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26 octobre 2013

Ci-gît le centre

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Un rapprochement durable de l'UDI et du MoDem portait par nature en germe un passage du MoDem à droite, puisqu'un passage de l'UDI au centre était inenvisageable (1). Une "maison commune" ne peut en effet pas avoir deux positionnements politiques différents, c'est-à-dire avoir des alliances électorales différentes. Soit on est au centre (et on s'allie avec personne ou avec tout le monde, aussi bien la droite de gouvernement que la gauche de gouvernement) soit on est à droite.

J'avais parié que l'heure de vérité pour le MoDem viendrait aux élections régionales de 2015. Selon l'adage de François Bayrou "à élections locales, majorités locales" et en raison du caractère territorialement dispersé des municipales, je pensais en effet que le MoDem pourrait encore rester un an de plus au centre.

Or, selon un article de mon confrère Abel Mestre du Monde, la charte UDI-MoDem a été finalisée cette semaine et contient l'interdiction d'alliances avec le PS. Des membres du MoDem pourront certes toujours être candidats à titre individuel sur des listes de gauche sans être sanctionnés, mais le MoDem en tant que tel ne soutiendra pas ces listes.

C'est donc la ligne "Sauvadet" qui a gagné à l'UDI. Cette ligne victorieuse consistait à conditionner la création d'une "maison commune" au passage du MoDem non seulement dans l'opposition mais aussi à droite, ce qui signifie concrètement de mettre fin dès les municipales de mars 2014 aux alliances locales avec la gauche. Parti centriste, le MoDem avait en effet conclu aux élections municipales de 2008 des alliances aussi bien avec l'UMP qu'avec le PS.

Il s'agit d'un revirement de la part de François Bayrou. Comme je l'avais alors expliqué, le MoDem aurait probablement connu une scission lors de son université de rentrée, il y a un mois, si son président n'avait pas promis aux militants qu'"il n'y aura aucun jeu d'alliance systématique". Bref, que le parti resterait au centre en continuant à pouvoir s'allier aussi bien avec la droite (UMP, UDI) qu'avec la gauche (PS, PRG, EELV), ou bien entendu former des listes centristes indépendantes.

Les adhérents du MoDem qui souhaitaient s'allier aux municipales avec le PS - or, j'en ai rencontré beaucoup lors de cette université de rentrée - se trouvent donc au pied du mur. Quitter leur parti (mais pour aller où?). Ou être de simples individus ralliés à des listes de gauche, clandestinement membres du MoDem.

Reste que pour lui-même le pari de François Bayrou n'est pas forcément perdu pour autant: troquer l'"aile gauche" du MoDem contre l'UDI en espérant prendre - en vue de l'élection présidentielle de 2017, quoi qu'il en dise - le leadership sur la nouvelle confédération de droite modérée. Bref, retour à la case UDF.

 

(1) Pour deux raisons qui tiennent aux deux principales composantes de l'UDI. D'une part, le Nouveau Centre a été créé par les ex-UDF qui sont restés à droite en 2007, c'est-à-dire ceux qui ont justement refusé de suivre François Bayrou dans son passage au centre. D'autre part, lorsque le Parti Radical a quitté l'UMP, en 2011, son président Jean-Louis Borloo a averti qu'il ne s'agissait pas d'un changement d'alliance; de fait, plusieurs élus radicaux jouent encore localement l’ambiguïté sur leur appartenance à l'UMP.

24 octobre 2013

Droit du sol: lepénisation de l'UMP ...ou républicanisation du FN?

Quelques réflexions sur le débat autour du droit du sol.

Il convient selon moi de distinguer:

- Les partisans d'un droit du sol "passif", celui actuellement en vigueur (en sus du droit du sang). Tout enfant né en France de parents étrangers acquiert, de plein droit et de façon automatique, la nationalité française à ses 18 ans (s'il respecte certaines conditions liées à la durée de sa résidence en France).

- Les partisans d'un droit du sol "actif", tel qu'il fut appliqué entre 1993 et 1998. Tout enfant né en France de parents étrangers acquiert, de plein droit et s'il en manifeste la volonté, la nationalité française à ses 18 ans (s'il respecte certaines conditions liées à la durée de sa résidence en France). Il s'agit depuis longtemps de la position de la droite.

