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23 mai 2013

UMP: le retour des candidats officiels?

L'UMP organise à Paris (mais aussi à Lyon, selon des modalités différentes) une élection primaire, ouverte aux sympathisants, afin de désigner son candidat à l'élection municipale de mars 2014.

Des personnalités non parisiennes de l'UMP ont exprimé leur préférence. L'ancien premier ministre Alain Juppé, maire de Bordeaux, a par exemple apporté son soutien à Nathalie Kosciusko-Morizet en tweetant "Vas-y, Nathalie! Pour Paris tu es la meilleure" (22/05).

Le Tourangeau Guillaume Peltier, dont le courant "La Droite forte" était arrivé en tête lors du dernier congrès de l'UMP, a préféré se placer d'abord sur le terrain des idées:

"Concernant Paris et la primaire parisienne, oui moi je souhaite, et j'appelle l'ensemble de nos adhérents, de nos sympathisants, de nos militants à se mobiliser pour ceux qui défendent au mieux nos convictions et qui portent au mieux nos valeurs."

Pour en tirer ensuite les conséquences quant aux candidats à départager:

"Il y en a deux par exemple, Pierre-Yves Bournazel et Jean-François Legaret, qui ont eu tous les deux une position très claire puisqu'ils ont dit que s'ils avaient été parlementaires, ils se seraient opposés à cette loi dite Taubira du mariage pour tous (1). Maintenant, je suis quelqu'un de loyal. Je souhaite que ce ne soit pas Nathalie qui soit désignée, mais si elle l’était je la soutiendrai, parce que je préfère Nathalie à Mme Hidalgo, je préfère la droite à la gauche." (RTL, 20/05)

 

Bref, un membre de l'UMP qui prend position dans une élection interne, cela n'a rien d'extraordinaire. Que ce soit en se prononçant "pour" ou en se prononçant "contre" (soutenir un candidat implique de fait souhaiter que les autres candidats ne soient pas désignés, même si l'expression "pour" est toujours plus policée que l'expression "contre").

 

Guillaume Peltier a pourtant écopé d'un "rappel à l'ordre" au bureau politique de l'UMP du 23 mai. Comme si il avait appelé à battre Nathalie Kosciusko-Morizet à l'élection municipale, comme si il avait exprimé une préférence pour une victoire de la candidate PS plutôt que celle de la candidate de son parti (2).

 

De deux choses l'une.

Soit l'UMP organise une véritable élection primaire, chacun étant alors libre en interne de se prononcer pour le candidat le plus proche de ses convictions ou contre celui qui en est le plus éloigné.

Soit il s'agit d'une mascarade de démocratie avec un candidat officiel (Nathalie Kosciusko-Morizet), comme sous le Second Empire, contre lequel il est interdit pour un dirigeant national de se prononcer.

 

 

 

(1) Lors du conseil municipal des 20 et 21 juin 2011, Pierre-Yves Bournazel avait pourtant voté pour un vœu (le numéro 69) déposé par le groupe Communiste et les élus du Parti de Gauche en faveur de l'ouverture du mariage aux couples du même sexe (source). Guillaume Peltier omet en revanche de citer Franck Margain, président délégué du Parti Chrétien-Démocrate de Christine Boutin, candidat tout aussi opposé que Jean-François Legaret au mariage pour tous.

(2) [Ajout 24/05] C'est pourtant ainsi que ses propos ont été déformés par les jeunes de La Boîte à Idées, la seule motion qui n'a pas obtenu suffisamment de suffrages au congrès pour être érigée en courant interne: "La préférence exprimée par M. Peltier pour une victoire des socialistes plutôt que celle d'une candidate qui ne serait pas «dans la ligne» illustre une conception de l'engagement qui nous est étrangère", avancent-ils dans une tribune.

22 mai 2013

Suicide de Dominique Venner: la vraie motivation d'un acte politique

Dominique Venner, qui s'est suicidé ce 21 mai, était une grande figure de l'extrême droite française.

Après l'échec de l'activisme de l'OAS en faveur de l'Algérie française, Dominique Venner fut à l'origine d'une nouvelle doctrine caractérisée par un nationalisme européen (par opposition au nationalisme français) et un néo-paganisme anti-chrétien (opposition entre d'une part les religions du désert monothéistes - judaïsme, christianisme, islam - et d'autre part les religions des forêts, polythéistes, des anciens peuples indo-européens).

