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18 mars 2008

MoDem : François Bayrou contesté après l'échec aux municipales

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La situation aurait difficilement pu être plus mauvaise pour le Mouvement démocrate au lendemain des élections municipales. Non seulement le parti centriste n'est globalement pas parvenu à se rendre incontournable pour le second tour, mais François Bayrou a aussi été battu de 342 voix à Pau. Sa victoire aurait permis de faire oublier l'échec global. Avec sa défaite, le roi est nu. L'ancien candidat à l'élection présidentielle a été piégé par la droite à Pau. Refuser la main tendue entre les deux tours par l'UMP, c'était risquer la défaite aux municipales. L'accepter, c'était remettre en cause la stratégie présidentielle centriste, à équidistance de la droite et de la gauche, patiemment construite depuis 2002.

Dans ce contexte, la majorité a aussitôt lancé une offensive au centre en pronostiquant la "disparition" politique du président du MoDem. "Le fait que François Bayrou sorte d'une certaine manière du jeu politique aujourd'hui nous donne une responsabilité nouvelle, a argumenté Jean-Pierre Raffarin sur LCI. Nous devons parler à l'électorat centriste". Auréolé de ses prises d'Agen (Jean Dionis) et de Châtellerault (Jean-Pierre Abelin), et en dépit de sa perte de Blois (Nicolas Perruchot), le Nouveau centre d'Hervé Morin a, de son côté, lancé hier un appel aux "déçus de la démarche du MoDem".

François Bayrou, lui, a préféré voir plus que jamais dans les résultats des municipales la nécessité d'un "centre fort". De fait, un seul scrutin permet de recomposer le paysage politique français : l'élection présidentielle au suffrage universel direct. Tout le problème pour François Bayrou est, tant qu'il n'est pas élu à la présidence de la République, d'exister entre deux présidentielles. Or les modes de scrutin à deux tours aux élections municipales, cantonales, régionales et législatives favorisent l'affrontement bloc contre bloc et lamine les tiers partis (bipolarisation). D'ici à la prochaine présidentielle, en 2012, le MoDem devra donc encore subir l'épreuve des élections régionales de 2010. Seule respiration pour le centre : les élections européennes de 2009, à la proportionnelle avec huit grandes circonscriptions interrégionales.

En attendant, François Bayrou devra s'efforcer de garder la cohésion d'ensemble d'un parti dont les nouveaux élus participent désormais dans les conseils municipaux à des alliances à géométrie variable. Dès dimanche soir, le parlementaire européen Thierry Cornillet a ainsi annoncé la création au sein du MoDem d'un "courant résolument de centre droit" et proposant un "partenariat" avec la majorité présidentielle. Un positionnement qui correspond à celui de la majorité des grands élus issus de l'UDF. "Je n'imagine pas rester au sein du MoDem", a même averti, hier, l'ancien ministre Jean Arthuis en demandant une "réunion d'urgence" des instances dirigeantes du MoDem et de l'UDF, qu'il entend "faire revivre". Le 30 novembre dernier, l'UDF avait, en effet, décidé de devenir "membre fondateur du Mouvement démocrate" tout en conservant une existence juridique. Un bureau de vingt-sept membres, où siègent notamment Thierry Cornillet et Jean Arthuis, a alors été nommé afin de garantir "les intérêts juridiques, matériels, moraux, les idées et les valeurs de l'UDF".

Pour mémoire, tous les maires MoDem réélus ou élus dans les villes de plus de 30 000 habitants avaient reçu dès le premier tour l'investiture de l'UMP : Hervé Chevreau à Épinay-sur-Seine, Bruno Joncour à Saint-Brieuc, Alain Cazabonne à Talence, Jean-Marie Vanlerenberghe à Arras, Michel Laugier à Montigny-le-Bretonneux, Didier Borotra à Biarritz et Geneviève Darrieussecq à Mont-de-Marsan. Au total, le MoDem conserve six villes de plus de 30 000 habitants (Épinay-sur-Seine, Saint-Brieuc, Talence,  Arras, Montigny-le-Bretonneux, Biarritz), en perd trois (Mamoudzou, Noisy-le-Sec, Anglet) et en gagne une (Mont-de-Marsan). Reste le cas particulier de Mende, où le maire sortant MoDem, Jean-Jacques Delmas, ne se représentait pas et soutenait la liste PS, qui l'a emporté.

Enfin, rares sont les municipalités où son appoint pour le second tour a été décisif. Bien qu'allié entre les deux tours au MoDem, la droite a perdu à Toulouse, Colombes et Vandoeuvre-lès-Nancy, de même que la gauche à Melun et dans le troisième secteur de Marseille. Il n'y a en définitive qu'à Poissy et dans le 1er secteur de Marseille que la gauche semble l'avoir emporté en raison de sa fusion avec le centre. Dans la capitale, Bertrand Delanoë n'a, en revanche, même pas eu besoin de faire appel au MoDem, qui ne conserve qu'un seul conseiller de Paris, Marielle de Sarnez. Contre huit pour le Nouveau centre allié à l'UMP.

 

Laurent de Boissieu

© La Croix, 18/03/2008

16 mars 2008

Bla bla bla

Résumé de la soirée électorale :

- la gauche : "Les Français ont dit non à la politique de droite, et le gouvernement doit en tenir compte en réorientant sa politique".

- la droite : "Les Français nous disent d'aller plus vite et plus loin dans les réformes, et nous allons tenir compte de ce message".

Sans commentaire.