- Les partisans du droit sol (qu'il soit "passif" ou "actif"), à l'exception des enfants nés de parents étrangers en situation illégale sur le territoire français. Cette idée fait l'objet de la récente pétition lancée par Jean-François Copé en tant que président de l'UMP: "Je pense qu'une personne entrée illégalement en France n'a pas vocation à y rester. La question du droit du sol pour les enfants de clandestins doit à cet égard être posée. Il ne s'agit bien sûr pas de supprimer le droit du sol, mais de l'interdire pour ceux qui ne respectent pas la loi. La nationalité ne doit pas récompenser l'illégalité".
Il est donc malhonnête de faire croire que l'UMP proposerait de supprimer le droit du sol alors qu'elle propose uniquement de le conditionner à une présence légale sur le territoire français.

- Les opposants au droit du sol. Telle est depuis longtemps la position du FN, le projet de Marine Le Pen proposant la "suppression du droit du sol". Cette position est contraire à la tradition républicaine française depuis la Deuxième République (reprenant là la tradition monarchique).
À noter d'ailleurs que l'ex-chevènementiste Florian Philippot, vice-président du FN, semble vouloir infléchir ce qui constitue pourtant un des fondamentaux du lepénisme: "Il convient ainsi de mettre fin à l'attribution automatique de la nationalité pour les enfants nés de parents étrangers" (communiqué). Or, mettre fin au droit du sol automatique, ce n'est pas ou plus le supprimer purement et simplement. En étant provocateur, on pourrait donc moins parler de "lepénisation de l'UMP" que d'amorce, sur ce point précis, de républicanisation d'une partie du FN. Un militant politique anti-FN le regrettera, mais le citoyen non partisan que je suis ne peut que s'en féliciter.

 

[Ajout 26/10/2013. Entretien intéressant sur le sujet avec la juriste Marie-Laure Basilien-Gainche: "Le projet de l’UMP est très flou"]

16 septembre 2013

FN: François Fillon ravive les divisions à droite

Alors que le FN tenait son université d'été à Marseille, l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy a relancé la question des relations entre la droite et l’extrême droite

http://www.la-croix.com/Actualite/France/Francois-Fillon-...

30 août 2013

Élections européennes: l'UDI et le MoDem se rapprochent

Alors que son congrès fondateur n'a toujours pas été organisé, les dirigeants de l'UDI se divisent déjà sur la stratégie à adopter aux prochaines élections européennes, dans le contexte d'un rapprochement avec le MoDem.

Listes UDI autonomes, listes UDI-MoDem voire listes UMP-UDI: les dirigeants de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), lancée l'année dernière par Jean-Louis Borloo, s'opposent en cette rentrée politique sur la stratégie à adopter aux élections européennes de mai 2014.

Deux logiques s'affrontent : l'une se rattache à l'idée d’une vie politique européenne autonome; l'autre se conforme aux clivages de la vie politique française.

Lire la suite sur La-Croix.com

 

 

Commentaire

Un rapprochement de l'UDI et du MoDem dans la perspective des élections européennes serait parfaitement cohérent au regard de cette seule échéance. C'est même peut-être l'unique moyen pour ces deux partis fédéralistes d'obtenir des élus, l'un et l'autre se disputant le même électorat et risquant donc en cas de concurrence de se neutraliser mutuellement.

Ce rapprochement ne peut en revanche pas se prolonger au-delà, sauf bien entendu à ce que l'un des deux partenaires change de positionnement politique:

- Soit l'UDI quitte la droite pour aller au centre, c'est-à-dire pour devenir comme le MoDem un parti à équidistance de la droite (UMP) et de la gauche (PS). Dans cette hypothèse, il est bien évident que la majorité des élus UDI voudrait rester à droite, aux côtés de l'UMP, et romprait alors avec Jean-Louis Borloo. Bref, l'UDI connaîtrait exactement la même scission que l'UDF-MoDem en 2007!