Ce fut au sein de ce courant - représenté par la revue Europe Action - qu'apparurent les premières dénonciations de "l'invasion algérienne en France", alors que quelques années auparavant l'extrême droite (dont Jean-Marie Le Pen) défendait encore l'"intégration" ou l'"assimilation" des populations algériennes et musulmanes.

Dominique Venner se consacra toutefois à partir des années soixante-dix à l'écriture de livres d'histoire puis à la publication de revues historiques. C'est donc un autre que lui, Alain de Benoist, qui devint le principal théoricien de ce courant qu'on appellera Nouvelle Droite. Alain de Benoist imprimera sa marque en réorientant le racialisme à l'origine suprémaciste (blanc) d'Europe Action vers un racialisme différentialiste (opérant une différentiation raciale mais plus une hiérarchisation raciale: races égales mais séparées dans un monde composé de nations monoraciales, progressivement sous couvert d'un "droit à la différence" culturelle).

 

Le suicide de Dominique Venner est un acte politique, comme le prouvent ses derniers écrits:

"Il faudra certainement des geste nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes.
Il faudrait nous souvenir aussi, comme l'a génialement formulé Heidegger (Être et Temps) que l'essence de l'homme est dans son existence et non dans un «autre monde». C'est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu'à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d'importance que le reste d'une vie. C'est pourquoi il faut être soi-même jusqu'au dernier instant. C'est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l'on est vainqueur du néant. Et il n'y a pas d'échappatoire à cette exigence puisque nous n'avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d'être entièrement nous-mêmes ou de n'être rien." (21/05/2013, ultime note de son blog)

"J'aime la vie et n'attend rien au-delà, sinon la perpétuation de ma race et de mon esprit. Pourtant, au soir de cette vie, devant des périls immenses pour ma patrie française et européenne, je me sens le devoir d'agir tant que j'en ai encore la force.
Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable. J'offre ce qui me reste de vie dans une intention de protestation et de fondation (...)
Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies." (dernière lettre de Dominique Venner, lue sur Radio Courtoisie après sa mort)

 

Si Dominique Venner s'était fortement engagé contre l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, la première motivation de son acte n'est pas la loi Taubira mais l'immigration non blanche (extra-européenne):

"Il faut bien voir qu'une France tombée au pouvoir des islamistes fait partie des probabilités. Depuis quarante ans, les politiciens et gouvernements de tous les partis (sauf le FN), ainsi que le patronat et l'Église, y ont travaillé activement, en accélérant par tous les moyens l'immigration afro-maghrébine (...)
Les manifestants du 26 mai [prochain] ne peuvent ignorer cette réalité. Leur combat ne peut se limiter au refus du mariage gay. Le «grand remplacement» de population de la France et de l'Europe, dénoncé par l'écrivain Renaud Camus, est un péril autrement catastrophique pour l'avenir.
Il ne suffira pas d'organiser de gentilles manifestations de rue pour l'empêcher." (blog)

"Alors que je défends l'identité de tous les peuples chez eux, je m'insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations." (lettre)

Ceux qui veulent faire de Dominique Venner un martyre du combat contre la Mariage pour tous trahissent donc le sens de son geste.

 

Son choix de se suicider dans une cathédrale n'est pas davantage un acte de foi catholique (il rejette d'ailleurs implictement l'idée de résurrection dans les extraits déjà cités (1)):

"Je choisis un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre Dame de Paris que je respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux sur des lieux de cultes plus anciens, rappelant nos origines immémoriales." (lettre)

"À défaut de posséder une religion identitaire à laquelle nous amarrer", écrit en outre Dominique Venner dans cette même lettre, reprenant au passage les critiques formulées par sa famille de pensée vis-à-vis du christianisme, religion universelle.

 

Enfin, au-delà de l'affichage (certainement sincère de la part de l'ancien chevènementiste Florian Philippot) d'une ambition de rassembler tous les "patriotes", l'hommage rendu par Marine Le Pen à Dominique Venner prouve que le FN n'a pas rompu avec l'extrême droite, même la plus radicale.

Entre un nationalisme français assimilationniste ou un nationalisme européen racialiste (déjà défendu par Les Identitaires), Marine Le Pen devra un jour définitivement trancher.

 

 

(1) Sans oublier que l'Église catholique condamne le suicide, comme l'a aussitôt rappelé le site Internet "catholique de droite" Itinerarium.

 

[Ajout] Sur le même sujet, lire Dominique Venner et le renouvellement du racisme sur Fragments sur les Temps Présents.