07 mars 2008

UMP : ne pas perdre de très grande ville

Les enjeux du scrutin, parti par parti

8/8 : L'Union pour un Mouvement Populaire (UMP)

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Les élections intermédiaires sont rarement favorables à la majorité en place. L'UMP en a déjà fait les frais en 2004, lors des élections cantonales et régionales. Ce qui ne l'a pas empêché, trois ans plus tard, de remporter l'élection présidentielle. Inquiet par la baisse de la cote de popularité de Nicolas Sarkozy dans les sondages, mais rassuré par la hausse de celle de François Fillon, l'UMP espère avant tout ne pas perdre de villes de plus de 200 000 habitants. À Marseille (Jean-Claude Gaudin), Toulouse (Jean-Luc Moudenc, ex-UDF apparenté UMP) et Strasbourg (Fabienne Keller), le maire sortant est menacé. Or c'est à l'aune de la conservation ou de la perte de ces villes que sera jaugée la réussite ou l'échec de l'UMP aux municipales. En 2001, où la droite avait pourtant conquis de nombreuses villes (Strasbourg, Nîmes, Aix-en-Provence, Orléans, Rouen, …), la défaite à Paris et à Lyon avait, en effet, laissé un goût amer d'échec. En contrepartie, peu de villes de plus de 50 000 habitants pourraient a priori basculer à droite : Angers (en alliance avec le MoDem), Tourcoing (avec en toile de fond la majorité au sein de la communauté urbaine de Lille), Belfort (où la gauche est divisée), etc.

Reste pour la majorité une inconnue, ou plutôt, une crainte : l'attitude du MoDem de François Bayrou, et de ses électeurs, entre les deux tours. Enfin, l'UMP espère reprendre après les élections cantonales la présidence de l'Assemblée des Départements de France, perdue en 2004. La droite (y compris quatre MoDem qui dirigent leur département avec l'UMP) compte en effet 49 présidences sortantes de conseil général, contre 51 pour la gauche.

Les personnalités d'ouverture : survivre au changement d'étiquette politique

Les enjeux du scrutin, parti par parti

5/8 : Les personnalités d'ouverture

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Ces derniers mois, Jean-Marie Bockel, fondateur de la Gauche moderne, et Éric Besson, fondateur des Progressistes, étaient en concurrence pour incarner l'ouverture de Nicolas Sarkozy vers la gauche. Les élections municipales ont clarifié la situation : c'est le parti de Jean-Marie Bockel qui s'est imposé comme point de ralliement des candidats de gauche qui franchissent le Rubicon. Éric Besson n'écarte d'ailleurs pas, après les élections, une fusion des deux mouvements. Dans les villes de plus de 30 000 habitants, les têtes de listes issues de l'ouverture se comptent toutefois sur les doigts d'une main et sont presque toutes maires sortants : Jean-Marie Bockel (maire sortant, ex-PS) à Mulhouse (Haut-Rhin), Yves Urieta (maire sortant, ex-PS) à Pau (Pyrénées-Atlantiques), Daniel Marsin (maire sortant, ex-GUSR) aux Abymes (Guadeloupe), Roger Didier (maire sortant, ex-PRG) à Gap (Hautes-Alpes) et Jean-Marie Kutner (ex-divers gauche) à Schiltigheim (Bas-Rhin), où le maire sortant ne se représente pas. Sans oublier Éric Besson (ex-PS) à Donzère (Drôme), commune d'un peu moins de 5 000 habitants. Progressivement, après le ralliement de deux sénateurs des DOM (Daniel Marsin et Georges Othily), la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel se structure. Comme pour le MoDem ou le Nouveau centre, les élections locales en constituent une étape obligée.

06 mars 2008

Nouveau Centre : obtenir un maillage d'élus locaux

Les enjeux du scrutin, parti par parti

4/8 : Le Nouveau Centre

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Après le cafouillage des élections législatives de 2007, qui a fermé au Nouveau centre l'accès en son nom propre au financement public des partis politiques, ce scrutin constitue le véritable baptême de feu électoral pour la formation créée par les ex-UDF ralliés à la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy. À l'exception de Jean-Luc Rigaut à Annecy (Haute-Savoie), les maires Nouveau centre sortants sont, logiquement, tous soutenus par l'UMP (Drancy, Issy-les-Moulineaux, Blois, Vincennes, Meudon, Montrouge, Rosny-sous-Bois). L'un d'entre eux, le député Nicolas Perruchot à Blois (Loir-et-Cher), qui avait battu de justesse la gauche en 2001, est toutefois particulièrement menacé, surtout en cas d'alliance pour le second tour entre le MoDem et le PS. À l'inverse, dans un contexte national difficile pour la majorité, le Nouveau centre créerait la surprise en emportant, avec le soutien de l'UMP, la mairie d'Agen (Lot-et-Garonne).

Mais les ambitions du parti sont ailleurs. Il s'agit avant tout de profiter de ce rendez-vous électoral pour constituer un maillage d'élus locaux suffisamment crédible pour s'imposer comme le successeur de l'UDF au centre droit. Et ainsi attirer, après les élections, les nombreux ex-UDF qui ne se retrouvent pas dans la stratégie du MoDem de François Bayrou mais qui n'ont pas pour autant rejoint le parti dirigé par Hervé Morin, André Santini et François Sauvadet. Sur les sept maires UDF de villes de plus de 50 000 habitants n'ayant pas rallié l'UMP en 2002, un seul se représente sous la bannière du MoDem (à Épinay-sur-Seine), trois sous celle du Nouveau centre (à Drancy, Issy-les-Moulineaux et Annecy) et trois sont sans étiquette partisane (Toulouse, Amiens et Rouen). Enfin, ces élections ont une grande importance pour le Nouveau centre, s'il entend profiter des élections sénatoriales de septembre prochain pour récupérer à son profit le groupe parlementaire Union centriste-UDF, où les uns et les autres cohabitent toujours.