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19 janvier 2011

Les clubs et think tanks dans la mouvance de l'UMP

Les organisations ayant participé mardi 18 janvier au premier "conseil des clubs et think tanks" de l'UMP:

 

Cercle Nation et République
dirigeant: Jacques Myard
orientation: gaullisme, souverainisme

 

Cercle Turgot
dirigeants: Jean-Louis Chambon, Jacques-Henri David, Nicolas Bouzou, Patrick Combes, Philippe Dessertine 
orientation: libéralisme 

 

Démocrates & Populaires
dirigeants: Marc-Philippe Daubresse, Pierre Méhaignerie, Fabienne Keller, Christian Kert 
orientation: démocratie chrétienne, radicalisme, gaullisme social

 

Dialogue & Initiative
dirigeants: Jean-Pierre Raffarin, Marc Laffineur, Pierre Lequiller 
orientation: libéralisme

 

Fondation Concorde
dirigeant: Michel Rousseau 
orientation: libéralisme

 

Fondation Pour l’Innovation Politique (Fondapol)
dirigeants: Dominique Reynié, Nicolas Bazire, Charles Beigbeder, Jérôme Monod  
orientation: libéralisme

 

Fondation Robert Schuman
dirigeant: Jean Dominique Giuliani 
orientation: démocratie chrétienne 

 

France.9
dirigeant: François Fillon 
orientation: néogaullisme

 

France République
dirigeant: Laurent Hénart 
orientation: radicalisme

 

Génération France.fr
dirigeants: Jean-François Copé, Christian Jacob 
orientation: copéisme

 

Fondation iFRAP
dirigeants: Bernard Zimmern, Agnès Verdier-Molinié 
orientation: ultralibéralisme 

 

Institut Économique Molinari
dirigeante: Cécile Philippe

 

Institut pour la Justice
dirigeants: Catherine Nemo, Xavier Bébin

 

Institut Turgot
dirigeant: Henri Lepage 
orientation: ultralibéralisme

 

La Droite Populaire
dirigeants: Thierry Mariani, Lionnel Luca, Philippe Meunier  

 

La Droite Sociale
dirigeant: Laurent Wauquiez  
orientation: démocratie chrétienne, radicalisme, gaullisme social

 

Le Chêne
dirigeante: Michèle Alliot-Marie
orientation: néogaullisme

 

La Droite Rurale
dirigeant: Pierre Morel A l'Huissier 

 

Club 89
dirigeant: Benoist Apparu 
orientation: néogaullisme

 

Le Labo des idées
dirigeante: Valérie Pécresse 

 

Club Nouveau Siècle
dirigeants: Philippe Dechartre, Bernard Reygrobellet  
orientation: gaullisme social

 

Les Progressistes
dirigeant: Éric Besson 
orientation: social-libéralisme

 

Les Réformateurs
dirigeants: Hervé Novelli, Gérard Longuet, Yanick Paternotte  
orientation: ultralibéralisme

 

Nouvelle République
dirigeant: Michel Barnier 

 

Nouvelle Société Civile
dirigeant: Yves Jégo 
orientation: sarkozysme

 

Réforme & Modernité
dirigeant: Hervé Mariton 
orientation: libéralisme 

 

Les IDees.fr
dirigeant: Louis Giscard d'Estaing
orientation: libéralisme 

 

Club des Droits de l'Homme
dirigeante: Nicole Guedj  

 

Union des Jeunes pour le Progrès (UJP)
dirigeant:  Rudolph Granier 
orientation: gaullisme

 

Centre d'Études et de Recherches de l'UNI (CERU)
dirigeant: Olivier Vial

 

Konrad Adenauer Stiftung
dirigeant: CDU (Allemagne)
orientation: démocratie chrétienne

 

Fundación para el Análisis y los Estudios Sociales (FAES)
dirigeant: Partido Popular (Espagne) 
orientation: conservatisme

 

Cercle d'Outre-Manche
dirigeants: dirigeants français de groupes internationaux opérant au Royaume-Uni et en France

 

 

Autres (ne figurent pas dans la liste transmise mardi par l'UMP):

Droite Industrielle et Ouvrière
dirigeant: Bernard Carayon 

 

Cercle des Gaullistes Sociaux et Républicains
dirigeant: Roger Karoutchi
orientation: gaullisme

 

18 janvier 2011

Copé opacité

cadenas.jpg"J'entends ouvrir les portes et les fenêtres de l'UMP", a lancé Jean-François Copé en devenant secrétaire général de l'UMP.

Ce mardi, le président-fondateur de Génération France.fr installe ainsi un "conseil des clubs et think tanks" afin de "permettre à toutes les sensibilités de s'exprimer et aux gens de partager leurs réflexions sans pour cela adhérer à l'UMP".