21 mai 2013

Mariage pour tous: jusqu'où les opposants peuvent-ils s'opposer?

La loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe a été promulguée le 18 mai 2013 au Journal Officiel de la République française.

Jusqu'où les anti-"mariage pour tous" peuvent-ils maintenant s'y opposer?

 

1. Liberté d'opinion et d'expression

Les anti-"mariage pour tous" peuvent bien entendu continuer à manifester pour demander la révision ou l'abrogation de la loi Taubira, de même que les partis politiques d'opposition peuvent inscrire l'une ou l'autre de ces options dans leur programme pour les échéances électorales de 2017 (ce qui promet de vifs débats internes à l'UMP...).

Bruno Le Maire est donc complètement à côté de la plaque lorsqu'il explique qu'il n'ira pas manifester le 26 mai, contrairement à d'autres députés UMP, car "nous n'avons pas, nous parlementaires, à aller défiler contre une loi qui a été adoptée au Parlement" (La Nouvelle Édition, Canal+, 20/05/2013).

 

2. Respect et application de la loi

Promulguée, la loi devient la loi de la République et s'impose à tous.

Certains opposants mettent toutefois en avant leur "devoir de résistance" ou de "désobéissance civile" face à une loi "légale mais illégitime", "injuste" ou "amorale".

Ces principes ne me semblent toutefois pas applicables dans un État de droit démocratique comme la France: il ne peut y avoir "résistance" que face à l'occupation de son territoire national ou face au renversement de l'ordre démocratique et à la tyrannie (résistance à l'oppression) [lire ci-dessous: "Dictature socialiste?"].

Sinon, chaque individu pourrait décréter que telle ou telle loi s'oppose à sa conscience et donc s'y soustraire dans une chienlit généralisée. Je le disais hier au sujet des "gauchos" ou des "bobos" qui aident des étrangers en situation irrégulière, je le dis aujourd'hui au sujet des "fachos" qui soutiennent les municipalités* prétendant ne pas marier les couples de personnes de même sexe (et je ne parle même pas de l'inhumanité crasse de ceux qui entendent troubler les mariages homosexuels).

Si "résistance" il devait y avoir de nos jours, ce serait bien plus contre les traités européens qui limitent notre souveraineté (et donc la portée et le champ de l'alternance) que contre une loi qu'il suffirait demain à une autre majorité démocratique (si elle en a l'envie et la volonté politique) de réviser ou d'abroger.

 

* Le maire peut être représenté lors de la célébration du mariage par un de ses adjoints, mais ce dernier agit de toute façon en son nom.

 

***

Dictature socialiste?

Certains militants de droite ont de fait "pété les plombs" depuis l'élection à la présidence de la République de François Hollande, remettant hier en cause sa légitimité et parlant aujourd'hui de "dictature socialiste" (thématique apparue sur la question fiscale).

C'est là qu'une jonction s'est récemment opérée avec une partie de l'extrême droite autour de l'opposition au "mariage pour tous". Non pas en raison de la présence dans le même cortège d'élus FN et UMP ou UDI. Mais, à la base, dans la convergence entre des militants de l'aile droite de l'UMP et des groupes extrémistes comme Civitas (1) ou "Les Identitaires".

Ces derniers, très doués dans l'art de la communication et de l'action politiques, sont à l'origine de la campagne "Pas mon président", qu'ils viennent opportunément de relancer.

"Les Identitaires" sont ainsi parvenus à apparaître comme plus fréquentables que le FN, alors qu'ils représentent en réalité une extrême droite radicale, ouvertement islamophobe et racialiste (2). Quoi qu'il en soit, ils feront je pense partie de ceux qui bénéficieront sur le terrain, à terme, de la mobilisation contre le "mariage pour tous".

 

(1) Avec comme figures de proue Vivien Hoch, militant des Jeunes Actifs de la 2e circonscription de Paris et signataire en 2012 de l'appel des Trentenaires pour François Fillon, et Andrea Papus Ngombet Malewa, élu en octobre 2010 dans la 6e circonscription au comité départemental de la fédération de Paris.

(2) J'écris bien "racialiste" (= politique de différentiation raciale) et non "raciste" (= politique de différentiation ET de hiérarchisation raciales). Sur le sujet: Identitaires et diversitaires, les deux faces du racialisme différentialiste.

17 mai 2013

Vers une internationale de centre gauche

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C'est une mini-révolution qui se prépare dans le petit monde des "internationales", ces fédérations de paris politiques nationaux peu connues du grand public au-delà des grandes internationales historiques (en France, le parti socialiste s'est ainsi longtemps appelé Section française de l'Internationale ouvrière: SFIO et le parti communiste Section française de l'Internationale communiste: SFIC).

Étant depuis longtemps passionné par la comparaison des systèmes partisans et des clivages idéologiques, je me suis au contraire très tôt intéressé à ces structures et à leur équivalent européen. Je crois même avoir été le premier à les présenter en français sur Internet (cf. l'archive de mon site en 2001, qu'il s'agisse des internationales ou des fédérations européennes de partis politiques).

 

Quoi qu'il en soit, une nouvelle "internationale" est en cours de formation, regroupant l'aile droite de l'Internationale Socialiste: l'Alliance Progressiste.

Sur cette ligne sociale-libérale, il existe déjà des clubs et des rencontres plus ou moins formelles de dirigeants parfois issus de partis de l'Internationale Socialiste (IS). La grande nouveauté, c'est qu'il s'agit cette fois de partis en tant que tels, et non des moindres, accompagné pour le SPD allemand d'une diminution drastique de sa contribution financière à l'IS. Il ne s'agit pas au sens strict d'une scission, puisque lesdits partis restent membres de l'IS, mais cela y ressemble donc fortement.

Une première conférence internationale s'est déroulée à Rome (Italie) les 14-15 décembre 2012, en présence du premier secrétaire du PS, Harlem Désir. C'est en outre Pascal Lamy, directeur général de l'OMC et situé à l'extrême droite du PS, qui a introduit la réunion.

La conférence fondatrice est prévue le 22 mai prochain à Leipzig (Allemagne).

Liste des partis représentés à la conférence de Rome:
- Allemagne: Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD)
- Italie: Partito Democratico (PD), Partito Socialista Italiano (PSI) et Sinistra Ecologia Libertà (SEL)
- France: Parti Socialiste (PS)
- Pays-Bas: Partij van de Arbeid (PvdA)
- Royaume-Uni: Labour Party (LAB)
- Grèce: Panellinio Sosialistikó Kínima (PASOK)
- Fiinlande: Suomen Sosialidemokraattinen Puolue (SDP)
- Suède: Socialdemokraterna
- Norvège: Arbeiderpartiet
- Serbie: Demokratska stranka (DS)
- Suisse: Sozialdemokratische Partei der Schweiz (SP)
- États-Unis d'Amérique: Democratic Party
- Argentine: Partido Socialista (PS)
- Brésil: Partido dos Trabalhadores (PT)
- Uruguay: Partido Socialista de Uruguay (PS)
- Inde: Indian National Congress
- Philippines: Akbayan
- Tunisie: Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL)
- Zimbabwe: Movement for Democratic Change (MDC)
- Australie: Australian Labor Party (ALP)

 

Cette création s'inscrit dans le contexte d'une mutation idéologique, au sein de l'Union européenne, des partis socialistes, sociaux-démocrates ou travaillistes en partis sociaux-libéraux. Plus ou moins assumée, cette mutation a notamment eu pour conséquence de les rapprocher idéologiquement des partis centristes, déjà sur une ligne sociale-libérale.

Concrètement, cela s'est traduit par deux changements:
- en 2006, une révision des statuts du Parti Socialiste Européen (PSE) afin de s'adresser non plus seulement aux "socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes" mais aussi aux "démocrates progressistes"
- en 2009, une modification de l'intitulé du Groupe Socialiste au Parlement Européen en Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen.

L'analyse comparée de la France et de l'Italie est à cet égard très intéressante. Voici à ce sujet l'extrait d'un article que j'ai publié après les élections européennes de 2009 dans la Revue internationale de politique comparée:

...François Bayrou décide en 2004 de rompre avec le PPE pour fonder avec les Italiens Romano Prodi et Francesco Rutelli, président de La Margherita, le Parti Démocrate Européen (PDE).
(...) Les ambitions nationale et européenne de François Bayrou seront toutefois contrariées par le mauvais score du MoDem aux élections européennes de 2009 (8,46% au lieu de 11,96% pour l’UDF en 2004) et par la recomposition bipolaire du paysage politique italien. À gauche, les organisations à l’origine du Partito Democratico italien étaient en effet auparavant membres de trois partis politiques européens différents: le PSE pour le Partito Democratico della Sinistra, le PDE pour La Margherita et l’ELDR pour le Movimento Repubblicani Europei. Les débats furent âpres au sein de la nouvelle structure entre partisans et adversaires de l’entrée au Parti Socialiste Européen (PSE). En signe d’ouverture, ce dernier avait révisé ses statuts dès 2006 afin de s’adresser non plus seulement aux "socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes" mais aussi aux "démocrates progressistes". Si le Partito Democratico n’a finalement pas adhéré au PSE, il s’est allié avec lui en 2009 pour former le nouveau Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen. Tandis que les dix représentants du PDE (dont six Français du MoDem) ont reconduit avec le parti ELDR le Groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE).

 

Parallèlement au Parti Démocrate Européen, François Bayrou avait lancé une Alliance Mondiale des Démocrates. Or, la nouvelle Alliance Progressiste est en train de siphonner deux de ses membres non européens les plus importants: certains secteurs du Parti Démocrate états-unien et le Parti du Congrès indien.

Bref, même si le PS veut absolument la dissimuler en France pour des raisons électorales (concurrence du Front de Gauche), la convergence idéologique de la gauche européenne de gouvernement avec le centre devient de plus en plus visible hors de nos frontières avec la création de cette nouvelle internationale de centre gauche. Idéologiquement, François Bayrou (dont François Hollande est plus proche que d'Arnaud Montebourg) y aurait toute sa place (le MoDem en représenterait alors l'aile droite et le SEL italien l'aile gauche). Mais la logique interne au paysage politique français en a décidé autrement. Ce sont davantage ses idées de toujours que celles historiquement du PS, mais c'est sans lui.

 

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Divertissement

 

16 mai 2013

La race, ce concept de trop dans notre législation

Les députés ont adopté ce jeudi une proposition de loi du Front de Gauche (via le groupe de la Gauche démocrate et républicaine) tendant à la suppression du mot "race" de notre législation.

Je salue globalement cette initiative, en espérant que le concept de race soit également un jour supprimé de la Constitution française.

 

Extrait de l'article premier de notre Constitution:

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion.

Ne pas distinguer selon la race, c'est en effet d'abord s'approprier le concept de race, même si c'est ensuite pour ne pas en tirer de conséquence juridique.

 

L'essentiel n'est donc pas de supprimer le mot "race" mais de supprimer le concept de race.

Ce qui peut d'ailleurs très bien se faire sans supprimer le mot "race", par exemple en utilisant l'adjectif "supposée" ou "prétendue":

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race supposée ou de religion.

 

Quoi qu'il en soit, j'entends certains aussitôt déclarer que supprimer le mot "race" reviendrait à supprimer la nécessaire lutte contre le racisme.

Voilà qui me semble complètement absurde: le législateur peut très bien condamner ceux qui opèrent une différentiation puis une hiérarchie raciale sans lui-même s'approprier la moitié de la démarche (la différentiation raciale sans hiérarchisation).

Surtout, une telle avancée permettrait à la République de lutter non seulement contre le racisme mais aussi contre le racialisme. Un racialisme à l'origine des actuelles pratiques anti-républicaines, plus ou moins assumées, de discrimination raciale "positive" au nom de la "diversité".

 

Sur le sujet: Identitaires et diversitaires, les deux faces du racialisme différentialiste.

09 mai 2013

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon: comparaison est-elle raison?

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Populistes

Le populisme, c'est l'appel au peuple contre les élites au pouvoir (ce qui n'a du reste rien de choquant à mes yeux).

Ce qui signifie que le centriste François Bayrou est également par intermittence populiste (notamment dans son livre Au nom du Tiers État, 2006). François Bayrou est pourtant sur le fond aux antipodes de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, puisqu'il prône un gouvernement des "modérés", du centre-droit au centre-gauche, c'est-à-dire en séparant les "modérés" de droite du FN et des "lepénisant" et les "modérés" de gauche de Mélenchon et des "mélenchonisant".

Le populisme n'est donc pas un critère en soi pertinent, puisqu'il ne dit rien de l'orientation politique souhaitée.

 

Anti-"austéritaires"

C'est le point de convergence entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon: tous les deux s'opposent à la pensée dominante "austéritéritaire".

Ceci posé, les alternatives sont similaires sur le fond (État-stratège, nationalisations, protectionnisme, monétisation de la dette, emprunt d'État auprès de la banque centrale, etc.) mais ne sont pas envisagées au même échelon: le Front de Gauche promeut à l'échelon de l'Union européenne ce que le Front National propose à l'échelon français.

