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08 juin 2013

Exclus: la preuve qu'Esteban milite dans la mouvance Ayoub

Serge Ayoub, le chef de la mouvance Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires/Troisième Voie, affirme jusqu'à présent qu'Esteban Morillo (20 ans), le tueur présumé de Clément Méric (19 ans), ne milite pas dans sa mouvance.

Or, Alexandre Gabriac, de la mouvance d'extrême droite rivale Œuvre Française/Jeunesses Nationalistes, a balancé sur Twitter une photo d'Esteban Morillo:

 

Cette photo (s'il s'agit bien d'Esteban Morillo) m'a permis de prouver son appartenance à la mouvance de Serge Ayoub.

 

D'après mes recherches, le cliché a été pris le 24 novembre 2012, à Paris, à l'occasion de la "Marche contre la fourrure".

Esteban Morillo y défile en tenant une banderole, que j'ai pu identifier comme étant celle de la "Section Défense Animale", association qui sera officiellement déclarée à la Préfecture de police le 28 février 2013. Son siège social est situé au 10, rue Primatice 75013 Paris.

Or, cette adresse parisienne est une des deux utilisées par la mouvance Ayoub (avec le 92, rue de Javel où se situe au rez-de-chaussée "Le "Local"). Serge Ayoub avait en effet repris la librairie d'extrême droite qui s'y trouvait pour la transformer en 2012 en boutique "Bad StreetShop". Depuis le 4 octobre 2012, deux membres du bureau politique de Troisième Voie y ont domicilié leur activité professionnelle.

De fait, Alexandre Gabriac a certainement récupéré l'image sur le (maigre) site Internet de la "Section Défense Animale", où elle figure avec d'autres sous la légende "Notre équipe lors de la manifestation du 24 novembre dernier contre la fourrure".

Enfin, sur une vidéo postée sur la "chaine officielle" YouTube de Troisième Voie on peut lire en toute transparence que c'était "la première fois que des partisans de Troisième Voie défilaient avec des organisations de tous bords et de tous horizons pour défendre [la protection animale]".

 

Bref, Esteban Morillo milite sans conteste dans la mouvance Ayoub (ce qui ne signifie pas forcément que la responsabilité de cette mouvance puisse être juridiquement engagée en tant que telle, au-delà de la responsabilité individuelle du tueur).

 



 

N.B.: l'extrême droite païenne est depuis longtemps impliquée dans les associations de défense des "droits des animaux", refusant par anti-judéochristianisme la valeur différente donnée dans la Bible entre la vie humaine et la vie animale (sacrifice par Abraham d'un bélier et non de son fils Isaac ou Ismaël pour les musulmans, Genèse 22, 1-19). Ce qui n'empêche bien entendu pas par ailleurs un juif, un chrétien ou un musulman de s'opposer à la souffrance animale!

 

 

Ajout (10/06/2013): réponse du mouvement Troisième Voie:

 

07 juin 2013

Existe-t-il des liens entre le FN et l'extrême droite radicale?

fn.jpgSes dirigeants ne cessent de le marteler depuis la mort dramatique du jeune militant d'extrême gauche libertaire Clément Méric: le FN n'a aucun lien avec les groupuscules d'extrême droite.

 

Si le FN n'a bien entendu strictement rien à voir avec ce drame, qu'en est-il réellement de ses liens avec les groupes radicaux?

 

 

 

Que cela plaise ou non à un dirigeant du FN comme Florian Philippot, récemment venu de la gauche chevènementiste, l'histoire du FN s'enracine dans l'extrême droite la plus dure.

Ce n'est en effet pas Jean-Marie Le Pen qui est à l'origine, en octobre 1972, de la création du Front national (FN). Ce sont les activistes du mouvement Ordre Nouveau, dans le but de participer aux élections législatives de 1973 sous une étiquette plus large.

L'ancien député poujadiste puis "Indépendants de Paris" (CNIP) Jean-Marie Le Pen et ses amis, comme Dominique Chaboche ou Pierre Durand, faisaient même figures de modérés dans les premières années du FN. Des "nationaux", par opposition aux "nationalistes" selon la distinction proposée au début des années 1960 par Dominique Venner dans Pour une critique positive.

Premier bureau politique du FN (octobre 1972):

  • Président: Jean-Marie Le Pen
  • Vice-président: François Brigneau (Ordre Nouveau, ancien collaborateur et codétenu de Robert Brasillach à la Libération)
  • Secrétaire général: Alain Robert (Ordre Nouveau)
  • Secrétaire général adjoint: Roger Holeindre (Parti de l'Unité Française, ex-OAS)
  • Trésorier: Pierre Bousquet (Parti de l'Unité Française, ancien de la Division SS Charlemagne)
  • Trésorier adjoint: Pierre Durand

Deuxième bureau politique du FN (novembre 1973):

  • Président: Jean-Marie Le Pen
  • Vice-président: Roger Holeindre (ex-OAS)
  • Secrétaire général: Dominique Chaboche
  • Secrétaire administratif: Victor Barthélémy (ancien membre du comité central de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme et ancien secrétaire général du PPF de Jacques Doriot)
  • Trésorier: Pierre Bousquet (ancien de la Division SS Charlemagne)
  • Trésorier adjoint: Pierre Durand

 

Qu'en a-t-il été ensuite, au cours de l'histoire du FN?

Il convient de distinguer plusieurs périodes.

 

1972-1981
L'extrême droite radicale au sein du FN

Dans les années 1970, le FN accueille en son sein l'extrême droite la plus dure, jusqu'à la Fédération d'Action Nationale et Européenne (FANE) néonazie. Son fondateur, Marc Fredriksen, est ainsi candidat FN aux élections législatives de 1978.

Cette mouvance radicale est alors incarnée par:

Le FN apparaît alors comme plus extrémiste que le Parti des Forces Nouvelles (PFN), créé dès 1973-1974 par des dissidents issus d'Ordre Nouveau (François Brigneau, Alain Robert), qui cherche à nouer des alliances électorales avec la majorité de droite.

 

1981-1991
Le FN à la droite de la droite

Après l'assassinat de François Duprat, le 18 mars 1978 entre les deux tours des élections législatives, les nationalistes révolutionnaires et néo-nazis quittent progressivement le FN.

Dans les années 1980 l'extrême droite radicale agit donc en dehors du FN (même si certains secteurs du FN, notamment le FNJ et les proches de Jean-Pierre Stirbois, incarnent toujours une aile dure):

Le FN, lui, attire des cadres ou élus locaux issus de la droite. Aux élections européennes de 1984 il trouve ainsi "ses meilleurs appuis dans une bourgeoisie de droite, catholique, aisée, exaspérée par l'arrivée des socialo-communistes au pouvoir" (Nonna Mayer).

 

1991-1998
Retour des radicaux (1)

La position pro-irakienne du FN lors de la première guerre du Golfe (1991) et le phénomène électoral du "gaucho-lepénisme" (Pascal Perrineau) expliquent le retour au sein du FN de courants radicaux:

  • Pierre Pauty (Militant) revient en 1992 au FN, dont il sera réélu au comité central en 1994
  • le FNJ et le GUD se rapprochent au sein de structures communes, notamment en 1993 le Renouveau Étudiants Parisien (Jildaz Mahé O'Chinal)
  • le mouvement Troisième Voie se divise en 1991 entre adversaires (Christian Bouchet) et partisans (Jean-Gilles Malliarakis) d'une adhésion groupée au FN; les adversaires fondent Nouvelle Résistance, qui se divise à son tour en 1996 entre adversaires et partisans de l'adhésion au FN (Christian Bouchet; André-Yves Beck, élu au comité central du FN en 1997; Fabrice Robert, élu conseiller municipal FN de La Courneuve en 1995). Ces derniers développent parallèlement leurs propres structures (Union des Cercles Résistance puis Unité Radicale avec le GUD).
  • Pierre Sidos, "présideur" de l'Œuvre Française (resté en dehors de la création du FN en 1972), appelle en 1996 ses adhérents à adhérer également au FN

 

1998-2002
Les radicaux avec Mégret

Lors de la rupture entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret (décembre 1998-janvier 1999), les nationalistes révolutionnaires ainsi que les racialistes inspirés par la Nouvelle Droite optent pour Bruno Mégret (lui-même issu de la Nouvelle Droite).

C'est en particulier le cas d'Unité Radicale, dont deux dirigeants sont élus en février 2002 au conseil national du Mouvement National Républicain (MNR) mégrétiste: Christian Bouchet (secrétaire général, quittera Unité Radicale en avril 2002) et Fabrice Robert (porte-parole). Ils en seront exclus en même temps que la dissolution d'Unité Radicale après la tentative d'assassinat du président de la République Jacques Chirac, le 14 juillet 2002, par Maxime Brunerie, candidat MNR aux élections municipales de 2001 dans le 18e arrondissement de Paris.

 

2002-2011
Retour des radicaux (2)

Le FN redevenu hégémonique à l'extrême droite depuis l'implosion du MNR, ses liens avec l'extrême droite radicale se sont renoués.

L'ascension politique de Marine Le Pen et de(s) la "génération(s) Le Pen" (Louis Aliot) va cependant entraîner à partir de 2009 une vague de suspensions/démissions de cadres historiques, entraînant avec eux une partie de l'aile dure:

  • 2003: Bernard Romain Marie Antony
  • 2005: Jacques Bompard
  • 2007: Christian et Myriam Baeckeroot
  • 2008: Carl Lang et Jean-Claude Martinez
  • 2009: Martine Lehideux, Fernand Le Rachinel, Martial Bild, Michel Bayvet et Michel de Rostolan
  • 2011: Roger Holeindre

La campagne interne pour la présidence du FN illustrera cette opposition entre deux lignes:

  • En novembre 2009, Bruno Gollnisch participe au "13e Forum de la Nation" aux côtés de Pierre Sidos (Œuvre Française)
  • En décembre 2012, Marine Le Pen déclare qu'elle est "opposée à voir revenir dans le FN des groupuscules radicaux, caricaturaux, anachroniques. Entre les catholiques [intégristes], les pétainistes et les obsédés de la Shoah, ça ne me paraît pas cohérent. Le FN ne servira pas de caisse de résonance à leurs obsessions."

 

Depuis 2011
Dédiabolisation

L'élection de Marine Le Pen à la présidence du FN, en janvier 2011, va marquer une vague d'exclusions/démissions. Sont particulièrement visés les proches de Bruno Gollnisch, le plus souvent membres de l'Œuvre Française:

  • Yvan Benedetti (conseiller municipal de Vénissieux et secrétaire départemental adjoint du Rhône) - il prendra en février 2012 la présidence de l'Œuvre Française
  • Alexandre Gabriac (conseiller régional de Rhône-Alpes) - il fondera en octobre 2011 les Jeunesses Nationalistes dans la mouvance de l'Œuvre Française
  • Christophe Georgy (responsable de zone du Département Protection Sécurité)
  • Amélie Gausset-Georgy (DPS)
  • Édouard de Brisoult - adhère alors à l'Œuvre Française
  • Danica Ljustina (conseillère municipale FN de Vénissieux)
  • Jérôme Guigue (DPS)
  • Ghislain Fabre (DPS)
  • Olivier Wissa (conseiller régional du Rhône-Alpes)
  • ...

 

Que peut-on dire aujourd'hui sur les liens entre le FN et l'extrême droite radicale?

1. Je crois sincère la volonté de Marine Le Pen, qui vise la conquête du pouvoir, de se débarrasser d'une base radicale. Mais je pense que la "dédiabolisation" ne pourra pas aboutir tant qu'elle 1) n'aura pas changé le nom du parti 2) ne se sera pas démarquée (au lieu de l'assumer comme actuellement) de cet héritage extrémiste (y compris les dérapages verbaux de son prédécesseurs à la présidence du parti: Jean-Marie Le Pen). Or, Marine Le Pen est selon moi dans une impasse: elle ne peut pas "tuer" symboliquement son père politique, puisqu'il s'agit aussi de son père biologique.