Seul hic: non seulement cette réunion est à huis clos, mais en plus le service de presse de l'UMP refuse de communiquer la liste des clubs et laboratoires d'idées qui y participent.

Une bien curieuse façon d'ouvrir les portes et les fenêtres afin de permettre aux Français - et aux journalistes - de partager leurs réflexions...

 

[Ajout: appel d'un collaborateur de Jean-François Copé, qui m'a immédiatement fait envoyer la liste des think tanks; par ailleurs, cette première réunion est qualifiée de "technique", d'où le huis clos]

10 janvier 2011

Jean-Pierre Rioux, les centristes et l'UDF

Ne parvenant pas à trouver le temps de boucler la liste précise de mes points de désaccord avec Jean-Pierre Rioux (Les centristes, de Mirabeau à Bayrou, Fayard), voici déjà ceux concernant l'UDF.

 

Jean-Pierre Rioux intitule un chapitre "le havre giscardien", qu'il commence par cette affirmation: "Sortis affaiblis et désemparés de la tourmente gaulliste, les centristes ont gagné un havre de grâce sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, de 1974 à 1981" (page 176). Afin de qualifier cette période qu'il estime positive pour le centre, l'historien va même jusqu'à parler des "jours heureux du giscardisme" (page 259).

Or, selon moi, le septennat giscardien a, bien au contraire, marqué l'éclipse du centre en France à travers le ralliement à la droite de l'ancien centre d'opposition, qui, en devenant une partie de la droite, n'est logiquement plus un centre. De fait, les élections législatives de 1978 sont les premières véritablement bipolarisées de la Ve République, avec une droite et une gauche hégémoniques et composées de deux partis de force relativement comparable (RPR et UDF à droite, PS et PCF à gauche): c'est le fameux "quadrille bipolaire" de Maurice Duverger.

Le plus étrange, c'est qu'au fil des pages Jean-Pierre Rioux ...me donne raison et, donc, se contredit! Dès l'ouverture dudit chapitre, l'auteur indique en effet que "ce ralliement présentait néanmoins un risque majeur: lier le destin du centre à celui de Valéry Giscard d'Estaing et de sa majorité, et laisser s'installer le sentiment que le centre ne pouvait être qu'à droite dans une Ve République à vocation bipolaire et, pis, qu'il y était à sa juste place" (page 177). Plus loin, il écrit que la création de l'UDF "en hâtant la bipolarisation en «quadrille», a fait courir au centrisme le risque de l'évaporation par fusion" (page 192) ou encore que les centristes se sont trouvés "enchâssés à droite par leur participation à l'UDF" (page 208). "Réaffirmer une identité centriste et bientôt, peut-être, une relative autonomie des centristes après vingt-cinq années de ralliement à la droite giscardienne et vingt années de consentement à la confusion cohabitationniste et à la dilution au sein de l'UDF: tel a été le pari de François Bayrou dès 1999" (pages 219-220), conclut-il finalement.

Rien à redire à ces derniers extraits, à une divergence de vocabulaire près: en quoi des centristes ralliés à la droite peuvent-ils encore être qualifiés de centristes? Pour moi, en effet, on ne peut pas en même temps être au centre (c'est-à-dire ni à droite ni à gauche) et à droite (ou à gauche). Bref, comme aurait dit La Palice, le centre c'est le centre au centre, tandis que le centre à droite (ou à gauche), ce n'est plus le centre!

Afin d'être complètement honnête, je me dois tout de même de répondre au principal élément de fond avancé par Jean-Pierre Rioux pour justifier son jugement positif du septennat de Valéry Giscard d'Estaing pour le centre: le giscardisme "ce surgeon de la droite orléaniste et libérale, ce métissage de conservatisme, de modération et de modernité, ce vecteur d'un libéralisme orchestrant une société recomposée par le «changement sans le risque», a endossé le meilleur de la philosophie centriste du rassemblement et du juste milieu" (page 177); Valéry Giscard d'Estaing a "exposé en 1976 son désir d'exercer le pouvoir présidentiel et de faire évoluer la Ve République en s'inspirant, sans renier sa famille politique de droite, de l'expérience et des valeurs du centrisme de «bon gouvernement», hérité du temps de Guizot et de Ferry" (page 181).

Reprenons le raisonnement de l'auteur : 1) François Guizot et Jules Ferry incarnaient le centrisme de "bon gouvernement", "du rassemblement et du juste milieu" 2) VGE a repris dans Démocratie française cette philosophie 3) donc VGE s'est inspiré du centrisme.

