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03 octobre 2011

Borloo-out, Morin-in?

Deux questions autour de la non-candidature de Jean-Louis Borloo:

 

1) Quel candidat de l'Alliance à l'élection présidentielle?

Le Parti radical de Jean-Louis Borloo a cofondé l'Alliance républicaine, écologiste et sociale avec le Nouveau centre d'Hervé Morin et la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel. Jean-Louis Borloo ayant renoncé à une candidature à l'élection présidentielle, la logique voudrait qu'Hervé Morin soit le candidat de l'Alliance à l'élection présidentielle.

Le Nouveau centre, d'une part, "se prononcera dans les prochaines semaines, à l'occasion d'un congrès extraordinaire, sur sa stratégie et le choix de son candidat pour l'élection présidentielle". La candidature d'Hervé Morin ne fait toutefois aucun doute. Le président du Nouveau centre martèle en effet depuis longtemps qu'"il y a toujours eu deux droites en France" - "les bonapartistes et les orléanistes", "le RPR et l'UDF" puis "l'UMP et le Nouveau centre" - et que ces deux droites doivent avoir chacune un candidat au premier tour de l'élection présidentielle. L'idée d'une candidature d'Hervé Morin ne fait cependant pas l'unanimité au sein de son parti: "On ne change pas un avant-centre par un arrière-centre", a ainsi persiflé sur RTL Maurice Leroy, ministre de la ville.

Le Parti radical, d'autre part, se prononcera en vue de la présidentielle lors d'un prochain congrès "début 2012". La problématique est particulière pour le Parti radical, qui a rompu en mai dernier son contrat d'association avec l'UMP, en même temps qu'il adhérait à l'Alliance et demandait à Jean-Louis Borloo de se porter candidat à l'élection présidentielle. Concrètement, cela signifie que ses membres devront choisir au 1er janvier 2012 entre leur appartenance à l'UMP ou au Parti radical. Or, de nombreuses personnalités du parti ont déjà tranché en faveur du maintien au sein de l'UMP (Jean Leonetti, Edwige Antier, Françoise Hostalier, Sophie Joissains, Tokia Saïfi, etc.). La non-candidature de Jean-Louis Borloo renforce cette ligne... mais ceux qui la suivront ne pourront pas voter lors de ce congrès décisif!

 

2) Qui va bénéficier dans les sondages de ce "retrait"?

Politiquement, c'est Hervé Morin, dont la candidature se situe sur le même créneau que Jean-Louis Borloo (celui d'un "second choix" à Nicolas Sarkozy au sein de la droite), qui devrait bénéficier du "retrait" de Jean-Louis Borloo... ne serait-ce qu'en réapparaissant dans les sondages d'intentions de vote.

Électoralement, les choses sont toutefois plus complexes en raison de l'équation personnelle de chaque candidat.

Une enquête Sofres publiée cet été (1) permet ainsi d'avoir une idée des candidats vers lesquels pourraient se reporter les anciens électeurs de Jean-Louis Borloo:

- 45% des électeurs potentiels de Jean-Louis Borloo étaient aussi électeurs potentiels de François Hollande (et 37% de Martine Aubry)

- 41% des électeurs potentiels de Jean-Louis Borloo étaient aussi électeurs potentiels de Nicolas Sarkozy.

- 25% des électeurs potentiels de Jean-Louis Borloo étaient aussi électeurs potentiels d'Eva Joly.

- 23% des électeurs potentiels de Jean-Louis Borloo étaient aussi électeurs potentiels de François Bayrou.

La principale inconnue demeure toutefois Hervé Morin, qui, pour reprendre la place laissée vacante par Jean-Louis Borloo au centre-droit, devra avant tout combler son déficit de notoriété.

 

(1) réalisé les 6 et 7 juillet 2011 auprès d'un échantillon représentatif de 1.000 personnes

01 octobre 2011

Analyse du vote pour la présidence du Sénat

Premier tour:

  Sénateurs Potentiel Voix Différence
CRC 21 177
potentiel
Bel
179
Bel
+2
SOC + DVG 143
RDSE-gauche 13
RDSE-droite 1 32
potentiel
Létard
29
Létard
-3
UCR 31
UMP + DVD 132 139
potentiel
Larcher
134
Larcher
 -5
RASNAG 7
blancs et nuls      5  
abstention      1  
  348 348 348  

Jean-Pierre Bel (PS) élu à la majorité absolue avec deux voix de droite ou du centre.

 

Hypothèse: un "centriste" s'est abstenu et deux "centristes" (MoDem?) ont voté pour Bel et non pour Létard.