- Soit le MoDem quitte le centre pour aller à droite, c'est-à-dire pour devenir comme l'UDI un parti allié de l'UMP. Dans cette hypothèse, il est bien évident que la majorité des militants et la poignée d'élus MoDem qui ne viennent pas de la droite, c'est-à-dire de l'UDF, rompraient alors avec François Bayrou.

Cette deuxième hypothèse est la moins improbable. François Bayrou pourrait en effet être tenté par un retour à droite en jouant tactiquement le jeu du nouveau pôle militant autour de Jean-Louis Borloo, mais en misant sur une (nouvelle) non-candidature de ce dernier à l'élection présidentielle de 2017, ce qui lui permettrait au final d'emporter la mise. Un pari qu'opère sans doute déjà Hervé Morin.

 

 

 

13 décembre 2012

Fracture au sein de l'UMP: Patrick Buisson a raison

Patrick Buisson a provoqué une polémique en déclarant, mardi 11 décembre, sur Europe 1, que "la fracture n’est pas entre François Fillon et Jean-François Copé; la vraie fracture est entre la base et sa représentation parlementaire."

Je serais bien mal placé pour dire qu'il a tort, puisque c'est exactement ce que j'ai analysé, utilisant même dès le 20 novembre la notion de "fracture politique entre l'UMP d'en haut et l'UMP d'en bas".

Rappel de mes décryptages.

(N.B.: merci d'éviter les commentaires hors sujet du style "l'UMP est un rassemblement de sensibilités diverses"; certes, mais ce que je démontre c'est le décalage entre parlementaires et militants dans leur préférence entre ces sensibilités)

 

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Des militants UMP beaucoup plus à droite que leurs parlementaires

(note du 20 novembre 2012)

 

La comparaison entre le parrainage des motions par les parlementaires d'une part, et le vote des adhérents sur ces mêmes motions d'autre part, révèle une véritable fracture politique entre l'UMP d'en haut et l'UMP d'en bas.

Motions UMP Copé Fillon

La motion positionnée la plus à gauche du parti, "France Moderne et Humaniste" (Jean-Pierre Raffarin, Luc Chatel, Jean Leonetti), a reçu le parrainage de 39% des parlementaires ayant parrainé mais le vote de 18% des adhérents ayant voté.

À l'autre extrême, les deux motions les plus à droite ("La Droite populaire" de Thierry Mariani et "La Droite forte" de Guillaume Peltier) ont totalisé seulement 15% des parrainages de parlementaires contre 39% du vote des adhérents.

Bref, il existe un décalage idéologique entre les grands élus et la base de l'UMP, nettement plus à droite.

 

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Cartes du vote sur les motions UMP

(extrait de ma note du 22 novembre 2012)

 

Le vote sur les six motions de l'UMP, dont cinq d'entre elles ayant dépassé 10% des suffrages exprimés ont immédiatement été reconnues comme courants internes, a malheureusement été éclipsé par la prolongation du duel Copé - Fillon.

Ce scrutin permet pourtant bien plus que l'élection du président de mesurer l'orientation plus ou moins à droite des adhérents de l'UMP. Je m'explique:

  • Les deux candidats ont reçu des soutiens de toutes les motions. Jean-François Copé a même reçu davantage de soutiens que François Fillon au sein de la motion la plus à gauche, France Moderne et Humaniste (43% des signataires contre 30%). Symétriquement, 35% des signataires de la motion la plus à droite, La Droite Forte, ont soutenu François Fillon (47% Jean-François Copé). Cf. mon infographie exclusive.

UMP-2012-CopeFillon-motions.gif

  • François Fillon s'est démarqué de Jean-François Copé bien plus sur le style et la stratégie que sur le fond des propositions. C'est même sans doute l'ancien premier ministre qui a avancé durant la campagne la proposition, certes passé inaperçue, la plus à droite: "réserver l'accès aux prestations sociales aux étrangers ayant séjourné régulièrement sur le territoire pendant plus d'un an", c'est-à-dire appliquer pendant un an la préférence nationale chère au FN.

 

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 Quelques infographies complémentaires:

UMP Copé Fillon

 

Motion en tête

 

Copé Fillon candidat en tête par département