Or, il me semble que l'historien oublie juste une chose: Guizot, Ferry et Giscard d'Estaing appartiennent à la même famille politique, la famille libérale. Il est donc logique qu'ils défendent le même libéralisme politique et le même parlementarisme face aux tenants d'un exécutif fort!

En réalité, jusqu'à la page 95 ce n'est effectivement pas une histoire du centre que nous livre Jean-Pierre Rioux mais une histoire de la famille libérale. Une famille dont les représentants n'ont pas toujours siégé au centre des assemblées parlementaires: Jules Ferry, par exemple, n'était absolument pas au centre mais à gauche (ses partisans étaient regroupés au sein du groupe de la Gauche républicaine). Mais je reviendrai sur cette critique, la plus importante il me semble, dans une prochaine note...

 

06 janvier 2011

Ces centristes qui ont fait l'Histoire

[N'ayant pas encore eu le temps de rédiger, en argumentant, ma liste précise de points de désaccords avec Jean-Pierre Rioux, je publie en attendant ma recension parue ce jeudi dans La Croix]

 

L'historien Jean-Pierre Rioux, proche de François Bayrou, dresse une galerie de portraits des centristes depuis la Révolution française

Face à la droite (René Rémond) et à la gauche (Jean Touchard, Jean-Jacques Becker et Gilles Candar), qui ont leurs historiens de référence, le centre fait un peu figure d'oublié. Une lacune que contribue à combler Jean-Pierre Rioux, directeur de la revue d'histoire Vingtième siècle (et collaborateur de La Croix), en publiant fort opportunément un ouvrage sur Les Centristes, de Mirabeau à Bayrou. Comme il le précise lui-même en introduction, il s'agit davantage d'un essai que d'une publication scientifique, l'auteur ayant visiblement coiffé dans son travail d'écriture autant sa casquette d'historien de renom que celle d'animateur de l'université populaire du MoDem.

Ponctuée par de nombreux portraits de figures connues ou oubliées, c'est une histoire du centre qui défile devant le lecteur. C'est toute l'originalité de l'œuvre de Jean-Pierre Rioux: avoir cherché le fil rouge qui, de la Révolution à nos jours, constitue, selon lui, l'identité centriste. Finalement, le centrisme serait surtout une attitude: la recherche du "juste milieu" et du "bon gouvernement" ou, reprenant la définition de Maurice Duverger, l'ambition de "donner la prédominance à la distinction des extrémistes et des modérés sur celle de la droite et de la gauche".

Cette définition du centre présente l'avantage de ne pas être avant tout idéologique (même si l'auteur cède parfois à cette tentation), évitant ainsi l'écueil du changement de place des courants de pensée sur l'échiquier politique, au gré des périodes historiques. Ce qui est particulièrement vrai en ce qui concerne les "trois eaux mêlées" qui constitueraient le centrisme: "la libérale, la radicale-socialisante et la démocrate-chrétienne". Leurs représentants n'ont en effet pas toujours siégé au centre des assemblées parlementaires, tandis, comme le rappelle l'historien, qu'elles "n'ont pas toujours conflué, loin de là".

Jean-Pierre Rioux ne confère toutefois pas le même débit à ces trois affluents, puisque "au bout du compte c'est la mouvance démocrate-chrétienne, issue de Marc Sangnier et du Sillon, bien inscrite dans l'héritage du christianisme social dès le temps de Léon XIII, qui est restée le courant le plus original, le plus incisif et le plus déterminant chez les centristes". C'est d'ailleurs "au nom de valeurs humanistes de la démocratie chrétienne que François Bayrou, enfant de ce sérail, a mené sa bataille au sein de l'UDF et qu'il poursuit son combat". Poussant jusqu'au bout cette idée, l'auteur avance que "tous les centristes, d'où qu'ils viennent, savent qu'un certain sens chrétien de l'homme et du monde a valorisé dans leur famille la quête du sens, le respect de l'autre, le souci moral et spirituel, en un mot l'envie de civiliser la politique".

Jean-Pierre Rioux souligne cependant deux ruptures conduites par François Bayrou. D'une part, il a "outrepassé son centrisme démocrate-chrétien pour renouer avec son non-conformisme personnaliste d'origine, appris chez Charles Péguy, Lanza del Vasto ou Jacques Ellul, pour devenir un candidat au ton plus populiste". D'autre part, il a adopté une "stratégie privilégiant l'élection présidentielle, à l'inverse de la culture politique de sa famille d'origine". Mais conformément à la Ve République gaullienne.

Laurent de Boissieu
La Croix, 06 janvier 2011

 

Les centristes, de Mirabeau à Bayrou de Jean-Pierre Rioux
Fayard, 314 p., 18,50 €

05 janvier 2011

Vœux d'Hervé Morin: que faut-il retenir sur le fond?