26 septembre 2011

Bilan des élections sénatoriales par parti politique

Dans l'attente de la formation des groupes parlementaires, bilan des élections sénatoriales par parti politique: (décomptes personnels)

 

Parti Sénat sortant Sénat entrant Différence
PCF 20 19 - 1
MUP 1 1 =
PCR 1 1 =
PG 2 0 - 2
PS 103 122 + 19
dvg-PS app. 3 3 =
GUSR 1 1 =
PPM 1 1 =
MPF (1) 0 1 + 1
RDM 1 0 - 1
WALWARI 1 1 =
TAVINI 1 1 =
EELV 4 10 + 6
dvg - 3 + 3
MRC 1 1 =
dvg-RDSE 1 1 =
PRG 11 11 =
LGM 2 1 - 1
dvd-RDSE 1 1 =
AD 1 0 - 1
MoDem 7 4 - 3
MDM 1 0 - 1
dvd-UC 3 2 - 1
AC 8 7 - 1
LNC 10 12 + 2
dvd-LNC app. 1 2 + 1
PRAD 6 7 + 1
UMP 131 123 - 8
dvd-UMP app. 9 5 - 4
LMD 1 1 =
dvd-RASNAG 5 3 - 2
MLM 1 1 =
TAHOERAA 1 1 =
MPF 1 1 =
vacants 2 - -
  343 348  

CRC-SPG
SOC
RDSE
UC
UMP
RASNAG

(1) Mouvement Populaire Franciscain (MPF)

25 septembre 2011

Non, le Sénat n'était pas à droite depuis 1958!

Connaître sur le bout des doigts l'histoire politique est la base pour un journaliste politique. Il semble pourtant que certains de mes confrères l'aient oublié: tous ceux qui répètent à l'envie que "le Sénat est à droite depuis 1958".

Rappel: de 1959 à 1968 le président du Sénat est à gauche. Il s'agit de Gaston Monnerville, membre du Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste (PRRRS). Ce parti a ensuite dérivé au centre puis à droite (d'où la scission des radicaux de gauche), mais il était sans conteste à gauche dans les années soixante, comme le prouve sa participation à la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (FGDS).

Pour autant, le Sénat n'est alors pas à droite, puisque jusqu'en 1974 il existe un centre d'opposition. Lorsque Alain Poher est élu président du Sénat, en 1968, il appartient ainsi à ce centre d'opposition (le Centre Démocrate) et non pas à la majorité gaulliste; Alain Poher sera d'ailleurs l'adversaire de Georges Pompidou au second tour de l'élection présidentielle de 1969.

Donc, pour la culture politique des Français, merci de ne plus ouvrir le JT de TF1 en disant des âneries...

 

(note écrite d'un trait ce dimanche, mais sujet déjà évoqué en septembre 2008: "Le Sénat est-il vraiment à droite depuis 1958?")

24 septembre 2011

Deux enjeux des élections sénatoriales

1. La gauche peut-elle devenir majoritaire au Sénat?

La gauche détient actuellement 152 fauteuils de sénateurs sur 343: compte tenu des cinq sièges supplémentaires, la gauche devra donc progresser d'au moins 23 élus pour atteindre la majorité absolue (175).

Président du groupe socialiste, Jean-Pierre Bel mise sur une progression de 17 à 30 sièges. Selon moi, plutôt autour de 20 élus (fourchette de 17-21 sièges), ce qui signifie que je ne pense pas que la gauche deviendra majoritaire, à quelques sénateurs près.

Si la gauche n'a jamais été majoritaire au Sénat sous la Ve République, la droite ne l'est véritablement que depuis le ralliement du centre d'opposition à la majorité giscardienne de 1974. Historiquement, le président du Sénat n'a donc pas toujours appartenu à la majorité gouvernementale: Gaston Monnerville (centre gauche radical), en 1959, puis Alain Poher (centre démocrate-chrétien), en 1968, n'étaient pas issus de la majorité gaulliste.

 

2. Les clivages droite-gauche et majorité-opposition vont-ils s'imposer au Sénat?

Contrairement à l'Assemblée nationale, au Sénat les groupes ne relèvent pas seulement d'une logique droite vs gauche, majorité vs opposition. Deux groupes allant du centre gauche au centre droit, l'Union Centriste (UC) et le Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE), comprennent en effet des élus de la majorité comme de l'opposition:

  Majorité Opposition
UC
RDSE

 

Or, au sein de la majorité de droite, la toute nouvelle Alliance Républicaine, Écologiste et Sociale (ARES) ambitionne de créer un groupe homogène de centre droit. Ce qui serait politiquement logique, mais ce qui ferait disparaître pour ses membres l'intérêt de siéger dans un groupe charnière, au positionnement ambigu mais nécessaire pour atteindre la majorité.

En cas de rapport de force droite-gauche serré, l'UC (et en son sein Jean Arthuis, président de la Commission des finances) et le RDSE (présidé par le radical de gauche Yvon Collin) devraient ainsi tenir le rôle de faiseur de roi dans l'élection du président de la Haute Assemblée (le 1er octobre). Avec d'éventuelles retombées pour ses membres en terme de responsabilités (présidence de commission, questure, vice-présidence du Sénat, etc.).

On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens...