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30 avril 2011

François Duprat, une histoire de l'extrême droite

Marine Le Pen ne cesse de le répéter: elle "assume toute l'histoire" du FN.

À l'heure où la fille de Jean-Marie Le Pen entend donner à la formation qu'elle préside une image respectable de "parti comme les autres", Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg ont écrit un webdocumentaire passionnant et pédagogique afin de rappeler l'itinéraire du frontiste François Duprat, assassiné en 1978. La veille du traditionnel défilé de Jeanne d'Arc du FN, je vous invite à le visionner:

François Duprat, une histoire de l'extrême droite (LeMonde.fr)

 

En complément, sur mon site France-politique.fr:

- chronologie historique du FN (1)

- les liens entre le FN et l'extrême droite radicale (2)

 

(1) Au passage, j'ai posté ce texte sur cette merde de Wikipédia: "Bonjour, le tableau du bilan de la scission FN/FN-MN-MNR est un travail personnel pompé sur mon site: http://www.france-politique.fr/histoire-fn.htm sans même l'avoir mentionné en source (je soupçonne d'ailleurs bien d'autres pillages). Merci de le retirer promptement, sinon je m'en charge. Cordialement aux contributeurs qui, eux, citent leurs sources et respectent le travail d’autrui. Laurent de Boissieu, journaliste politique."

(2) Il s'agit des dernières pages de mon site n'ayant pas été refaites: désolé pour la présentation et l'absence de mise à jour.

28 avril 2011

Les données politiques en France

Entretien publié sur le site de la société Data publica:

http://www.data-publica.com/interview/interview5

24 avril 2011

La vérité vraie sur le vote des Français aux présidentielles depuis 1988

Heureusement que la Fondation Terra Nova est là! Grâce en effet à la note rédigée par Michel Balinski et Rida Laraki, les Français voient enfin mis à jour leurs désirs politiques inconscients et refoulés: en 1988, ils voulaient en réalité élire Raymond Barre à la présidence de la République; en 1995, Édouard Balladur; en 2002, Lionel Jospin; et, en 2007, François Bayrou.

Pourquoi dès lors ont-ils réélu François Mitterrand en 1988, élu puis réélu Jacques Chirac en 1995 et 2002, élu enfin Nicolas Sarkozy en 2007? Tout simplement parce que"le scrutin majoritaire empêche les électeurs de s’exprimer librement" puisque "depuis au moins l’élection présidentielle de 1988, il y a un sérieux doute que l’élu soit le candidat voulu par l’électorat" (sic!).

Ainsi, "l’écrasant score de 82,2% des voix pour Chirac contre Le Pen en 2002 ne mesure en rien l’opinion réelle des électeurs sur le candidat Chirac". Merci à Terra Nova et aux deux universitaires de nous rappeler subliminalement cet adage datant seulement de la IIIe République: "Au premier tour on choisit, au second on élimine".

Résumons le postulat de départ: les Français - quels cons ces Français! - rejettent systématiquement au premier tour le président de la République qu'ils veulent en réalité élire.

 

Comment les auteurs parviennent-ils à mettre à jour ce désir électoral refoulé dont les électeurs n'ont pas conscience, au point de voter dans un sens différent?

D'une part, grâce aux sondages électoraux du second tour, pourtant basés sur les intentions de vote au premier tour selon le mode de scrutin présidentiel qu'ils rejettent (en 2007, "si François Bayrou s’était qualifié au second tour, tous les sondages montrent qu’il aurait pu gagner contre n’importe quel candidat"). Dès lors, pourquoi ne pas simplifier le processus en remplaçant les élections par les sondages? ...

D'autre part, grâce à la méthode scientifique du doigt mouillé: en 1988, "il semble que Raymond Barre (...) aurait battu Mitterrand s’il avait survécu au premier tour"; en 1995, "si Philippe de Villiers ne s’était pas présenté, ses 4,7% des voix auraient pu s’ajouter au 18,6% d’Édouard Balladur" (sic!), qui aurait alors devancé Jacques Chirac (20,8%)".

En suivant ce raisonnement, on pourrait même déclarer qu'en 2007 les Français voulaient en réalité élire Dominique Voynet (1,6%) à la présidence de la République, ce qui m'a, je l'avoue, échappé, étant donné que "les Verts et leurs idées sont pourtant acceptés par une majorité des Français".

Comme le résume avec justesse David Desgouilles sur Causeur, "si ma tante en avait..."

 

Essayons maintenant, malgré nos fous rires, de dépasser le stade de ce postulat hallucinant. Et regardons comment Terra Nova entend "rendre les élections aux électeurs" à travers un nouveau mode de scrutin: "le jugement majoritaire". Ce dernier consiste à demander aux électeurs d'évaluer les mérites de chacun des candidats dans une échelle de mentions: "Excellent", "Très bien", "Bien", "Assez bien", "Passable", "Insuffisant", "À rejeter".

 

Quels sont les effets d'un tel mode de scrutin?

1) Le jugement majoritaire "diminue l’influence des extrêmes". Les auteurs estiment en effet que "depuis l'élection présidentielle de 2002, l’extrême droite – pourtant rejetée par une grande majorité des Français – prend en otage la démocratie". Encore un propos hallucinant, du même acabit que les premiers, visant à affirmer que le choix démocratique de qualifier Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002 serait ...antidémocratique! Ben voyons...

2) Le jugement majoritaire "n'avantage ni désavantage les partis majeurs de droite, de gauche, ou de centre".

Michel Balinski et Rida Laraki oublient toutefois de mentionner explicitement un troisième effet: ce mode de scrutin avantage les "grands" candidats, non seulement face aux extrêmes, mais également face au "petits" candidats à droite et à gauche (et éventuellement au centre). Sans compter que, dans ce système, "si un candidat n’est pas évalué par un électeur, ce vote est considéré comme À rejeter".

Ce sont bien pourtant ces "petits" candidats - sel de la démocratie d'après moi - qui constituent la véritable obsession de la note:

- "Le jugement majoritaire protège contre le risque des candidatures multiples"

- "Le système français actuel - le scrutin majoritaire à deux tours - (...) trahit la volonté des électeurs: le gagnant d’une élection dépend du jeu des candidatures multiples et non de la seule volonté des électeurs" (sic!)

- "Le hasard des multiples candidatures décide du vainqueur plus que la volonté de l’électorat"

- "Le jugement majoritaire protège l’électorat (sic!) contre le jeu des multiples candidatures"

 

Cette obsession était déjà celle de la fondation Terra Nova à travers l'idée d'une "primaire élargie" afin d'aboutir à un seul candidat à gauche (ou du "camp progressiste", en incluant François Bayrou). Comme si Jean-Luc Mélenchon et Dominique Strauss-Kahn étaient des candidats interchangeables "de gauche"! Comme si la richesse du débat d'idée démocratique pouvait se résumer à une opposition entre "la droite" et "la gauche", alors que, même en écartant les extrêmes, il est bien évident que le véritable clivage de fond oppose ceux qui acceptent (le "cercle de la raison" d'Alain Minc) et ceux qui refusent la logique néolibérale à l'œuvre aussi bien dans la construction européenne que dans la globalisation.

Michel Balinski et Rida Laraki ont bien entendu en tête l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, avec un Jean-Pierre Chevènement implicitement placé sur le banc des accusés. À tel point que le nom de l'ancien candidat du Pôle Républicain est inconsciemment mentionné deux fois (on a presque envie de dire: "Jospin, sors de ce corps!"): "La fragmentation s’est renforcée, dans le camp progressiste (avec potentiellement le candidat socialiste plus Bayrou, Hulot, Chevènement, Mélenchon, Besancenot, voire Chevènement et Tapie) mais aussi à droite (Sarkozy, Villepin, Borloo, Dupont-Aignan, Boutin)".

Pas une seule interrogation, en revanche, sur les raisons pour lesquelles les classes populaires se sont détournées du PS! Surtout pas, car cela risquerait peut-être de remettre en cause les dogmes et certitudes des fondateurs de Terra Nova. Mieux vaut alors délégitimer la candidature de Jean-Pierre Chevènement en 2002 ou, plus globalement et subtilement, se rattacher pour l'avenir à un mode de scrutin qui favorise le candidat majeur de droite et de gauche.

 

Enfin, je ne suis pas certain que le "jugement majoritaire" réponde au principe constitutionnel d'intelligibilité du mode de scrutin; il a d'ailleurs été expérimenté dans une ville universitaire et très "France d'en haut" (en termes de professions et catégories socioprofessionnelle, de revenus ou encore de vote sur le traité constitutionnel européen; je n'ai malheureusement pas pu identifier précisément les bureaux de vote concernés). Alors que le système majoritaire uninominal à deux tours est simple et démocratiquement incontestable: se qualifient au second tour les deux candidats arrivés en tête au premier, puis est élu celui qui obtient la majorité des suffrages exprimés. Même si, personnellement, j'avoue qu'avec le mode de scrutin popularisé par Terra Nova je m'amuserais comme un petit fou à analyser tous ces votes jugements...

22 avril 2011

UMP: la primaire aura-t-elle lieu?

Les statuts de l'UMP sont sans ambiguïté. Il y aura bel et bien un vote des adhérents, c'est-à-dire une primaire interne, avant l'élection présidentielle de 2012:

- Article 14: "Le Congrès choisit le candidat soutenu par l'Union à l'élection à la Présidence de la République; étant entendu que pour l'élection présidentielle il n'y a pas d'investiture d'un parti politique"

- Article 49: "Le Président de la République, à nouveau candidat, et qui souhaite le soutien de l'UMP se soumet au vote du Congrès"

 

Il n'y aura toutefois certainement qu'un seul candidat - le président sortant Nicolas Sarkozy - vu que les éventuels autres protagonistes ne sont plus membres de l'UMP (Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo).

Quant à l'idée d'Alain Lamassoure d'une primaire "ouverte" à toute la majorité présidentielle, elle n'a pas davantage de chance de servir à diminuer le nombre de candidats que celle du PS "ouverte" à toute la gauche... mais à laquelle Europe Écologie - Les Verts et le Front de gauche (PCF et Parti de gauche) ont décidé de ne pas participer.

Reste une hypothèse: la non-application des statuts de l'UMP. Ce qui deviendrait une habitude, puisque la démocratie interne qu'ils prévoient n'est déjà pas appliquée...

21 avril 2011

À un an de la présidentielle, le spectre d'un "21 avril" pèse sur les stratégies

La perspective d'une présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2012 fait planer, neuf ans après, le spectre d'un nouveau "21 avril", en référence à la qualification de Jean-Marie Le Pen en 2002. Avec une incertitude, en fonction du candidat PS testé dans les sondages (Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, François Hollande ou Ségolène Royale), sur l'éventuelle configuration du second tour: un duel FN-PS ("21 avril à l'envers") ou un duel FN-UMP ("21 avril à l'endroit"). Les états-majors de droite et de gauche s'activent donc afin d'écarter cette perspective.

La première façon de limiter les risques d'un "21 avril" est mécanique: elle consiste à limiter l'offre politique à droite et à gauche. De fait, en 2002, le record du nombre de candidats avait été battu, avec seize prétendants contre neuf en 1988 et 1995, dix en 1981, douze en 1974, sept en 1969 et six en 1965 (douze en 2007). Originellement, en 1962, les candidats devaient au préalable présenter cent parrainages, un chiffre porté en 1976 à cinq cents élus par crainte d'une inflation du nombre de candidatures. Divisée entre Pascal Gauchon (Parti des forces nouvelles) et Jean-Marie Le Pen (Front national), l'extrême droite n'avait ainsi pas pu participer à la présidentielle de 1981; même chose pour l'écologiste indépendant Antoine Waechter en 1995 et 2002, pour le souverainiste Charles Pasqua en 2002 ou encore pour le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan en 2007 (de nouveau sur les rangs pour 2012).

Au-delà de ce filtre juridique, l'idée de mettre en place une primaire afin de présenter un candidat unique à l'élection présidentielle a été régulièrement avancée. Dès 1989, Charles Pasqua fonde ainsi une "association pour les primaires à la française aux élections présidentielles". Le principe de l'organisation de primaires sera bien adopté en 1990, puis une charte signée en 1991, mais le projet sera finalement abandonné en 1994 par le RPR et l'UDF dans le contexte de la division entre Jacques Chirac et Édouard Balladur.

L'idée a toutefois été relancée en 2008, à gauche cette fois, par la fondation Terra nova. encore traumatisé par l'élimination de Lionel Jospin en 2002, le PS a donc décidé, en juillet 2010, d'organiser les 9 et 16 octobre 2011 une primaire "ouverte à tous les citoyen(ne)s qui veulent la victoire de la gauche en 2012 et co-organisée par les formations politiques de gauche qui souhaitent y participer", avec un dépôt des candidatures ouvert du 28 juin au 13 juillet 2011. Pour l'instant, aucun autre parti de gauche n'a toutefois décidé d'y participer: si le MRC de Jean-Pierre Chevènement et le PRG de Jean-Michel Baylet n'ont peut-être pas définitivement fermé la porte, Europe Écologie - Les Verts ainsi que le Front de gauche (PCF et Parti de gauche) ont déjà entamé le processus de désignation de leur propre candidat.

Un ultime "Appel du 21 avril" vient tout de même d'être rendu public, exhortant "tous les partis de gauche à travailler ensemble sur une plateforme commune visant la désignation d'un candidat unitaire dès le premier tour, grâce à des primaires ouvertes". Parmi les signataires figurent notamment Laurianne Deniaud, présidente du Mouvement des jeunes socialistes, et Olivier Ferrand, président-fondateur de Terra nova. "Je pense que c'est une erreur, que cela figerait la vie politique française, cela appauvrirait notre débat démocratique", a répondu, mercredi, sur France 2, Eva Joly, candidate à la candidature au sein d'Europe Écologie - Les Verts.

À droite également, la volonté de limiter le nombre de candidats est un leitmotiv de Nicolas Sarkozy. Pour l'Élysée, il s'agit non seulement d'éloigner le spectre d'un "21 avril", mais également d'afficher la conviction que la victoire s'obtient en distançant au premier tour son adversaire du second. en 2007, Nicolas Sarkozy avait en effet obtenu 31 % au premier tour, contre 26 % pour Ségolène royal. Or, les éventuelles candidatures du radical Jean-Louis Borloo et du gaulliste Dominique de Villepin, tous les deux membres de l'UMP jusqu'à cette année, risqueraient de porter un coup fatal à cette stratégie. L'ancien ministre Alain Lamassoure suggère donc, dans une tribune publiée ce jeudi dans Le Monde que le président sortant prenne "lui-même l'initiative de proposer des primaires à droite, en annonçant sa propre candidature". Selon ce parlementaire européen UMP issu de l'UDF, "les ambitions seraient mises au défi de se dévoiler" et "si personne n'ose sortir du bois, la preuve sera faite que, pour représenter la majorité actuelle, Nicolas Sarkozy n'est peut-être pas le meilleur candidat, mais que c'est le seul possible".

La seconde façon de limiter les risques d'un "21 avril" est de s'adresser directement aux électeurs tentés par un vote en faveur de Marine Le Pen, notamment dans les catégories populaires. C'est dans cet objectif de reconquête de l'électorat d'extrême droite, qu'il avait en partie capté en 2007, que Nicolas Sarkozy a redroitisé son image depuis le discours prononcé en juillet 2010, à Grenoble, sur la sécurité. Les récents propos controversés sur l'islam et l'immigration de Claude Guéant, ministre de l'intérieur, s'inscrivent également dans cette logique. Même chose en ce qui concerne le déplacement effectué mardi par le président de la République à Charleville-Mézières (Ardennes), là où celui qui se voulait "le président du pouvoir d'achat" avait prononcé en 2006 son discours sur "la France qui souffre".

À gauche, telle est également la stratégie d'Arnaud Montebourg (PS), candidat déclaré à la primaire, à travers le concept antilibéral de "démondialisation". En rupture avec la politique menée par tous les gouvernements de droite et de gauche depuis le "tournant de la rigueur" de 1983, ce concept est défendu par les économistes Jean-Luc Gréau et Jacques Sapir ...sur les analyses desquels s'appuie également le FN.

La récupération de travaux d'économistes extérieurs à l'extrême droite participe en effet de l'ambition de Marine Le Pen de crédibiliser son programme et de respectabiliser son image. "Les grands serviteurs de l'État réellement soucieux de l'intérêt général n'ont aucune raison de redouter notre arrivée au pouvoir et l'application des idées que je porte", a même écrit Marine Le Pen aux préfets, dans une lettre dévoilée sur le site Marianne2. Selon Rue89, le parti d'extrême droite a en outre donné des consignes afin d'interdire de son traditionnel défilé du 1er mai "tout ce qui ressemble de près ou de loin à un ‘‘skinhead''", ainsi que les "tenues vestimentaires type treillis, rangers, etc.". Enfin, mardi dernier, Alexandre Gabriac, l'un de ses trois élus proches du groupuscule pétainiste l'Œuvre française, a été exclu du parti. Preuve que le FN veut devenir une formation comme une autre. Mais preuve, aussi, que ce n'est pas encore le cas.

Laurent de Boissieu
La Croix, 21/04/2011 (version légèrement modifiée)

20 avril 2011

Une photo? Pas de pot...

Considérant que le "salut à la romaine ou olympique" est un des "signes de ralliement" de l'Œuvre française;

Considérant que le 9 novembre 1996 Pierre Sidos (fondateur de l'Œuvre Française) a demandé à ses militants d'adhérer parallèlement au FN;

Considérant qu'il est de notoriété publique qu'au moins deux élus régionaux (Alexandre Gabriac, L.B.), un élu municipal (Y.B.) et un responsable local (T.M.) du FN sont issus de l'Œuvre française;

Considérant qu'Alexandre Gabriac vient d'être exclu du FN pour avoir été pris en photo en faisant le salut de l'Œuvre française;

J'en conclus que les trois autres n'ont pas été pris en photo.

 

(cela dit, il ne s'agit pas d'un courant organisé au sein du FN: lors du dernier congrès, j'ai vu deux d'entre eux, un mariniste et un gollnischien, commencer à se mettre sur la gueule...)

19 avril 2011

Prime de 1.000 euros, ou comment gâcher une bonne idée

François Baroin (UMP), ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, a annoncé le 13 avril la mise en place d'un "dispositif simple sous forme d'une prime exceptionnelle dont le montant n'est pas encore stabilisé - au moins 1.000 euros - et qui pousserait les entreprises et les secteurs d'activité économiques à négocier pour obtenir une meilleure répartition de cette richesse".

 

La question de la répartition des profits et des responsabilités dans l'entreprise est selon moi fondamentale.

Elle risque malheureusement d'être discréditée par la proposition grotesque de la droite. Comment peut-on en effet sérieusement demander aux entreprises de verser ainsi une prime fixe à ces salariés? Car, pour être crédible, son montant devrait être proportionnel aux bénéfices après paiement des impôts.

Et peu importe le nombre de salariés concernés: c'est une question de philosophie (je n'ai jamais compris l'argument du nombre, que ce soit sur l'intéressement ou sur la loi pour la dignité de la femme et contre le voile intégral).

 

Quoi qu'il en soit, deux principes doivent selon moi régir toute législation en la matière:

- comme tout dispositif relatif à la participation financière, il ne doit pas devenir un substitut à la politique salariale.

- le dispositif doit être obligatoire et non facultatif; dans le système capitaliste, l'entreprise n'a en effet pas pour finalité d'être citoyenne, démocratique ou sociale mais de dégager des bénéfices afin, d'une part, de se développer (réinvestissement) et, d'autre part, de verser des dividendes aux actionnaires: seule la loi peut imposer une autre logique.

18 avril 2011

Résultats des élections législatives en Finlande

Mise à jour de ma page sur les résultats des élections législatives en Finlande depuis 1945:

http://www.europe-politique.eu/elections-finlande.htm

14 avril 2011

Dominique de Villepin est-il pour la préférence nationale?

J'ai assisté ce matin à la présentation par Dominique de Villepin de son projet "pour une société de dignité" (article demain dans La Croix).

Une interrogation mérite toutefois d'être soulevée. La proposition phare de l'ancien premier ministre chiraquien est l'instauration d'un "revenu citoyen de 850€ pour les personnes sans ressources et dégressif pour les personnes aux revenus inférieurs à 1.500€", qui se substituerait aux allocations sociales existantes (revenu de solidarité active, allocation de solidarité spécifique, prime pour l'emploi, allocation de solidarité aux personnes âgées, allocation personnalisée d'autonomie, allocation de rentrée scolaire, etc.).

Or, ce "revenu citoyen" serait réservé aux "citoyens français majeurs". Ce qui signifie que les étrangers en situation régulière, qui perçoivent actuellement les allocations sociales, s'en trouveraient de fait exclus à travers une sorte de "préférence nationale" non assumée.

À moins que des droits sociaux équivalents ne fassent partie du "titre de séjour unique et progressif comportant des devoirs et des droits". Mais, pour l'instant, le projet villepiniste ne le dit pas.

 

[Ajout du 19 avril: les allocations sociales seraient conservées pour les étrangers ainsi que pour les Français qui refuseraient la contrepartie du revenu citoyen, à savoir "l'engagement moral de poursuivre une activité: travail, formation, bénévolat associatif, engagement politique ou syndical, création artistique"]

12 avril 2011

L'UMP n'est pas parvenue à unifier la droite française

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La décisions de Dominique de Villepin de ne pas renouveler son adhésion à l'UMP, puis celle de Jean-Louis Borloo de quitter le parti majoritaire, semblent annoncer un retour du pluralisme partisan à droite. L'ancien premier ministre chiraquien a créé l'année dernière son propre mouvement, République solidaire, et présentera jeudi son "projet pour une politique alternative". Tandis que le Parti radical, dont Jean-Louis Borloo est le président, devrait décider, lors de son 111e congrès, les 14 et 15 mai prochains, son départ en bloc de l'UMP.

La fondation de l'Union pour la majorité présidentielle puis de l'Union pour un mouvement populaire, en 2002, était pourtant le fruit d'une grande ambition: réunir au sein d'une formation unifiée toute la droite française, avec un candidat unique lors de l'élection présidentielle. Objectif presque atteint, puisque, depuis, le groupe UMP à l'Assemblée nationale réunit la quasi-totalité des députés de droite. Seuls sont restés en dehors les élus UDF en 2002, puis Nouveau centre en 2007, de même que ceux du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers.

Les éventuelles candidatures à la prochaine présidentielle de Dominique de Villepin et de Jean-Louis Borloo pourraient toutefois changer la donne en remettant en cause l'hégémonie, à droite, de l'UMP et de son candidat. Dès ce mardi, Pascal Vilain, président de la fédération du Loiret du Parti radical, a ainsi lancé, à Orléans, le premier comité de soutien à la candidature de Jean-Louis Borloo.

Au-delà du Parti radical, l'idée de Jean-Louis Borloo est de constituer une "alliance républicaine, écologiste et sociale" avec les autres composantes de "l'aile humaniste" de la majorité de droite, notamment le Nouveau centre d'Hervé Morin et la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel.

"Il s'agirait, d'une certaine façon, de recréer l'UDF et de faire à nouveau marcher la droite sur deux jambes", décrypte le politologue Gérard Grunberg dans une note pour le groupe de réflexion Telos. Entre 1978 et 1998, la droite française était en effet partagée entre le RPR, néogaulliste et chiraquien, et l'UDF, union de ses sensibilités libérale, démocrate-chrétienne et radicale.

Or, la création de l'UMP fut la conséquence de l'effacement des antagonismes idéologiques entre les deux partenaires, étant donné le ralliement de la majorité du RPR aux idées libérale, européiste et décentralisatrice de l'UDF. Mais, aujourd'hui, l'insistance de Nicolas Sarkozy sur les thématiques d'identité, d'immigration et de sécurité a fait renaître un clivage à droite, Jean-Louis Borloo allant jusqu'à affirmer dans le contexte des élections cantonales qu'il y avait désormais "deux majorités présidentielles".

"La diversité historique de la droite française ne pouvait pas disparaître avec la création de l’UMP. Celle-ci devait donc faire vivre, organiser et canaliser cette diversité, poursuit Gérard Grunberg. Sa direction n’a pas su ou voulu le faire." Alain Juppé puis Nicolas Sarkozy, ses deux présidents successifs, n'ont en effet jamais appliqué les statuts du parti, qui prévoient bien la reconnaissance de courants internes (appelés "mouvements") avec vote des adhérents et financement propre.

Reste à savoir jusqu'où la prise d'indépendance de Jean-Louis Borloo pourra ébranler l'UMP. Les ex-UDF non radicaux (Pierre Méhaignerie, Marc-Philippe Daubresse) devaient en effet se réunir ce mardi afin de réaffirmer leur appartenance au parti majoritaire, tout au moins jusqu'aux législatives. Et, au sein même du Parti radical, un député pourtant favorable à la candidature de Jean-Louis Borloo estime que pas plus de "cinq ou six" de ses collègues (sur vingt au total) souhaitent véritablement rompre avec l'UMP…

Laurent de Boissieu
La Croix, 12/04/2011 (version légèrement modifiée)