Le blogueur Authueil, assistant parlementaire d'un député UMP, a assisté aux vœux d'Hervé Morin, estimant que "sur le fond, ce fut plat". Ce dont je ne suis absolument pas d'accord.

J'ai en effet trouvé plusieurs éléments saillants dans le discours du président du Nouveau Centre. Notamment trois éléments, que ne manqueront certainement également pas de souligner ceux de mes confrères qui s'intéressent au débat d'idées.

 

1) Hervé Morin ne se contente pas de posséder une belle cuisine et de belles casseroles: il s'en sert et le prouvera en livrant à la ménagère de moins de cinquante ans, sur la chaine Cuisine TV, le 22 janvier, ses deux recettes de coquilles Saint-Jacques en entrée et de haddock au curry en plat, accompagnées d'un Puligny-Montrachet 2006.

 

2) Plus sérieusement, Hervé Morin a pris l'exact contre-pied du discours anticommunautariste de Jean-Louis Borloo à son "dîner de la République", le 9 décembre dernier. Voilà qui mérite grandement d'être souligné dans cette concurrence entre les deux hommes au centre droit (preuve supplémentaire qu'un positionnement sur l'échiquier politique ne dit rien sur les idées portées).

Hervé Morin: "Je crois profondément qu'il faut se rendre à l'évidence que notre pacte social reposant notamment sur notre creuset républicain assimilateur et intégrateur a vécu. Qu'il faut repenser notre pacte social avec une grille de lecture radicalement différente. Je pense qu'aujourd’hui chacun d'entre nous vit dans un certain nombre de tribus en fonction de ses racines, de son métier, de ses passions, de sa foi". Le président du Nouveau Centre appelle donc à "la reconnaissance du rôle des tribus comme facteur de cohésion sociale et de médiation" (à noter que pour faire passer cette pilule communautariste, Hervé Morin effectue dans son discours un amalgame avec les corps intermédiaires - le président du Nouveau Centre en appelle parallèlement au "respect de principes généraux et de valeurs, qui fondent la République et que la République fait respecter avec la plus grande intransigeance, sans aucune concession comme, par exemple, la laïcité, l'égalité entre les hommes et les femmes, le suffrage universel source de tout pouvoir, la promotion de solidarités collectives"; or, le communautarisme est précisément, par essence, aux antipodes de nombreuses valeurs républicaines: indivisibilité, laïcité, égalité des citoyens devant la loi).

Jean-Louis Borloo: "On nous vantait, il y a encore peu, le multiculturalisme à l'allemande. La chancelière a annoncé, il y a quelques semaines, la fin du Multikulti. La Belgique se cherche. Et nos amis Anglais s'inquiètent que la loi commune s'efface progressivement devant la loi particulière des communautés. Tous se posent la question du modèle d'intégration et de citoyenneté. Et si c'était notre vieux modèle républicain qui était, pour nous, l'avenir? Renan l'écrivait à sa façon: «Il faut parfois se résoudre à paraître démodé pour avoir raison de son temps.» (...) Oui, la République est une chose fragile. Le cours naturel du monde nous incline à l'individualisme, au repli sur nous-mêmes et sur nos communautés. Oubliez la République: vous aurez gagné des tribus, vous aurez perdu des citoyens! La République demande à chacun d'entre nous de se surpasser. Elle nous demande de mettre de côté nos origines, nos appartenances."

 

3) Sur les 35 heures, Hervé Morin a coupé l'herbe sous le pied des UMP Jean-François Copé, Hervé Novelli et Gérard Longuet en proposant fortement, le premier, un nouveau partage des compétences entre la loi et la négociation collective: aux représentants de la Nation la définition de "règles d'ordre public (durées maximales du travail, repos hebdomadaire...)"; aux partenaires sociaux la définition "des conditions et de la durée du travail". Objectif: en finir avec un "droit du travail général et absolu". Il s'agit là de l'une des principales revendications du Medef dans le cadre de sa "refondation sociale".

 

 

[Un problème sur Hautetfort ne permet momentanément pas de commenter les notes; ma réponse au commentaire d'Authueil n'ayant pas été publiée, la voici:

Non, rien ne me/nous permet - sauf à lui intenter un procès d'intention - d'écrire qu'il s'agit d'un positionnement idéologique tactique et non des convictions de fond d'Hervé Morin.
Sur le positionnement du libéral de centre-droit Hervé Morin, début de réponse ici:
http://www.ipolitique.fr/archive/2010/09/21/herve-morin-c...

Avec toutes mes excuses aux éventuels commentateurs!]