2. Il existe encore des liens entre le FN et l'extrême droite radicale:

  • Christian Bouchet (successivement secrétaire général de Troisième Voie, Nouvelle Résistance puis Unité Radicale, plusieurs fois candidat MNR puis FN aux élections) maintient un lien a longtemps maintenu un lien (1) entre le FN et la mouvance nationaliste révolutionnaire; le tournant "social-étatiste" du FN le rapproche d'ailleurs idéologiquement de cette mouvance (aux antipodes de l'anti-étatisme du FN sous Jean-Marie Le Pen).
  • Le FN fait appel comme prestataire de service à ce que mes confrères Abel Mestre et Caroline Monnot ont appelé le "GUD business" (cf. Le Système Le Pen, enquête sur les réseaux du Front national, Denoël); il semble que ce soit toujours (ou à nouveau) le cas de membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) pour épauler son service d'ordre (mais le FN n'est pas le seul: si la droite gaulliste puis chiraquienne dispose de ses propres réseaux, les giscardiens en 1974, les barristes en 1988 et les balladuriens en 1995 auraient selon plusieurs sources fait appel au GUD).
  • Il existe de nombreux liens personnels, amicaux, entre membres du FN et membres de groupuscules radicaux: on n'efface pas en quelques années quarante ans d'interactions.

 

(1) Christian Bouchet a cessé d'être l'éditorialiste de VoxNR en septembre 2011, et m'a informé avoir "progressivement" rompu depuis "tout lien organique" avec la mouvance nationaliste révolutionnaire.

03 juin 2013

Primaire ouverte, ou comment dissoudre le peuple

Les adhérents de l'UMP vont se prononcer à la fin du mois de juin sur les nouveaux statuts de leur parti. Ces derniers prévoiront dorénavant l'"organisation d'une primaire en vue de la désignation du candidat à la présidence de la République":

"Le candidat à la présidence de la République soutenu par l'Union est désigné à l'occasion d'une primaire ouverte à l'ensemble des citoyens adhérant aux valeurs de la République et se reconnaissant dans les valeurs de l'Union.
Il n'est pas organisé de primaire lorsque le président de la République est issu de l'Union et candidat pour un second mandat. S'il souhaite le soutien de l'Union, il se soumet au vote du Congrès."

À noter qu'il est question de primaire ouverte, les précédents statuts de l'UMP prévoyant en réalité déjà une primaire mais "fermée", c'est-à-dire ouverte aux seuls adhérents:

"Le Congrès (…) choisit le candidat soutenu par l'Union à l'élection à la Présidence de la République; étant entendu que pour l'élection présidentielle il n'y a pas d'investiture d'un parti politique (…)
Le Président de la République, à nouveau candidat, et qui souhaite le soutien de l'UMP se soumet au vote du Congrès."
(disposition non appliquée en 2012 avec Nicolas Sarkozy)

 

Organiser une élection primaire ouverte peut répondre à deux motivations, l'une "positive", l'autre "négative".

 

La raison "positive" d'organiser une élection primaire ouverte est d'offrir une dynamique au lancement de la campagne d'un candidat. C'est ainsi que 2,7 millions de personnes ont participé au premier tour et 2,9 millions au second de la "primaire citoyenne" organisée en octobre 2011 pour désigner le candidat du Parti socialiste et des radicaux de gauche.

À condition, bien entendu, de mobiliser suffisamment de votants. Prenons l'exemple de la "primaire ouverte pour l'alternance à Paris en 2014", organisée par la fédération de Paris de l'UMP. Cette dernière fédération comptabilisait 28 234 adhérents au 15 mars 2013 (dernier chiffre rendu public). Dans l'attente de la clôture des inscriptions (ce lundi à 18h, une heure avant la fin du scrutin lui-même), le comble serait qu'une primaire ouverte aux sympathisants réunisse moins d'inscrits que le nombre des propres adhérents du parti!

 

La raison "négative" d'organiser une primaire est de contourner les adhérents du parti. Le dernier congrès de l'UMP a révélé, comme je l'ai démontré, une "fracture politique entre l'UMP d'en haut et l'UMP d'en bas". Organiser une primaire ouverte permet à l'aile gauche, en porte-à-faux avec la base, de s'émanciper du noyau dur militant.

L'idée n'est pas sans fondement. Comme le dit souvent le centriste François Bayrou, "les partis se tiennent par leur noyau dur". Autrement dit, les militants sont globalement plus à droite que l'ensemble des adhérents, eux-mêmes plus à droite que les sympathisants, eux-mêmes plus à droite que les électeurs. Bref, le champion du noyau dur militant n'est pas forcément le meilleur pour gagner une élection (sauf si les adhérents votent utile en se prononçant en fonction des sondages d'intentions de vote).

Mais la manœuvre n'est qu'une façon de mettre la poussière sous le tapis, de chercher à cacher ce décalage entre la base et le sommet en contournant la démocratie interne. Bref, une façon de dissoudre le peuple des adhérents.

01 juin 2013

Mobilisation contre le "mariage pour tous", interpellations et gardes à vue: retour sur le 26 mai

J'ai déjà expliqué ici pourquoi je n'étais pas contre la loi Taubira.

Cette position ne m'empêchait toutefois pas de considérer que certains opposants soulevaient aussi des questions qui auraient mérité d'être étudiées avec davantage d'attention (par exemple les conséquences sur l'adoption internationale), que ce sujet de société aurait parfaitement pu faire l'objet d'un référendum (je suis personnellement pour la multiplication, donc la banalisation et la dépersonnalisation des référendums) et, bien entendu, la moindre des choses pour un journaliste!, de refuser les amalgames.

 

Un petit exemple: cette infographie publiée le jour des dernières manifestations du 26 mai sur le site du quotidien Le Monde.

manif-lemonde.png

Or, en réalité, il ne s'agissait pas de "quatre cortèges pour une manifestation", mais de deux manifestations, dont une avec trois cortèges.

Le communiqué de la Préfecture de police de Paris est pourtant sans ambiguïté:

Le dimanche 26 mai 2013, diverses manifestations se dérouleront dans la Capitale.

► À partir de 13 heures, trois rassemblements sont prévus avec des itinéraires convergeant vers l’Esplanade des Invalides et ses abords, comme suit : (...)
La dispersion est envisagée sur le site des Invalides (7e), côté esplanade des Invalides et
côté place Vauban, vers 19 heures 30.

► À partir de 14 heures 30, une autre manifestation est prévue au départ de la place du
Général Catroux (17e). Les participants défileront : (...)  place de l’Opéra (1e) où aura lieu la dispersion vers 19 heures.

 

Volontairement (désinformation) ou non (erreur), les amalgames se sont pourtant multipliés tout au long de cette journée:

 

*
**

Dans le même esprit, j'ai cherché cette semaine à en savoir plus en ce qui concerne les interpellations et les gardes à vue du samedi 25 et du dimanche 26 mai.

Mon ambition: dresser une carte de Paris des interpellations, avec leur tranche horaire, afin de voir combien d'entre elles étaient effectivement imputables à la manifestation organisée par le collectif "La Manif Pour Tous".

Le ministère de l'Intérieur m'a renvoyé sur la Préfecture de police de Paris. Celle-ci ne m'a malheureusement pas fourni d'indications suffisamment précises quant au lieu et à l'heure des interpellations pour pouvoir proposer un article dans le cadre professionnel. C'est donc sur ce blog personnel que je livre les éléments que j'ai pu recueillir.

 

Voici en exclusivité le détail des interpellations et suites judiciaires:

  Samedi soir Dimanche (journée)
Dimanche soir Total
Interpellations 62 106 180 348
...dont gardes à vue 56
  • 39: refus de dispersion après les sommations d'usage

  • 15: entrave à la circulation

  • 2: violences sur personne dépositaire de l'autorité publique

31
  • 19: violation de domicile

  • 6 (dont un mineur): port d'arme prohibée

  • 4: participation à un attroupement armé

  • 1: outrage et port d'arme prohibée

  • 1: rébellion

178
  • 154: participation à un attroupement

  • 14: jet de projectiles

  • 6: refus de dispersion après les sommations d'usage

  • 4: violences sur personne dépositaire de l'autorité publique

265
...dont individus déférés 1 22 34 57

Sur les 265 personnes mises en garde à vue, 28 ont été laissées libres (dont 6 avec une convocation ultérieure devant le tribunal), 180 ont reçu un rappel à la loi et 57 ont été déférées au Parquet.

 

Combien sont véritablement imputables à la manifestation organisée par le collectif "La Manif Pour Tous"?

 

L'opération du samedi soir de blocage des Champs-Élysées (type "Printemps Français", même si cette mouvance ne l'a pas revendiquée) est hors "Manif Pour Tous". Certains confrères n'ont cependant pas hésité à titrer "Manif pour tous: une cinquantaine d'interpellations sur les Champs-Élysées" (Europe1).

 

Les interpellations et gardes à vue au cours de la journée de dimanche sont normalement facilement identifiables. Plutôt, elles l'auraient été si la Préfecture de police m'avait fourni les lieux des interpellations.

Que peut-on dire avec certitude et quelles hypothèses peut-on émettre?

1. Les 19 gardes à vue pour violation de domicile concernent Les Identitaires, qui sont allés occuper une terrasse mitoyenne du siège du PS (ils sont tous convoqués devant la justice le 27 juillet). En dehors donc de la "Manif pour tous"

 

2. Les Jeunesses Nationalistes expliquent sur leur site qu'une de leur militante a "été placée en garde à vue pour «possession d'une arme blanche non classée»" (racontant ensuite que "la seule chose qui soit blanche, c'est la couleur de sa canne! Car en effet, notre amie est malheureusement atteinte de cécité"). On peut donc formuler l'hypothèse que les gardes à vue pour "port d'arme prohibée" et "participation à un attroupement armé" les concernent. Elles-mêmes dénoncent "l'arrestation arbitraire de 27 militants des Jeunesses Nationalistes, et du Président de l’Œuvre Française, Yvan Benedetti". Or, cette mouvance ne défilait pas avec "La Manif Pour Tous" mais avec Civitas, et ses membres ont été interpellés place de l'Opéra. Bref, il ne s'agit pas de la "Manif pour tous".

 

En conclusion, il reste a priori peu voire aucune personne(s) "Manif Pour Tous" gardée(s) à vue si l'on retranche l'action des Identitaires et l'interpellation des Jeunesses Nationalistes lors de la manifestation de Civitas.

À noter toutefois que parmi les interpellés "Manif Pour Tous", près du point de départ place Valhubert (gare d’Austerlitz), figuraient 11 membres du Renouveau Français (sans garde à vue consécutive m'a assuré son directeur, Thibaut de Chassey):

 

 

Les évènements du dimanche soir sur l'esplanade des Invalides sont les plus ambigus. D'une part, il conviendrait de distinguer les veilleurs pacifiques des violents qui sont allés se frotter aux CRS. D'autre part, si la "Manif Pour Tous" s'était dispersée vers 19h30, il est bien évident qu'une partie des fauteurs de trouble avait auparavant manifesté en son sein.

L'Action Française (AF) explique ainsi s'être "répartie en deux groupes: les marcheurs de la manif pour tous et le groupe d'action", ce dernier revendiquant "un blocage systématique des voies d'accès aux zones de de manifestation", puis qu'ils se sont "tous retrouvés sur l'esplanade des Invalides". Bilan de la soirée: "17 interpellations et mises en garde à vue dans les seuls rangs de l'Action française".