêtes d'Ipsos, l'abstention, cyclique, a oscillé au sein de l'électorat centriste entre 26 et 38%. Tandis que chez les électeurs de Jean-Marie Le Pen la tendance est bien à une intention d'abstention de plus en plus forte : 12% le 24 avril, 27% le 27 avril, 35% le 3 mai.

À partir de ces quatre clés, les instituts de sondages et les politologues, notamment Jean Chiche au Cevipof, font tourner leurs matrices de report. Avec des résultats qui confirment l'avance de Nicolas Sarkozy dans les enquêtes d'opinion. Une simple égalité entre les candidats n'étant obtenue qu'en poussant tous les indicateurs en faveur de Ségolène Royal : forte mobilisation des abstentionnistes du premier tour en sa faveur, excellents reports vers elle des électeurs de gauche et d'extrême gauche ainsi que de François Bayrou, et mauvais report du vote d'extrême droite en faveur de Nicolas Sarkozy.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 04/05/2007

(1) Sondage réalisé les 1er et 2 mai auprès d'un échantillon représentatif de 1 011 personnes

 

Mise à jour : (2)

- électeurs de François Bayrou au premier tour : 35% Sarkozy (+1), 35% Royal (+1), 30% abstention (-2)

- électeurs de Jean-Marie Le Pen au premier tour : 58% Sarkozy (+1), 14% Royal (+6), 28% abstention (-7)

- électeurs de gauche (hormis Ségolène Royal) ou d'extrême gauche au premier tour : 13% Sarkozy (+5), 66% Royal (+2), 21% abstention (-7)

(2)  Sondage réalisé les 2 et 3 mai auprès d'un échantillon représentatif de 1 414 personnes

03 mai 2007

Sarkozy-Royal : 1-1

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Sur la forme, Ségolène Royal a été meilleure, peut-être pas dans l'absolu, mais relativement à ce à quoi on pouvait s'attendre. Dans ses réponses à Nicolas Sarkozy, elle a magistralement manié une mauvaise foi... très sarkozienne ! Sa "colère parfaitement saine" - bien entendu simulée - en étant le meilleur exemple. Symbole de ce débat à front renversé, Nicolas Sarkozy qui dit à Ségolène Royal : "Pour être président de la République, il faut être calme". Quoi qu'il en soit, Ségolène Royal a été la plus offensive face à un Nicolas Sarkozy soucieux d'afficher son calme, sa "force tranquille". Sans doute trop : à plusieurs reprises, on a senti qu'il n'osait pas attaquer son adversaire, qu'il se bridait.

 

Sur le fond, en revanche, Nicolas Sarkozy a montré une bien meilleure connaissance des grands dossiers que Ségolène Royal. Le président de l'UMP a par ailleurs affiché un programme - qu'on soit d'accord ou pas avec celui-ci - cohérent. Tandis que Ségolène Royal a botté en touche dès qu'étaient abordées ses propositions concrètes (sur les 35 heures, les régimes spéciaux...), au-delà des généralités (dans le premier quart d'heure, elle avait presque déjà tout dit, sans quitter ses notes, liant tout et n'importe quoi). L'incohérence de ses propos lui permettant par ailleurs de désarçonner son adversaire ...en reprenant certains de ses arguments. Nicolas Sarkozy s'apprêtait par exemple à défendre l'idée de peines planchers pour les multirécidivistes et de réforme du droit pénal des mineurs, deux idées fortes du discours de gauche anti-Sarko, peine perdue : "cette loi est en effet nécessaire sur les multirécidivistes", déclare Ségolène Royal.

 

Bilan. De beaux échanges (heureusement que Ségolène Royal a interpellé dès le début Nicolas Sarkozy), mais un débat pas au niveau d'une élection présidentielle (l'internationale vite évacuée par exemple). On aurait aimé que Ségolène Royal interroge vraiment Nicolas Sarkozy sur le financement de son projet avec sa proposition de baisser de quatre points les prélèvements obligatoires; on aurait aimé que Nicolas Sarkozy interroge Ségolène Royal sur le fond de ses propositions.

 

N.B.: ce blog est raltivement silenceux en ce moment, en raison d'une part du travail que j'ai au journal, et d'autre part de la perte de ma connexion Internet à mon domicile (sans commentaire...).

23 avril 2007

résultats Ségolène Royal

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Ségolène Royal (PS)

 

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- arrive en deuxième position (qualifiée pour le second tour)

- donne à un candidat PS le meilleur score en voix et en pourcentage depuis François Mitterrand en 1988