En ce domaine, Marine Le Pen est plus crédible que Jean-Luc Mélenchon: que faire, en effet, si nos partenaires européens refusent - comme les Allemands l'ont déjà signifié - toute remise en cause du néolibéralisme et du monétarisme?

Il n'y a en réalité que deux solutions:
- Rester au sein de l'Union européenne, c'est-à-dire renoncer de fait à l'"autre politique" et maintenir les politiques "austéritaires"?
- Ou sortir alors, par défaut, de l'Union européenne afin d'appliquer seul l'"autre politique" (position à laquelle a fini par se rallier Emmanuel Todd)?

Jean-Luc Mélenchon ne répond pas, bottant en touche, comme du reste François Hollande lors de la campagne présidentielle:
- "J'y mettrai toute mon autorité" de président de la République française nouvellement élu (François Hollande, Des paroles et des actes, 15/03/2012) - concrètement, le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) a finalement été ratifié sans qu'une virugule n'en soit modifiée.
- "Le miracle est le suivant: nous sommes la France, 2e économie du continent. Nous avons la bombe nucléaire. Pas pour la jeter la bombe nucléaire militaire. Nous avons la bombe nucléaire. Si vous voulez pas m'entendre, je paye plus. Il y a 1.880 milliards de dette française. On paye plus. Le monde entier s'écroule" (Jean-Luc Mélenchon, Des paroles et des actes, 25/04/2013).

 

Tout le reste...

Au delà de la politique macro-économique, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon défendent des programmes incompatibles, sauf en certains points sur les thématiques internationales (OTAN et relations avec la Russie, soutien à des régimes progressistes et nationaux comme le Venezuela de Chávez, etc.).

La différence peut être de degré, comme sur la politique fiscale. Sur ce point, élément concret du social-étatisme inspiré par l'ancien chevènementiste Florian Philippot, la différence qui était de nature avec Jean-Marie Le Pen est devenu de degré avec Marine Le Pen:
- Jean-Marie Le Pen: supprimer l'impôt sur le revenu (2002) puis (2007) diminuer la progressivité de l'impôt sur le revenu (quatre tranches: 0, 10, 15 et 20%) avec un taux marginal à 20%
- Marine Le Pen: augmenter la progressivité de l'impôt sur le revenu (le "rendre plus progressif, sans l'alourdir, par la création de nouvelles tranches intermédiaires") avec un taux marginal à 46%
Marine Le Pen reste toutefois bien en deçà de la tranche marginale d'imposition à 100% (pour la tranche des revenus supérieurs à 360.000€ par an) de Jean-Luc Mélenchon.

La divergence entre le Front National et le Front de Gauche peut aussi être de nature, en particulier sur ce qui constitue tous les fondamentaux du FN: les questions sociétales (de moins en moins il est vrai, mais tout de même encore: IVG, peine de mort, etc.) et, surtout, les questions de sécurité, d'immigration et d'identité nationale.

Rappelons d'ailleurs que l'"autre politique" n'est pas un marqueur du FN, puisque le FN n'en a pas le monopole: parmi ses défenseurs figurent pêle-mêle Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Henri Guaino (avant qu'il ne se "sarkozyse" tout en "guainoisant" un petit peu Nicolas Sarkozy), Arnaud Montebourg (avant qu'il ne se "hollandise"), Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann ou Jean-Luc Mélenchon. Tous s'inspirent plus ou moins explicitement des travaux de l'économiste Jacques Sapir (entre autre auteur de La Démondialisation, 2011).

 

Bref, comparaison n'est pas raison...

05 mai 2013

Exclusif: échange de courriel entre Jean-Marc Ayrault et Jean-Luc Mélenchon

(résumé de la manifestation du Front de Gauche et de l'entretien télévisé du Premier ministre)

    From: jean-marc.ayrault@matignon-gouvernance.gouv.eu
    To: jean-luc.melenchon@revolution-fr-int-fr-int.ve
    Subject: Avec toi?
    Je marchais les yeux fermés
    Je ne voyais plus mes pieds
    Je rêvais réalité
    Ma réalité m'a alité

    From: jean-luc.melenchon@revolution-fr-int-fr-int.ve
    To: jean-marc.ayrault@matignon-gouvernance.gouv.eu
    Subject: Re: Avec toi?
    Je rêvais d'une autre terre
    Qui resterait un mystère
    Une terre moins terre à terre
    Oui je voulais tout foutre en l'air